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Société

Gérôme Ban Ki Moon Diédhiou, SG du Bureau politique du MFDC sur la gestion du processus de paix en Casamance

"Personne ne nous a approchés pour nous convaincre à poser les armes"


Samedi 29 Avril 2017

Même si l’atmosphère d’accalmie qui prévaut actuellement en Casamance est fortement saluée par l’ensemble des populations du Sénégal, il n’en demeure pas moins que ses causes et les termes qui la régissent, restent pour le moins inconnus. Toutefois, du coté du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc), plus précisément de l’avis de son Secrétaire général du Bureau politique national, Gérôme Ban Ki Mun Diédhiou, aucune autorité ne peut se prévaloir d’une quelconque action menée directement avec le Mfdc pour décrocher ladite accalmie. Dans cet entretien, réalisé au fin fond du maquis, Gérôme Ban Ki Mun Diédhiou revient sur les contours de cette stabilité, tout comme sur leur rapport avec les groupes de contacts, sans oublier les préalables posés pour d’éventuels pourparlers avec le régime du président Macky Sall, entre autres.


Gérôme Ban Ki Moon Diédhiou, SG du Bureau politique du MFDC sur la gestion du processus de paix en Casamance

Une forte accalmie est notée sur le terrain. Elle a été saluée par tous les acteurs, comment à votre niveau expliquez-vous cette situation ?

Beaucoup d’individus et de nombreux acteurs sont en train de mentir à travers les médias soutenant qu’ils sont à l’origine où qu’ils auraient grandement contribué à l’instauration de cet atmosphère d’accalmie que nous avons tous noté en Casamance.
Du coté du Mfdc et surtout du maquis, nous précisons que c’est faux. En vérité aucun acteur n’est  jamais venu nous rencontrer pour négocier une quelconque trêve. Personne ne nous a approchés pour nous convaincre à déposer les armes. Aucun accord n’a été signé dans ce sens.
Nous précisons que depuis 2014, nous ne sommes en contact avec aucun acteur. Il faut que certains individus arrêtent de produire de fausses informations. Il faut qu’ils arrêtent de mentir aux populations. Qu’ils arrêtent de parler au nom du Mfdc, de se servir du mouvement dans le seul but de se remplir les poches.
Nous disons au président Macky Sall d’être très prudent et qu’il retienne que tout ce qu’on lui raconte sur le processus de paix en Casamance est archi-faux. Le Mfdc n’est de nos jours en contact avec aucun de ces acteurs. Ils sont en train de lui mentir et de lui faire croire qu’ils sont en train de discuter avec nous. 
Que Macky Sall comprenne que ses acteurs de paix sont en train de lui mentir et que pour notre part toutes les déclarations faites à travers la presse n’engagent que leurs auteurs.

Cette accalmie est le fruit de la forte aspiration des populations à la paix mais aussi du désir de paix noté chez les parties en conflit. Quelles appréciations faites-vous de la situation qui prévaut aujourd’hui sur terrain ?

Vous savez, la guerre nous a été imposée par le Sénégal, par le président Abdou Diouf pour être plus précis. Si après trente quatre ans de conflit armé, le Président Macky Sall a compris que c’est par la négociation qu’on pourra arriver à la paix, c’est une bonne et sage décision de sa part.
Nous rappelons que c’est Macky Sall qui au tout début de son mandat avait déclaré en 2012 qu’il invitait le Mfdc à la paix des braves car depuis l’éclatement de la guerre en 1982, il n’y a toujours pas de vainqueur ni de vaincus. Il a ajouté dans le même sens qu’il est prêt à discuter avec le Mfdc partout où le mouvement le souhaiterait, cela même si c’est à la planète Mars. C’est pour dire que c’est une bonne chose de privilégier le règlement du conflit par la voie pacifique. Nous sommes favorables à la paix et c’est ce qui explique notre décision de déposer les armes. Mais il faut signaler que l’accalmie n’est pas synonyme de la paix retrouvée.

Beaucoup avaient évoqué les difficultés internes que votre mouvement vit. Certains parlent de divisions et de querelles de leadership après la disparition de votre leader charismatique, Abbé Diamacoune. Que répondez-vous ?

Le Mfdc n’est pas divisé même si par ailleurs nous reconnaissons que le mouvement a eu à connaitre des crises internes parfois très aigues. Toutes les composantes du Mfdc  ont un seul ennemi à savoir l’Etat du Sénégal et un seul et même but celui d’obtenir l’indépendance totale de la Casamance. Il n’y a jamais eu deux ni trois Mfdc.

Selon nos informations, vous avez conditionné votre participation à ces discussions à des assises intra ou inter Mfdc afin de faire votre unité et aller parler au nom du Mouvement d’une seule voix. Vous confirmez ? Si oui, où est ce que vous en êtes sur le processus de réunification du Mfdc ?

Oui c’est bien cela, et le processus a positivement très bien avancé. 

Vous avez dans le cadre des démarches entreprises pour la réunification  de votre mouvement, décidé de le faire à huit clos sans les facilitateurs ou émissaires de l’Etat, pourquoi ?

Retenez juste que c’est une décision prise en interne. Nous déroulons notre processus à notre manière. Aucun acteur de paix n’est ni de près ni de loin impliqué dans ce processus.  Nous avons compris que ces messieurs Casamance sont à l’origine de tous les problèmes qu’a connus le Mfdc. Nous sommes conscients que notre unité ne fait pas leur affaire car ils seront appelés à disparaitre. C’est pourquoi nous les avons définitivement écartés le temps de laver le linge sale en famille.

Que peut-on dire de vos rapports avec les autres chefs comme Salif Sadio et Paul Aloukassine Basséne ?

Salif Sadio est pour nous un frère. Nous appartenons au même mouvement et par conséquent nous luttons tous pour l’indépendance de la Casamance. Paul Aloukassine est sous l’autorité directe du général César Atoute Badiate. Il est affecté au niveau du front Nord où il est en train avec ses vaillants combattants d’effectuer un excellent travail.

Il y a des démarches pour réunifier les différentes factions de l’aile politique et civile du Mfdc. Etes-vous informés de ces démarches ?

Oui nous sommes informés. Nous encourageons cette dynamique de retrouvailles de l’aile politique civile dans le cadre des préparatifs des futures négociations. 

Aujourd’hui, si elle réussissait son unité qu’attendez-vous de cette aile réunifiée ?

Cela permettra au mouvement d’arriver rapidement à une unité totale. A partir de ce moment la Casamance pourra démocratiquement élire un secrétaire général qui aura la charge de conduire le processus de négociations avec le Sénégal. 

L’Etat du Sénégal a opté pour des efforts économiques dans le cadre du désenclavement de la Casamance. Que pensez-vous de telles initiatives ?

Il faut que la paix revienne avant le développement. Pour nous du Mfdc, il ne peut pas avoir de développement sans la paix. C’est pourquoi nous accordons une priorité à la tenue de négociations.

Il y a également le fait que les actions de déminage avaient été arrêtées. Aujourd’hui, le souhait des populations est de retourner dans leurs villages d’origine et de reprendre leurs activités agricoles et leurs vergers. Allez-vous accompagner ces opérations ou bien vous campez toujours sur votre position de refuser la poursuite des opérations de déminage?

Nous avons été trop surpris d’apprendre à travers les radios que le Centre national d’Action Anti mines du Sénégal (Cnams) a déminé plus de 8000 hectares, on ne sait où en Casamance. Ce n’est pas vrai. Nous rappelons à ce propos que la ligne rouge est atteinte depuis 2013. Nous avions sur ce point rencontré les autorités du Cnams à Sao Domingo. Ils sont bien informés de notre décision sur l’arrêt des opérations de déminage en Casamance. Quand ils ont voulu nous défier, nous avons pris en otage leurs démineurs. C’était un avertissement. Tant qu’on ne parviendra pas à un accord de paix, il n’y aura pas de déminage. 

Nous allons parler de la situation en Gambie avec le départ du président Yaya Jammeh du pouvoir. Que signifie ce départ pour vous ?

Aucun effet sur le Mfdc. C’est un problème interne à la Gambie. Le président Yaya Jammeh a été battu et remplacé par le président Adama Barrow. 

Beaucoup avaient reproché au régime du Président Jammeh sa proximité et son soutien accordé au Mfdc. Quels ont été vos rapports ? 

La Gambie est un pays garant des accords de paix. C’est une Nation qui a joué un grand rôle dans le processus de recherche de paix en Casamance. En 2000 ce pays avait abrité de nombreuses rencontres dans le cadre des assises inter Mfdc. 

-Aujourd’hui le nouveau président gambien, Adama Barrow veut aider le Sénégal à retrouver la paix en Casamance. Que pensez-vous de l’implication de la Gambie dans le processus de résolution du conflit ?

C’est une bonne chose. Le mouvement attend de savoir de quel type d’aide il s’agira. Nous attendons de voir Adama Barrow à l’œuvre pour le juger.

Que dire également de vos rapports avec les autorités Bissau guinéennes ?

Tout comme la Gambie, la Guinée Bissau est aussi un pays garant qui a abrité le tout premier accord de paix entre le Mfdc et l’Etat du Sénégal le 31 mai 1991 à Cacheu.

Etes-vous prêts à rencontrer les autorités sénégalaises pour entamer des discussions en faveur de la paix ?

Oui, mais il faut que le Sénégal accepte que le Mfdc se présente à la table de négociations avec tous ses griefs parmi lesquels la revendication de l’indépendance de la Casamance. C’est le premier point que nous allons poser sur la table des négociations.

Quel message pouvez-vous délivrer aux populations de Casamance qui réclament la paix définitive et durable. Peuvent-elles espérer ?

La paix définitive dépendra de l’attitude de l’Etat du Sénégal. Pour le moment aucune tentative de négociations sincère n’est entreprise. Nous vivons une situation de ni guerre ni paix. 

Le mot de la fin ?

Nous sommes très surpris d’entendre dans les radios que nous sommes en contact direct avec un certain groupe d’acteurs de paix dont en particulier le Grpc de Robert Sagna. Nous sommes sidérés d’entendre que nous avons donné pour mission à ce groupe d’acteurs de nous aider à nous réconcilier, de nous accompagner jusqu’à ce qu’on désigne un secrétaire général et un chef d’Etat-major. Ce n’est pas vrai. Qu’on nous dise où et quand a eu cette rencontre avec le Mfdc ?  Et de quel Mfdc il s’agit ? 

Trop c’est trop, nous précisons à l’endroit du peuple sénégalais et du président Macky Sall que nous ne sommes en contact avec personne et nous n’avons personne envoyé auprès de personne. Nous sommes dans une phase de retrouvaille interne très avancée. Le moment venu, nous trouverons des acteurs fiables pour discuter avec l’Etat du Sénégal. Depuis 2014, le Mfdc a vomi tous les messieurs Casamance et les facilitateurs jusqu’à nouvel ordre. Que l’on arrête donc de raconter des contre-vérités dans les médias. 
Ces acteurs sont en train de manœuvrer pour casser l’unité du Mfdc afin de pouvoir continuer à vivre du conflit. Mais malheureusement pour eux nous avons compris leur jeu. Ils multiplient des rencontres avec les populations civiles pour faire croire aux autorités, à l’opinion et aux bailleurs qu’ils sont le seul et unique groupe reconnu, accepté et mandaté par le Mfdc. Ils font du «terrorisme intellectuel». Le Mfdc n’est en contact avec aucun de ces acteurs et cela est bien vérifiable.

SUD QUOTIDIEN




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