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Ibrahima Diagne, coordonnateur de l'UCG: "Il suffit d'aller à Mbeubeuss pour comprendre que c'est une vraie bombe écologique"


Mardi 15 Décembre 2015

Le Coordonnateur de l’Unité de coordination de la gestion des déchets parle. Ibrahima Diagne explique, dans l’entretien qu’il nous a accordé, le sens de la mission qui a été assignée à la structure qui a pris le relais de l’Entente Cadak Car. Non sans alerter sur la situation de la décharge de Mbeubeuss qui, selon lui, est devenue «une vraie bombe écologique


Ibrahima Diagne, coordonnateur de l'UCG: "Il suffit d'aller à Mbeubeuss pour comprendre que c'est une vraie bombe écologique"

Vous êtes le Coordonnateur de l’Unité de coordination de la gestion des déchets (Ucg) qui prend le relais de l’Entente Cadak Car. Quelle est la mission qui vous a été assignée ?

Nous, nous sommes une institution de mission. L’Unité de coordination est une structure qui a été créée par l’Etat du Sénégal, rattachée au niveau du ministère de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire. Sa mission est d’accompagner les collectivités locales dans la prise en charge de la question de salubrité. C’est une mission publique qui nous a été confiée. Donc, nous, on mesure l’enjeu de la mission et la nécessité de répondre aux orientations et des autorités. Nous sommes obligés de faire des résultats, c’est à nous d’être à la hauteur. On nous a confié le programme de gestion des déchets de la région de Dakar, mais pas la compétence. Parce qu’il y a un programme qui a été mis en place depuis 2001 et qui est financé par l’Etat du Sénégal en appui aux collectivités locales de la région de Dakar. Aujourd’hui, nous nous sommes attelés à prendre les choses en main. Nous avons commencé à faire l’état des lieux, comprendre la tâche qui nous a été assignée.
Et à l’issue de cet état des lieux, nous allons donner des orientations à court, moyen et long terme. A court terme, il fallait s’attaquer aux urgences. Nous avions constaté qu’à Dakar, il y avait un déficit de balayage, un déficit d’éclairage, et une prolifération de dépôts sauvages. Il fallait s’attaquer à ces urgences. Nous connaissons l’impact des déchets par rapport à la santé des populations. C’est pour cela que nous avons mis en place un programme d’urgence de propreté. Il fallait, quand même, prendre en charge les priorités, mais dans une approche propreté. La propreté va au-delà de la sur collecte des déchets. Parce qu’habituellement, on se souciait plus de la collecte des déchets. Nous avons voulu avoir une approche plus globale qui prend en charge la propreté urbaine, c'est-à-dire prendre en charge les aspects de collecte et de transport des déchets, prendre en charge l’espace de vie, que les artères soient bien balayées et bien entretenues.

C’est un programme très ambitieux… 

Actuellement au niveau de la mairie de Dakar, nous avons identifié les besoins de prise en charge des artères. Après un mois, nous avons déjà traité à peu près 191 km de voiries. Et il reste environ 86 km. Au total, c’est environ 270 km de voiries qu’il fallait traiter. Aujourd’hui, vous pouvez le constater, quand vous allez au niveau du Plateau, il y a eu des équipes de nuit qui ont travaillé. Elles ont désensablé et désherbé. Le même travail a été effectué au niveau de la Médina, et sur la Corniche.
Nous avons fini le travail sur l’autoroute. Les travaux ont démarré sur la Vdn et sur la route de l’aéroport. Aujourd’hui, nous avons totalement traité plus de 30 ronds-points. Ce qui fait qu’au niveau de Dakar, le programme de propreté urbaine est en train d’être mis en oeuvre. Et c’est vers la fin de l’année qu’on pourra offrir aux Dakarois un cadre de vie qui leur permettra de passer les fêtes de fin d’année dans un cadre de vie agréable. Dakar est une plateforme qui accueille beaucoup de conférences de dimension internationale. C’est ce qui fait que notre motivation est de faire en sorte que Dakar ait une image plus reluisante. A court terme, nous voulons, dans les six prochains mois, donner une très belle image de Dakar. Dans la deuxième phase, nous avons les objectifs à moyen terme. Nous voulons lancer des activités de pérennisation. Parce qu’il faut nettoyer et prendre des dispositions pour pérenniser les acquis.

En quoi vont consister ces activités ?

Nous voulons, sur la base de concours de responsabilité des populations. Concours des quartiers les plus propres, concours des personnes qui s’impliquent le mieux dans la propreté, concours du marché le plus propre, concours de l’école la plus propre. Ce qui permettra aux populations de se sentir responsables afin de s’impliquer dans la gestion de la propreté de leur cadre de vie. Nous sommes en train de travailler sur les règlements des concours, pour que, dans les prochains mois, on puisse lancer lesdits concours. Et nous, pendant cette période, nous allons optimiser davantage le système de collecte des déchets. Aujourd’hui, nous avons déjà cartographié plus de 230 sites de collecte et plus 400 km de routes à balayer. ça va permettre à la population d’avoir les informations nécessaires relatives aux passages des camions et leurs horaires. Ça va permettre également d’organiser davantage le système. En dernier lieu, nous allons sur une planification, vers la mise en place d’un plan directeur de l’organisation des déchets, c’est-à-dire après avoir collecté les déchets, qu’est-ce qu’on en fera ? Nous voulons valoriser cette collecte de déchets, pour produire des énergies. Globalement, ce sont des pistes de travail que nous avons pour Dakar. 

Vous avez, tantôt, parler d’état des lieux. Qu’avez-vous déjà trouvé ?

Nous avons trouvé en place une problématique très complexe et très diverse. Aujourd’hui, nous avons plusieurs maillons qui devraient s’interagir. Il y a, quand même, des besoins de meilleure synergie.
Aujourd’hui, il est difficile de dissocier les déchets de l’encombrement. Le comportement des populations est également problématique. Après le passage des camions, on voit les gens sortir de manière spontanée des déchets. Nous cherchons à avoir une solution intégrée face à ce problème. Une solution qui va surtout reposer sur des mesures d’accompagnement fortes. Nous sommes en train de faire un bilan des compétences. Nous sommes en train de faire du social et un bilan médical. Ce que nous voulons faire ne sera possible que si les techniciens de surface sont bien impliqués, bien conscients de leurs responsabilités. Et que les populations, dans leur diversité, puissent nous accompagner. Nous allons dérouler un plan de communication, de mobilisation et de marketing social, sensibiliser les populations en passant par les autorités religieuses. Pour qu’il y ait une conscience collective. La mission de l’Ucg n’est pas de gérer les déchets, mais d’être l’animateur du dispositif qui prend en charge tous les acteurs. C’est une démarche participative et inclusive. La gestion des déchets est une affaire de terrain. Il faut être sur le terrain, avec les acteurs, pour en savoir quelque chose. 

Au lendemain de la dissolution de l’Entente Cadak Car, les techniciens de surface avaient fait état de leur préoccupation par rapport à la préservation de leurs acquis. Vous en êtes où avec eux 

Présentement, je pense qu’ils sont rassurés. Tout récemment, nous avons fait un Comité régional de développement. Et je pense que c’est la deuxième fois qu’on le fait à Dakar, autour de la gestion des déchets. C’est important. C’est un cadre formel qui est convoqué par le gouverneur de la région avec le ministre de tutelle. Les travailleurs étaient là-bas, et ils ont exprimé leurs préoccupations. Actuellement, nous sommes en corrélation avec les 6 syndicats. Nous travaillons avec eux. Ils sont au courant de tout ce que nous faisons. Nous sommes en train de faire le bilan des compétences. Je ne vais pas être là à faire des promesses que je ne pourrai guère exécuter. Aujourd’hui, si je vous dis que je vais vous offrir un plan de carrière, ce sera sur la base d’un bilan de compétences. Nous sommes en train de faire le bilan des compétences, pour savoir ce que chacun fait et peut faire. Sur la base de cela, nous allons proposer un plan de carrière à l’ensemble des travailleurs. Maintenant, nous avons payé très tôt les salaires des deux derniers mois, de même que les arriérés de cotisations sociales. Et comme je l’ai déjà dit, nous sommes en train de faire un bilan médical. A l’issue de cela, nous ferons des campagnes de vaccination pour le personnel. Nous avons déjà commandé du petit matériel et des tenues de travail, dans le but de mettre les travailleurs dans les meilleures conditions. En fait, nous voulons travailler de manière professionnalisée, et pour y arriver, il nous faudra une bonne organisation. Nous voulons qu’à la fin de chaque semaine, il y ait des réunions techniques, où les techniciens vont participer. Nous avons fait des modèles de procès-verbal de réunions, les outils de réponse. Ce qui permettra au personnel d’étaler ce qu’il a fait en une seule journée, mais également de comprendre le mouvement des camions. Et nous allons tenir en compte le rôle et la responsabilité des chefs de départements qui vont avoir la faculté d’organiser des réunions de travail, qui vont rendre compte à l’autorité, qui vont gérer tout ce qui est sous leur responsabilité avec des outils bien structurés.

Avez-vous déjà choisi les concessionnaires ?

On travaille avec les concessionnaires que nous avons trouvés sur place. Nous avons trouvé une situation, où il y avait, quand même, quelques soucis. Il y avait des concessionnaires qui, à un moment donné, n’étaient plus dans le dispositif. Et ce que nous avons fait, c’est que nous avons tous les concessionnaires à leur place. A un moment donné, il y avait une cacophonie au sein du groupe. Nous avons procédé à la passation de services le vendredi 06 novembre. Ce qui nous amené à sortir le schéma d’organisation le lundi qui a suivi et qui affectait chaque concessionnaire dans une zone bien précise. Aujourd’hui, chaque concessionnaire a sa zone d’intervention. Chacun sait où il doit travailler. Jusqu’à maintenant, les choses se passent bien. Nous sommes en train d’améliorer ça, mais aujourd’hui, pour nous, le pilier repose sur la démarche participative. Comme je vous l’ai dit, tantôt, il y a 6 syndicats, et Dieu merci, nous sommes en phase avec eux. Nous avons fait une réunion avec les syndicats, l’encadrement, les chefs de départements, les inspecteurs et les concessionnaires.
On s’est réuni et on a défini le cadre de travail avec les concessionnaires. Nous sommes tombés d’accord. Maintenant, comme je vous l’ai dit, nous sommes sur l’état des lieux. Nous avons cartographié les circuits existants, et on est en train de les évaluer. Parce qu’aujourd’hui, le taux de couverture est variable d’une zone à une autre. Il y a des zones, où le taux de couverture est à 50 %, c’est-à dire il y a 50% de ménages qui sont correctement pris en charge. Ce qui veut dire que c’est sur la base de la cartographie, que nous allons faire des projections. C’est sur cette la base-là, avec le cahier de charges, que nous allons élaborer. Maintenant on va exiger aux concessionnaires la prise en charge. Déjà que nous engageons un audit du parc. Nous voulons que les camions qui sont utilisés soient aussi de qualité dans l’optique d’éviter les déchets qui tombent au moment, où le camion est en train de parcourir. Nous sommes en train de recruter des spécialistes en la matière qui vont démarrer, la semaine prochaine, l’audit du parc des concessionnaires. Et les camions qui ne seront pas aptes, seront sortis du service. Et sur ce point, on sera intransigeants. Nous voulons un service de qualité, et on va y aller de manière prudente.

Quels sont les principaux écueils auxquels vous êtes confronté dans l’exercice de votre mission ?

On n’a pas encore terminé l’état des lieux. Mais, il faut reconnaître que nous connaissons le système. Le vendredi 06 novembre, on a fait la passation de service. Le dimanche, nous avons travaillé sur le fichier du personnel qui regroupe 1540 personnes. Et le mardi, nous avons commencé à payer les salaires. Et nous avons adressé 4 lettres aux concessionnaires qui structurent notre façon de travailler. Et enfin, le mercredi 11, nous avons lancé le programme d’urgence de propreté à la place de l’Indépendance, où il y a eu plus de 180 km de voieries qui ont été traitées. Ce qui signifie que nous maîtrisons ce que nous faisons. Il y a, certes, des difficultés, mais nous apprenons à les dépasser. Et nous, dans tout ça, nous visons à faire évoluer les comportements. Car il y a des artères, où on collecte, et 5 minutes après, tu passes, et tu retrouves encore des déchets. Surtout la chose sur laquelle on veut miser pour optimiser le système, c’est sur la prise en charge des déchets au niveau des ménages. Il suffit que chaque ménage utilise un tamis, une poubelle réglementaire, et on arrivera à faire 70% d’économie sur les coûts de collecte. Présentement, nous considérons que notre effort doit être investi dans ce sens-là Dans nos déchets, il y a au moins 40% de sable. C’est un problème de comportement. On paye 4 milliards pour transporter le sable des ménages. La collecte par jour, en moyenne, est à 1600 tonnes. Les lundis, particulièrement, on est à 2100 tonne. Et les autres jours, ça varie entre 1500 tonnes. 

On fait de plus en plus cas d’une probable délocalisation de la décharge de Mbeubeuss. Qu’en est-il exactement ?

C’est une question essentielle que l’Etat, globalement, va prendre en charge de manière très responsable. Parce qu’aujourd’hui, il suffit d’aller à Mbeubeuss pour comprendre que c’est une vraie bombe  écologique. On ne va pas laisser cette situationperdurer. Il y a des problèmes et des contraintes par rapport à ce dossier. C’est un dossier que nous allons analyser de fond en comble. Dans un court délai, nous irons vers un règlement définitif de ce problème. Nous y étions récemment, mais la situation est terrible là-bas. Il y a tous les types de déchets. Les gens travaillent là-bas dans des conditions inhumaines. Nous comptons trouver des solutions quant à la délocalisation de Mbeubeuss.




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