"IL FAUT FERMER L’ECOLE SÉNÉGALAISE AU MOINS PENDANT 9 MOIS ET FORMER LES ENSEIGNANTS"

Fermer l’école sénégalaise au moins pendant 9 mois et mettre à profit ce laps de temps pour bien former les enseignants. Telle est la solution préconisée par Moustapha Guèye, un ancien directeur d’école de Thiès. Selon lui, si on ne le fait pas, le système éducatif, aujourd’hui plombé par ses tares et ses mauvais résultats, court à sa perte. 

THIES - Après 45 ans de direction d’école et conseiller départemental, El Hadji Moustapha Guèye, directeur d’école à la retraite, est loin de digérer les résultats catastrophiques de l’année scolaire de 2014-2015. Une hécatombe qui, selon lui, est liée à une crise de l’autorité parentale et des enseignants. L’ancien directeur d’école basé à Thiès, qui sort ainsi de sa réserve, dit ne pas concevoir de tels résultats dans le domaine scolaire. 

D’après ce cadre issu de la vielle école, la médiocrité des résultats n’est pas à imputer seulement à l’Etat. Mais elle est plutôt imputable aux parents d’élèves et aux enseignants. «Il ne faut pas accuser d'emblée l’Etat. Cet échec national, je l’incombe aux parents d’élèves. Quand on ne peut pas prendre en main son enfant, l’amener à s’intéresser à ce qu’il fait, le jour de l’évaluation, quand échec il y a, il faut d’abord s’accuser en premier avant d’accuser l’enseignant», a affirmé M. Guèye.

Ainsi, après avoir lancé une pique aux parents d’élèves, l’éducateur a pris le soin de jeter des pierres dans le jardin des enseignants. D’après, Moustapha Guèye, «pour sauver le système scolaire au Sénégal, il faut d’abord fermer l’école sénégalaise au moins pendant 9 mois et former les enseignants en faisant appel aux inspecteurs et aux doyens qui ont été pédagogiquement et législativement (scolaire) bien formés. Il faut que les enseignants soient en recyclage. Chaque semaine, après chaque module, ils retournent dans les classes  à la pratique avec les élèves». 

«Les enseignants ne sont pas intéressés par l’éducation, ne peuvent pas enseigner...»

Revenant sur les raisons de la crise scolaire proprement dite, l’ancien directeur d’école d’afficher son indignation sur la pratique des enseignants aujourd'hui. «Des enseignants qui, selon lui, ne sont pas intéressés par l’éducation, ne peuvent pas enseigner et ne veulent pas pouvoir enseigner». «Quand un enseignant n’arrive pas à  entretenir une transaction langagière en français, comment peut-il dispenser des cours aux enfants ?», s’interroge-t-il en effet. 

Raison suffisante pour M. Guèye pour demander à ce que «les enseignants soient réellement formés avant qu’on ne les plonge dans le système. Parce que beaucoup d’enseignants et de directeurs d’écoles ignorent aujourd’hui la législation scolaire qui régit l’école sénégalaise. La réglementation scolaire est ignorée par les directeurs d’école, à plus forte raison  les enseignants. Il faut que les gens se réapproprient la réglementation scolaire». 

«Pour sauver l’école, il faut retourner à la pédagogie classique, à la psychopédagogie pour former ces enseignants. Sinon, l’école sénégalaise ira à sa perte. Tant que les parents n’auront pas leur autorité, que les enseignants ne seront pas sérieusement formés, comme à l’époque, l’Etat sera toujours stigmatisé sans raison», soutient-il, notant qu’«on est en train de revêtir la vielle dame d’habit neuf. Mais le fait est qu’il n’y a aucune réforme qui puisse valoir pour amener l’école sénégalaise à un redressement réel».
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