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Société

GASPILLAGE DANS LES CEREMONIES FAMILIALES, RELIGIEUSES ET ANNIVERSAIRES: QUAND L’ARGENT «BIEN ACQUIS» EST MAL UTILISE POUR DU VOYEURISME


Mardi 3 Mars 2015

Le Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays africains, est très attaché à ses valeurs, ses croyances et ses traditions. C’est pourquoi, se basant sur la culture sénégalaise, nombreux sont ceux qui s’adonnent à des activités voire des festivités où le gaspillage est de rigueur. Mariage, baptême, anniversaire, «Nganalé», soirée,«xawaré», deuil… rien n’est laissé au hasard.

Mariage, baptême, anniversaire, «Nganalé», soirée, «xawaré», deuil… sont des occasions privilégiées pour la gent féminine de se faire valoir. Argent, bijoux en or, tissus, maisons, billets d’avion, voitures sont entre autres moyens utilisés par les femmes et même les hommes pour étaler leur richesse et se vanter d’être le fils ou la fille de…, l’ami de…, la maman, le papa, l’oncle, la tante, le frère ou la sœur de… Bref, ils se vantent tous, à travers les richesses qu’ils distribuent ça et là, d’être quelqu’un de très important dans la société sénégalaise.

Ce sont, en effet, des millions qui sont injectés dans les cérémonies familiales telles que les mariages ou les baptêmes. Ce qui n’est pas donné à tout le monde. Car, là où untel met sur la table 300 000 francs Cfa comme dot pour prendre femme, un autre peut doubler, tripler ou quadrupler cette somme. Le jours-J, la main à la poche ou dans le sac à main, avec la complicité des griots, les familles des mariés ne lésinent pas sur les moyens s’adonnant ainsi au jeu «Ku gaw loxo».

C’est la même chose qui se passe avec les «Nganalé». Cette cérémonie qui fête le retour des «Oujaj» de la Mecque est aussi une occasion pour certains de se verser dans l’extravagance. Ce, en achetant des bœufs, des moutons, des poulets, en faisant des «ndawtal» des jours durant. Ainsi, pour paraître «uniques», certaines de nos sœurs n'hésitent pas à s'endetter le jour de ces cérémonies familiales, juste pour sauver des apparences, maintenir une réputation de riche. De plus, avec les «téranga» qui se passent dans ces cérémonies comme le «ndawtal», le «diakhal», le «yélou mame», le «tankou ndieuké», le «teralou goro», les gens dépensent sans compter comme s'il y avait plus de lendemain. Même le deuil est érigé maintenant en une tribune de folie de grandeur. Il faut tuer un mouton, un bœuf. Et même, donner de l’argent ou encore faire une séance d’éloges.

Et, pire se produit dans les anniversaires, les soirées, les «xawarés» de nos stars du show biz. Surtout avec nos grandes dames de la musique sénégalaise comme Fatou Guéwel, Viviane Chedid, Titi, Coumba Gawlo, Kiné Lam entre autres. Mais aussi quelques artistes de la gent masculine comme c’est le cas de Djiby Dramé avec la nuit du Bazin, Waly Balago Seck, Pape Diouf, Salam Diallo…

Une folie dépensière sans demi-mesure

La tendance, dans ces soirées-anniversaires, est de dépenser des millions en un seul jour et décorer la reine ou le roi de la soirée. Et, ce sont des billets de banque, des billets d’avion, parures en or, voiture, maison et autres objets de valeur qui leur sont balancé par leur «Geer». Avec la soirée donnée à l’occasion de l’anniversaire de Viviane Chedid, il y a de cela quelques mois, Oumou Sow a offert à la chanteuse un collier de billets de banque avant de lui jeter de part et d’autre d’autres billets de 10 000 francs Cfa.

Oumou provocation, de son côté, a sorti dans son sac à main une liasse de billets pour l’offrir à son amie, Viviane. La même scène s’est produite avec Waly Ballago Seck qui célébrait son 4è anniversaire au Grand Théâtre. Ce qui avait même poussé des internautes à parler d’étalage éhonté de la bande à millions et une presse en ligne de la place a titré sur son portail web : «L’anniversaire de Waly vire à la débauche: la folie de Collé Faye et de Paco Jackson, les flatteries de Pape Cheikh et de Dj Boubs…». Même scénario, dans la soirée donnée au grand théâtre le 24 décembre 2014 par Kiné lam fêtant ses 40 ans de carrière dans la musique. Kiné Lam, lors de cette soirée, a amassé une fortune inestimable poussant même un site internet de la place à titrer le lendemain : «Kiné Lam faite millionnaire le temps d’une soirée». En effet, une télévision à écran plat ainsi que 12 boubous d’une valeur globale de trois millions ont été offerts à la diva. En sus de cela, elle a reçu de ses fans une bague et une parure en or et en diamant. Huit millions lui ont été offerts « khobet-Khobet» et un billet d’avion Dakar-Paris-Dakar.

Le comble est que pareille chose se passe aussi dans les «thiant». Les invités qui ont pris part le 28 décembre 2014 au «thiant» annuel organisé à la Médina par Paco Jackson Thiam ne le démentiront pas. Ils ont assisté à une scène du moins ahurissante. Les chanteurs de «khassaïdes», malgré la sainte pureté des vers qu’ils déclamaient, n’ont pas hésité à jeter littéralement les micros à la vue de friands billets de banque offerts par le milliardaire Cheikh Amar. Ces messieurs de s’arracher les précieux billets jusqu’à en déchirer quelques-uns, sous les regards médusés des autorités religieuses venues assister à cette manifestation spirituelle, avant de se retrouver hors des regards pour échanger ...une série de coups de poing.

Toutefois, tout cela est considéré comme une exigence sociale, car y manquer, pour certains, c’est se ridiculiser, c’est perdre la face auprès des siens, c’est perdre sa dignité. Cependant, ils ne savent pas que ce qu’ils considèrent comme nécessaire n’est que du gaspillage pur et dur. Pourtant dès le lendemain des indépendances, le Sénégal a mesuré le phénomène à la hauteur des dégâts engendrés dans la société. En atteste, «la loi 67-04 du 24 février 1967 contre les gaspillages dans les cérémonies familiales et religieuses», publiée le 1er mars 1967 qui devait régler définitivement le problème.

DISTRIBUTION DE BILLETS DE BANQUE AUX GRIOTS : Un geste de fierté pour les femmes

Les femmes sont les as du gaspillage dans les cérémonies. C’est connu de tous. Interrogées sur cette pratique à laquelle elles s’adonnent avec une grande fierté, certaines rencontrées, lors des grands événements, comme les soirées d’anniversaires de Fatou Guéwel Diouf, Assane Ndiaye, Wally Seck ou encore Djibi Dramé avouent ne pas trouver de mal à cela.

Fatma Salla Mbaye est une commerçante, élancée au teint clair, la dame fait partie de la trempe des femmes «distributrices» de billets de banque. «Je ne trouve pas que le fait de distribuer de l’argent dans les cérémonies est du gaspillage. C’est une culture surtout quand on chante vos louanges. ça fait vraiment plaisir», a-t-elle souligné. Une dame qui a pour nom de famille Mbaye de poursuivre : «Je ne peux pas comprendre qu’on chante ton nom de famille et que tu ne fais pas un geste. C’est anormal».

Dans le même ordre d’idée, une dame qui a parlé sous le couvert de l’anonymat même si elle est très connue dans le milieu du show biz d’ajouter : «Ce que disent les gens m’importe peu. Le sang est trop fort et quand ta griotte chante l’honneur de ta famille, tu n’as que ton argent pour lui montrer que la chanson te va droit au cœur». Estimant qu'elle ne voit pas de gaspillage dans cela, la dame d’indiquer qu'il est important que «les gens arrêtent d’être hypocrites, en criant sur tous les toits que c’est du gaspillage». «L’argent qu’on distribue, c’est le fruit de notre travail. On l’a gagné à la sueur de notre front. Ce, à travers nos commerces, ou nos tontines», a-t-elle signifié.

Les média, les amplificateurs

Indexant les média, cette grande dame du show biz de souligner : «Si vous voyez que l’argent qu’on donne choque beaucoup de gens, c’est en partie à cause des journalistes et des reportrers photographes qui sont de véritables amplificateurs, à travers les photos, les revues de presses, les vidéos. Mais, ce n’est pas un fait nouveau, car, nos ancêtres procédaient de la sorte et personne n’y voyait d’inconvénients, car cela fait partie de notre culture. En ce temps là, les média n’étaient pas trop développés», a-t-elle soutenu avant de reconnaître que puisque le fait de donner de l’argent au vu et au su de tous choque, il faut «adopter la mode des enveloppes c'est plus discret»

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