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Société

INFIDELITE, MANQUE DE TOLERANCE, DE COMMUNICATION : Quand le divorce devient un banal phénomène de société


Lundi 2 Février 2015

source: Le Soleil
Loin de cette époque où le mariage rimait avec union pour la vie, aujourd’hui force est de constater une récurrence des divorces. Manque de tolérance ou de communication, impatience, infidélité sont souvent à l’origine de la séparation de certains couples. Le divorce est devenu un acte fréquent surtout chez certains jeunes couples. Ces derniers pensent qu’il faut souvent savoir tourner la page lorsque le couple se nourrit de bagarres et de querelles. Des témoignages permettent de lever un coin du voile sur cette série de divorces, devenue phénomène de société.

Rencontrée à l’Avenue Pompidou (ex-Ponty) de Dakar, A. S., divorcée et mariée pour la deuxième fois, raconte sa première idylle qui a duré moins d’une année. « J’étais mariée pour une première fois en 2009 ; et cette union n’a pris fin qu’au bout de huit mois par manque de communication et de complicité », confie A. S. A l’époque, se rappelle-t-elle, j’étais occupée par mes cours, on ne trouvait jamais le temps de discuter, d’échanger, mon mari et moi. Il partait au boulot et ne rentrait que le soir.

« En plus de ce manque de communication, ma situation s’est empirée avec une tutrice (belle-sœur par alliance) avec qui on partageait l’appartement. Elle était une confidente pour moi. Mais à chaque fois que je lui racontais mes déboires de couple, sans trop comprendre, elle n’hésitait pas à mettre le tort sur moi tout en me taxant de fille mal éduquée », raconte-elle.

Après être restés un mois sans communication son mari et elle, un soir une petite dispute a tout fait foirer. « La gifle que m’avait donnée mon mari a été la goutte de trop qui a fait déborder le vase. C’était la veille de mon examen de baccalauréat. J’ai aussitôt fait appel à ma famille pour mettre fin à ce mariage », se rappelle amèrement A. S.

Aujourd’hui remariée et mère d’un petit garçon, A. S. dit ne rien regretter depuis son divorce. « Dans la vie, il faut savoir souvent tourner la page d’une histoire. Je pense que lorsqu’un couple ne s’entend pas, mieux vaut chercher à vous séparer. Le couple ne se nourrit jamais de querelles et de bagarres », soutient-elle.
Aussi dit-elle que son premier mariage lui a servi d’expérience pour mieux gérer sa seconde union. Cette décision des jeunes couples de se séparer aussi facilement n’est guère partagée par certains sages de la société. Ils demandent aux conjoints d’être plus tolérants, compréhensifs l’un vers l’autre, pour éviter la multiplicité des divorces.

Assise devant son étal de produits alimentaires au marché Sandaga, une dame, la cinquantaine, indique qu’à l’époque, elles se mariaient par amour. «On attendait rien en retour. En rejoignant le foyer conjugal, nos parents avaient même l’habitude de nous dire que le mariage ne durait pas un jour mais toute une vie. D’où l’intérêt d’être tolérant et patient envers l’autre », confie-t-elle.

Une autre dame embouche la même trompette : « Dans le mariage, il faut savoir tolérer les humeurs, les contraintes voire les disputes. Afin de pouvoir cueillir les fruits de cette dure récolte (réussite des enfants). Deux personnes qui décident de s’unir doivent le faire pour le meilleur et pour le pire et surtout être tolérant ».
« Comme le disait la cantatrice Kiné Lam, le mariage peut être assimilable à une guerre et dès qu’un enfant naît de cette union, c’est comme si on venait de te tirer une balle. Mais faudrait-il toujours se battre pour survivre à cette blessure et ne jamais lâcher du lest », fait-elle savoir.

Venue acheter des tissus dans une boutique, Mariam Samb dit être dépassée par cette récurrence des divorces. Pour elle, cette situation lamentable s’explique par le fait que les jeunes couples ont tendance, après le mariage, à s’isoler de leurs beaux-parents. « En louant des appartements, ils n’ont personne à leurs côtés pour les guider et les conseiller. Ils sont facilement désorientés. Et pour un rien, c’est des mésententes qui finissent par le divorce », dit-elle.

Ainsi, elle appelle les mères et pères de famille à contribuer à ce que le mariage de leurs enfants dure et réussisse. « Il faut qu’on n’y mette du sien. Une belle-mère doit considérer sa bru comme sa propre fille et vice versa », argue-t-elle.

Marchand à la sauvette, le jeune Pathé Fall indique que lorsqu’une femme n’est mue que par son seul intérêt de soutirer de l’argent à son mari (femme matérialiste), celle-ci finit toujours par divorcer lorsque le budget du mari n’atteint plus ses désirs.

« De même, lorsque la femme travaille et qu’elle est en mesure de faire ce que son mari peut faire et subvient facilement à ses besoins, ce genre de femme aussi peut facilement désobéir à son mari, lui manquer de respect ou lui tenir tête. Cette situation conduit aujourd’hui à certains divorces », informe Pathé Fall.

Commerçante au marché Sandaga, une dame qui a la cinquantaine trouve aussi désolant que les jeunes se marient maintenant juste pour le meilleur. « Dès que le pire arrive, autrement dit les déboires, les problèmes et autres rengaines, ils ne se supportent ni ne patientent plus et préfèrent mettre fin à l’union », dit-elle. Pourtant comme dit l’adage, quand on n’a pas ce que l’on veut on se contente de ce que l’on a. Prenant exemple sur elle, elle fait savoir qu’elle communique bien avec son mari. Quand souvent tu as mal, il faut le dire ouvertement sans chercher aussi la petite bête noire. « Pour qu’un couple survive, il faut souvent communiquer sinon tôt ou tard l’union peut se disloquer », soutient-elle. Toutefois, la commerçante de tissus reconnaît qu’en couple tout ne se dit pas. «Actuellement les mères ou pères de famille s’immiscent facilement dans la vie de couple de leurs enfants, alors que les petits problèmes peuvent se régler en couple », renchérit-elle.

«La tolérance y est aussi pour grand-chose. Aujourd’hui, pour un rien, le mari ou la femme se fâche et commence à dire des mots regrettables. Alors qu’à notre époque, nous avions tendance à tout tolérer même les bagarres. Mais tout redevient normal», dit-elle

Aussi appelle-t-elle les maris à être plus responsables pour éviter des mésententes qui peuvent conduire au divorce. « Quoique l’on puisse dire, l’homme est le socle de la famille. Le père de famille doit pouvoir prendre en charge sa famille et subvenir à ses besoins », précise-t-elle.

Pour Adama Thiaw, habitante de la Cité millionnaire, l’infidélité est également la cause de beaucoup de divorces. A l’en croire, l’homme tout comme la femme ne montre jamais son vrai visage et c’est après le mariage que les défauts de chacun refont surface. « A Dakar, il y a des femmes qui ne voient leur mari qu’au-delà de minuit sous prétextant d’être au travail », se désole-t-elle. « Mon papa travaillait mais faisait tout pour partager le repas de midi avec nous ; idem pour le diner du soir. Cette présence du mari est importante dans une vie de couple. Elle renforce les relations et contribue pour beaucoup à l’éducation des enfants », informe-t-elle.

CHIFFRES SUR LE DIVORCE A pikine et medina : L’Ajs recense 851 cas pour l’année 2014

Ouvertes en 2008 par l’Association des juristes du Sénégal (Ajs) en partenariat avec la coopération italienne, Osiwa, Onu/femmes et le ministère de la Femme, les deux boutiques de Droit de la Médina et de Pikine ont recensé 851 cas de divorce pour l’année 2014.

Selon Ndèye Yandé Ndiaye, coordinatrice de la boutique de Droit de la Médina, 702 cas ont été recensés en plus de 16 cas de séparation de corps. Ces chiffres ont été obtenus grâce à des consultations physiques de femmes au nombre de 597 et d’hommes au nombre de 105.

Hormis ces consultations physiques, les juristes de la boutique de la Médina ont été également saisis par consultations en ligne pour 997 cas de divorces et 20 séparations de corps. Quant à la boutique de Pikine, la coordinatrice Amy Sakho, par ailleurs chargée de communication de l’Ajs, informe de l’existence de 149 cas de divorce et d’un cas de séparation de corps. Ces statistiques résultent de consultations physiques dont 137 femmes et 12 hommes. Pour rappel, ces deux boutiques ont été installées par l’Ajs pour permettre aux femmes de venir y chercher des conseils et une assistance juridique gratuite.

SENEWEB





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