Gérard Senac, PDG de Eiffage Sénégal : «L’argent est un moyen pour réaliser des projets, je ne cours pas derrière»

Sous une autre facette, un autre jour, le Président directeur général de l’une des plus grandes entreprises ayant pignon sur rue à Dakar, se livre. Gérard Senac dans cette interview réalisée grâce à un protocole relâche la pression, pour nous faire comprendre qu’il est avant tout un personnage lucide. Malgré le succès, il a le temps de se consacrer à la culture, au mécénat, etc. L’Obs vous fait découvrir, Gérard Senac sous des habits que vous ne lui connaissiez pas. Entretien…

On vous connaît, à travers les grands travaux de ce pays, à la tête de l’entreprise française Eiffage. Sur quels chantiers à part l’autoroute à péage, travaillez-vous ?

Nous sommes sur le Port de Dakar, et cela depuis 1926. C’est notre plus ancien client. La Saed dans les aménagements hydro-agricoles fait partie de notre portefeuille. Il en est de même avec les travaux d’électricité pour le compte de la Senelec. Des travaux d’assainissement avec l’Onas sont aussi dans notre calepin tout comme des travaux d’entretien routier avec Ageroute…

Vous êtes très connu par les artistes en tant que mécène. Est-ce une manière de vous «déculpabiliser» par rapport au profit que votre structure engrange dans ce pays?

D’abord, pourquoi je devrais me culpabiliser de faire du bénéfice avec un travail honnête et bien fait ? Je trouve aussi normal qu’une entreprise reverse une partie de ses bénéfices pour des actions de responsabilité sociétale (Rse), cela peut être destiné à soutenir la culture, mais aussi le sport ou la santé.

Pensez-vous que le Sénégal protège assez son patrimoine architectural colonial et/ou traditionnel ?

Je ne pense pas qu’il faille parler de «patrimoine colonial ou traditionnel». Parlons de patrimoine tout court, car tous ces bâtiments sont devenus partie intégrante de l’histoire de ce pays. Leur défense est un devoir. Le plan d’urbanisation devrait en tenir compte.

Votre structure sert elle-même de réceptacle à des expositions et des concerts, vous semblez vivre à fond pour la culture de ce pays… Que pensez-vous de la culture de ce pays, et notamment des arts plastiques qui vous passionnent ?

J’ai connu l’art au Sénégal à travers des rencontres avec les artistes, et je me suis vite passionné. Le Senegal a une culture riche et de très bons artistes. C’est un plaisir pour moi de pouvoir contribuer à leur promotion.

Avez-vous une passion dans laquelle vous excellez ?

J’aime valoriser les efforts. Dans l’art, j’aime surtout les jeunes artistes qui se battent pour émerger.

On connaît plus Senac, l’homme d’affaires. Peut-on savoir qui est l’homme, le mari, le père de famille ?

Je suis un homme attaché à sa famille et aux valeurs.

Quels sont vos rapports avec vos enfants ? Vivent-ils avec vous au Sénégal ?

J’ai un fils qui habite aussi au Sénégal par passion. Je suis certain qu’il a trouvé sa voie, et qu’il va se faire un prénom.

Quels sont les hobbies, les loisirs de M. Senac ?

Marcher le plus souvent possible et lire la presse.

Faites-vous du sport ?

J’aime beaucoup l’ambiance des marathons, mais je m’arrête aux 10 Km, ma femme est plus sportive.

Quelle qualité appréciez-vous le plus chez les Sénégalais ?

Ils sont brillants.

Quel défaut vous ne pouvez supporter chez les Sénégalais?

Le manque de ponctualité.

Quel est votre objet fétiche ?

Le stylo.

Vous êtes à la tête d’un immense consortium, les pressions ne doivent pas manquer. Comment gérez-vous le stress ?

Difficile, mais il faut rester lucide et garder les objectifs, et traiter le maximum de choses dans la journée en temps réel.

Quel est votre chantier, votre mission la plus pénible ?

Chaque chantier doit être traité avec le même sérieux. Mais le plus dur c’est quand il y a des expropriations de familles.

Votre insulte favorite quand vous êtes en colère ?

Tous des branleurs !

Quelle est votre conception de l’amitié ?

Loyale et respectueuse, je dirais partagée.

Comment vivez-vous les critiques qui ne doivent pas manquer à votre encontre ?

C’est souvent décevant, mais il faut les écouter et souvent ne pas répondre.

Comment votre épouse, vos enfants, les vivent ?

Mal, parce qu’ils savent l’énergie que je mets dans mon travail. J’en ai même été malade.

Est-ce facile de manager une équipe composée en majorité de Sénégalais ?

Nous constituons une équipe solide, grâce au tandem que nous constituons Alioune Badiane et moi à la tête d’Eiffage Sénégal. Nous avons parfois des avis différents, mais nous parvenons toujours à prendre la bonne décision.

C’est sûrement plus dur ailleurs.

Le plat auquel vous ne pouvez pas résister ?

Le millefeuille (gâteau).

Quel est votre animal de compagnie ?

Nous n’en avons plus par choix. Nous adorons les chiens, mais c’est trop dur de les perdre. Alors nous nourrissons tous les oiseaux du quartier.

Votre look en dehors du travail ?

Décontracté ! Mais pas laisser-aller.

Votre tic ou manie favorite ?

Je répète souvent mes propos, peut-être pour qu’ils soient bien compris.

Votre film préféré ?

Le Nimitz.

Votre musique préférée ?

Je n’écoute pas de musique particulièrement, mais j’aime participer à des concerts.

Qu’est-ce qui vous a le plus séduit au Sénégal ?

L’accueil, la Téranga

Vos rapports avec l’argent ?

C’est un moyen pour réaliser des projets, je ne cours pas derrière.

Etes-vous un épicurien ?

Je n’aime pas les excès.

GFM