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HOURÈYE THIAM PREIRA, JOURNALISTE: "CE N'EST NI UNE MODE, NI UN STYLE VESTIMENTAIRE, MAIS UN STYLE DE VIE"

Mardi 14 Avril 2015

Vous faites partie des femmes qui font la promotion du port du voile. Qu'est-ce qui vous a poussé à le porter ?

Lorsque j'ai appris que c'est écrit noir sur blanc dans le Coran que c'est une recommandation divine, au même titre que la prière, le jeûne, j'ai décidé de porter le voile. Maintenant, cela fait 19 ans. Ensuite, j'ai compris que le voile, ce n'est pas seulement ce qu'on met sur la tête, mais on l'a également dans le cœur et l'attitude. Donc, c'est un système de vie. Dans l'association des musulmans du Sénégal où j'ai milité, on doit faire en sorte d'être des ambassadeurs de notre religion. Etre de dignes musulmans qui représentent dignement la religion. Ce n'est ni une mode, ni un style vestimentaire, mais un style de vie, une recommandation divine qu'on a choisie librement. Il faut donc être soumis à la Volonté de Dieu et non aux commentaires des uns et des autres. Je pense que c'est un choix libre. Personne ne m'a obligée à le faire et j'assume ce choix.

Le Sénégal a célébré cette année la journée mondiale du voile. Vous n'en êtes pas à la première édition, mais on a l'impression qu'il y a une forte mobilisation cette année. Comment expliquez-vous cela ?

Quand les Sénégalaises ont commencé à célébrer la journée mondiale du voile, l'année dernière, j'ai entendu parler de "Hijab Day" et j'ai vu que c'est ce qu'on attendait, en fait. On avait besoin de cette plate-forme pour pouvoir rassembler toutes les synergies. Le "Hijab Day" permet de faire, par exemple, cette mobilisation citoyenne d'identification par rapport à nous-mêmes et par rapport aux autres. Je porte le "Hijab", ça ne fait pas de moi une Afghane, et cela n'enlève en rien mon statut de femme sénégalaise moderne. Le "Hijab Day" a été un fort moment de communion, de retrouvailles, d'échanges et de perspectives. Les Sénégalais en avaient besoin. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de gens, de personnalité, leaders, citoyens qui nous ont dit qu'ils sont fiers de voir ce qu'on est en train faire. Faire de telle sorte que porter le voile ne soit plus un complexe. Décomplexer le port du voile, voilà ce qu'on a voulu faire. Vraiment, il faut qu'on se batte pour que les Sénégalais n'aient plus ce complexe. Faire en sorte que celles qui portent le voile soient des Sénégalaises normales. Il faut qu'on en arrive à plus d'équité au travail. Que les banques qui ne recrutent pas jusqu'à présent les femmes voilées comprennent qu'elles sont des femmes normales. Actuellement, c'est le combat à mener et on a envie vraiment de l'emporter.

Peut-on en déduire que l'impact est réel, si l'on sait que de plus en plus, les jeunes filles sénégalaises ont tendance à porter le voile ?

L'impact, il est là. Nous qui portons le voile bien avant les années 2000, savons que les choses ont beaucoup évolué dans le bon sens, parce que tout simplement, aujourd'hui, on voit à tous les coins de rue des jeunes femmes, des femmes plus âgées qui portent le voile sans souci. Cela veut dire que la mayonnaise est en train de prendre. Les gens ont compris que chacun est libre de s'habiller comme il l'entend. Les femmes sont libres de s'habiller aussi bien en mini jupe qu'en hijab. C'est déjà bien et on rend grâce aux pionnières qui se sont battues, qui ont fait de telle sorte que les gens puissent assumer le choix qui est le leur. Maintenant, il y a toujours des choses à parfaire, mais je pense qu'on est en train de gagner en nombre. Mais, le combat doit être le combat de la qualité. Que les femmes le fassent comme il se doit. Que l'on respecte les critères. C'est une opération de sensibilisation. Mais également, il faut que les gens acceptent de nous respecter et de nous tolérer par rapport à ce que nous sommes, par rapport au choix que nous avons fait. Dans un pays à 95% de musulmans, une recommandation divine ne devrait pas souffrir de son application. Maintenant, il y a toujours des brebis galeuses, des exceptions qui créent de temps en temps des problèmes. Il y a quelques semaines, une dame m'a saisie, parce que tout simplement elle a été dans une école de formation en hôtellerie et on lui a dit qu'on n'allait pas la prendre, parce que tout simplement c'était une femme voilée. Ce sont ces questions qu'il faudrait régler, avant que ça ne déborde, parce que nous sommes des gens engagés pour la cause du "Hijab". Nous sommes des gens qui ne demandons qu'une chose, que l'on nous respecte avec notre voile, de la même façon que nous respectons les autres qui ont accepté de mettre de cheveux naturels sur la tête.

Vous avez parlé tantôt de choses à parfaire. Qu'est-ce qui reste à faire ?

Il faut que le respect soit davantage élargi à toutes les couches de la société. Beaucoup de jeunes filles qui ont des diplômes et qui ont fait des stages n'arrivent pas avoir des contrats de travail dans ces institutions financières. Nous voulons sensibiliser. Si les gens ne réagissent pas, nous serons là pour leur dire stop, parce que, quand même, on a identifié ces banques-là. Les gens remontent les informations. On se bat pour que chacun soit libre de s'habiller comme il l'entend. Les tailleurs ont commencé à suivre davantage les exigences des voilées. C'est une avancée, car ce n'était pas du coup le cas. Les foulards sont disponibles. Les choses sont en train d'être facilitées au Sénégal. Il faut sensibiliser davantage pour que celles qui portent les "Hijab" demeurent des modèles partout où elles se trouvent. C'est très important. Le voile, ce n'est pas seulement le foulard qu'on a mis sur la tête. C'est un style de vie. Qu'on pense à Allah, avant d'agir. Il faut apprendre sa religion, connaître ce qui nous pousse à porter le voile : ne pas le faire tout juste parce qu'on en a envie ou parce qu'on a vu quelqu'un à la télé le faire et que c'était joli. Il faut une raison et celle-là, elle est divine.

SENEPLUS



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