Connectez-vous
Senxibar

FIN DES PLAIDOIRIES DE LA DEFENSE: AIDA NDIONGUE ET CIE FIXES SUR LEUR SORT LE 5 AVRIL PROCHAIN


Samedi 27 Février 2016

Clap de fin dans la procédure en appel contre Aïda Ndiongue, Abdou Aziz Diop et autres poursuivis dans l’affaire des marchés du Plan Jaxaay. Les prévenus seront édifiés sur leur sort le 5 avril prochain. Après la demande de répression sollicitée la veille, l’avocat général a également requis la confiscation des biens des prévenus.


A la suite de l’avocat général qui a sollicité cinq ans de prison ferme assortie d’une amende individuelle de trois millions, les avocats de la défense se sont succédé à la barre pour prendre le contre-pied du

représentant du Parquet général et plaider la confirmation du jugement d’instance. 

En effet, aussi bien le parquet que l’Etat du Sénégal ont subi les foudres verbales des avocats de la défense. Me Borso Pouye a décrié la démarche du substitut du procureur Pape Ismaïla Diallo à l’origine de cette
procédure d’appel. «C’est un acharnement judiciaire», fulmine le conseil qui estime que l’appel du parquet ne saurait englober la partie civile. Poursuivant ses diatribes, Me Pouye a mis à nu les bizarreries de l’appel. «Il y a eu dans le même dossier deux ordonnances de renvoi.

Sur l’une des ordonnances, Madou Sall n’est pas renvoyé en jugement, c’est quelque chose de saugrenu dans ce dossier. Cette procédure présente de nombreuses bizarreries», martèle la robe noire.

ME MBAYE SENE : «ON VEUT VOUS CONDUIRE VERS UNE ERREUR JUDICIAIRE»

Me Mbaye Sène s’est attaqué aux réquisitions de l’avocat général en soutenant qu’on ne peut pas dire qu’une personne doit aller en prison pendant cinq ans sans en apporter la preuve. A l’endroit de la Cour, le conseil lance : «on veut vous conduire vers une erreur judiciaire. Ce dossier est un château de cartes et est tombé sous l’effet du vent. Quand l’injustice commence, personne n’est à l’abri». Selon Me Sène, la seule vérité sortie dans ce dossier, c’est que le parquet est resté dans les eaux. «L’Etat n’a pas fait appel, il a acquiescé. Cet appel du procureur est mal fondé. Le parquet a créé son propre dossier pour faire croire à tout le monde que c’est un bon dossier. Mais, il est complètement passé à côté, hier, lors de son réquisitoire», martèle l’avocat qui rappelle qu’il n’est nullement un délit d’aider les membres de sa famille à réussir dans la vie, faisant ainsi allusion à la soumission aux marchés publics. «Aida Ndiongue n’a pas fait de sous-traitance. Elle s’est battue pour gagner des marchés publics dans les règles de l’art. Donc, elle n’est pas un escroc, elle n’a volé personne. Ce que voulait l’Etat, c’était juste la mettre en prison », sérine l’avocat outré.

ME BABOUCAR CISSE : «SI AIDA NDIONGUE AVAIT FAIT COMME AWA COUDOU NDIAYE, ELLE NE SERAIT PAS LA»

Dans la dynamique de déconstruire le réquisitoire de l’avocat général, Me Baboucar Cissé a soutenu que les faits reprochés aux prévenus ne sont pas établis. A l’en croire, l’avocat général fait du «djihad judiciaire» ou un «attentat judiciaire». Il y avait une sorte de tremblement de terre de magnitude 6.8 au parquet lorsque le Tribunal a rendu la décision d’instance. «C’est un mauvais dossier qui ne tient pas la route. L’Etat en a la pleine conscience; c’est pourquoi, il n’a pas relevé appel», argue Me Cissé qui invite la Cour à confirmer le jugement d’instance. Pour lui, il n’existe aucune infraction qui puisse être imputée aux prévenus. «S’il y a détournement, c’est toute la chaîne qui doit être démantelée, y compris les ministres qui ont été impliqués dans cette affaire. Si Aida Ndiongue avait fait comme Awa Coudou Ndiaye, elle ne serait pas là», clame Me Cissé qui estime qu’il y a encore des personnes dignes. Il n’a pas manqué de se désoler de la déperdition des valeurs au Sénégal qui, indique-t-il, va au fond du gouffre. Dans cette affaire, indique l’avocat, la seule victime est sa cliente Aïda Ndiongue car elle s’acquitte du paiement depuis six ans que le matériel est entreposé dans ses locaux.

ME MADICKE NIANG : «CE PROCES EST UNE ILLUSTRATION DE L’INSTRU- MENTALISATION DE LA JUSTICE»

Après les attaques contre l’appelant en l’occurrence le parquet, l’Etat également a essuyé les tirs groupés de la défense. Dans cet exercice Me Madické Niang n’y est pas allé du dos de la cuillère. «Ce dossier est une illustration de tout ce qui a été entrepris comme instrumentalisation de la justice pour régler des problèmes et des comptes politiques. Depuis quatre ans, l’instrumentalisation de la Justice a été très forte», tonne l’ancien ministre des Affaires Etrangères qui invite la Cour à dire le droit qui, relève-t-il, est contraire aux voeux ou aux manigances du régime en place. Il a prié pour que la justice puisse dire non aux hommes politiques. «Ces politiques ont utilisé la justice pour détruire les prévenus. On parle de marchés fictifs, de manœuvres frauduleuses, de détournements de deniers publics entre autres. Ce procès-verbal manque de sérieux», plaide Me Madické Niang qui révèle que le coordonnateur du Plan Jaxaay, en tant que directeur de cabinet d’un ministère, n’est pas impliqué dans ces considérations. «Permettez aux Sénégalais de croire à nouveau à la justice», conclut l’avocat.

ME AMADOU SALL: «MOO TEY» 

Me Abdou Dialy Kane se désole, pour sa part, du spectacle dont a fait montre l’Etat au cours de cette procédure. L’Etat, à l’en croire, se noie dans les faits et dans le droit. «Cette procédure n’est pas sérieuse, parce que son but, c’est d’accabler cette dame (Aïda Ndiongue). Infirmer cette décision, c’est condamner la Justice ellemême », soutient Me Kane. Revenant sur les «lanceurs d’alertes» qui, selon lui, ont été à l’origine de cette procédure en révélant que Aida Ndiongue possède de l’argent dans les banques, Me El Hadji Amadou Sall s’est mis à railler le président de l’Assemblée nationale en déclarant « Moo tey. Persuadé de l’innocence de l’ancienne sénatrice libérale, Me Seydou Diagne soutient que les auteurs de cet acharnement ne gagneront pas. «Vous (la Cour) êtes leur dernier maillon qui reste pour s’acharner sur elle», affirme Me Seydou Diagne qui est sûr de remporter ce feuilleton judiciaire car, ajoute-t-il, rien dans le dossier ne milite à l’infirmation du premier jugement.

ME OUSSEYNOU GAYE : «LA PREOCCUPATION DE L’ETAT ETAIT DE FAIRE MAIN BASSE SUR LES AVOIRS DE CETTE DAME»

Avocat de Madou Sall, Me Ousseynou Gaye, estime que son client a été installé dans cette affaire comme un cheveu dans la soupe. A en croire l’avocat, il est reproché à son client sur la «base d’une erreur manifeste» d’avoir sélectionné les entreprises bénéficiaires des marchés du Plan Jaxaay. «L’erreur commise par le parquet général a été de se tromper sur des dates et leurs chronologies. Nous avions lancé un défi à l’avocat général de nous prouver l’implication de Madou Sall dans cette procédure. Il ne l’a pas fait»,  s’écrie Me Gaye provocateur. Ainsi, il a dénoncé ce qu’il appelle «l’irresponsabilité de l’Etat» dans cette affaire qu’il assimile à une chasse aux sorcières. «C’est pourquoi, quand le tribunal a rendu une décision de relaxe, la Crei a déclenché une procédure contre Aïda Ndiongue. La préoccupation de l’Etat était de faire main basse sur les avoirs de cette dame. Ce sont des considérations politiques qui sont à l’origine de cette procédure. L’Etat voulait juste coincer cette dame, mais n’en a cure de ce qui se fait ici», plaide la robe noire. Les prévenus seront édifiés sur leur sort le 5 avril prochain. 

LA CONFISCATION DES BIENS DES PREVENUS DEMANDEE : L’avocat général enfonce le clou

Dans ses réquisitions, l’avocat général avait sollicité une demande de répression de cinq ans ferme contre tous les prévenus après confusion des peines en plus d’une amende individuelle de trois millions.
Toutefois, l’avocat général n’avait pas demandé la confiscation des biens des prévenus comme l’avait d’ailleurs sollicitée son collègue du parquet en instance. Cependant, au terme de ses réquisitions, l’agent judiciaire de l’Etat s’était rapproché du représentant du parquet général. Après des murmures à voix basse, l’avocat général a sollicité de nouveau la parole. Mais, c’était sans compter avec l’opposition catégorique des avocats de la défense qui avaient compris la teneur du message. C’est à la fin des plaidoiries, hier, que l’avocat général est revenu à la charge pour ajouter dans sa demande de répression, la confiscation des biens de l’ancienne sénatrice Aida Ndiongue et de ses co-prévenus. Voilà qui alourdit la sentence si elle est appliqué

LAS




Nouveau commentaire :
Facebook

Senxibar | SenArchive | Sen Tv | Flash actualité - Dernière minute | Politique | Société | Economie | Culture | Sport | Chronique | Faits Divers | Opinion | International | Sciences et Santé | Médias | Ils l'avaient dit | Emploi | Ramadan | Perdu de vue | Echos du tribunal | A la une | Achaud | resultats2012 | JOB | Theatre