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FARBA ET DOUDOU, LES ENFANTS GÂTÉS DE MACKY


Jeudi 3 Avril 2014

Ces deux là ne se refusent rien. Bien au chaud dans le cocon du Palais, on leur permet toutes leurs fantaisies. Magnanimes, certains proches de Macky évoquent la reconnaissance du Prince face à deux grands analphabètes qui ne possèdent pas encore toutes les mondanités ; jaloux, d’autres parlent plutôt de maraboutage taille Xxl.


Toujours est- il que «Nguur», traduit en français, peut donner : pouvoir, gouvernement, noces et libations... Et quand on insiste un peu sur le curseur, ça  peut aussi signifier «règne».

C’est cette deuxième signification qui est plus vécue chez nous. Le «nguur» -règne- plait davantage parce qu’il dégage plus de valeur ajoutée. Senghor et Diouf, par exemple, sans être de petits rois, avaient quand même leurs petits griots de poche. On peut ne plus se souvenir de leurs noms, tellement cela fait longtemps et, tellement certains d’entre eux ont été recyclés, mais Hadj Mansour est là pour nous en donner une idée de la puissance.

C’étaient les débuts du griot professionnel ou du griot attaché politiquement à une illustre famille. Un temps qui a pris provisoirement fin quand Wade s’installe dans le fauteuil présidentiel, mais une nouvelle ère s’ouvrit aussitôt, pour cette engeance dont personne ne parvient à voir l’utilité dans les affaires nationales. Avec le père de Karim, ce  fut l’avènement d’Ablaye Pèkhe, un jeune griot jockey des environs de Louga, apprenti de feu Abdoulaye Naar Samb, quand ce dernier était maître incontesté des hippodromes.

A la mort de ce grand communicateur, Pèkhe le remplaça immédiatement, car la place étant presque vacante. Puis, l’appétit venant en mangeant, l’intérimaire se fit bientôt une vraie place auprès d’un Wade débonnairement sénégalais, avec qui il partage d’ailleurs le même marabout et la même confrérie religieuse.

Finalement, Pèkhe, ce jeune griot, analphabète en français, en anglais et en arabe, mais laudateur hors pair et docteur en débrouillardise, finit pas s’incruster dans l’establishment. Pékhe était puissant et craint. Il ne pouvait venir  à l’idée d’un ministre ou d’un grand responsable politique de lui faire l’injure d’un chèque de 200.000 ou 500.000 francs, quand il est reçu. Proche du «roi», il a vite fait de monter les enchères. Il informait qui voulait, que le bonjour «baol baol» minimum requis pour un personnage de sa classe, tourne autour d’un million de francs. Voire deux, pour les plus nantis, compte tenu du nombre impressionnant de ceux qui sollicitent sa médiation, pour une promotion clando.

Cette ère devait-elle être révolue? Tout le monde le pensait, tout le monde le croyait après le départ de l’ancien président, surtout avec les promesses tamponnées Yonnu Yokkuté.

Mais à voir ce qui se passe ces derniers temps, force est de constater que les effluves de ce parfum féodal continuent de flotter dans nos murs.
On pensait, qu’en homme de rupture, comme il le proclamait,  Macky Sall allait mettre un terme à ces vieilleries traditionnelles, mais «taye la waloo gueneu aay !» A la vue de ce triste spectacle quotidien qu’offrent  Farba Ngom et Doudou Ndiaye Mbengue, les nouveaux griots attitrés de la république, il est permis de croire le contraire. Si le deuxième cité est un peu plus discret, le premier s’en fout et déconne pour deux. Chaque matin, vous pouvez  voir le griot pular faire le tour des ministères à sous ou des grandes directions nationales, et l’accueil qu’on lui réserve laisse pantois grands fonctionnaires et visiteurs professionnels.

Avant la deuxième alternance, Doudou Ndiaye Mbengue, un petit musicien sénégalais, émigré en Italie mais qui n’y avait pas fait fortune, avait cru bon de rentrer au pays et se bagarrer, comme tout le monde, dans la champ politique fructueux de l’avant élection. Il n’avait pour tout viatique qu’un tube chantant le mouridisme, mais ses préférences politiques (d’aucuns diront son flair), l’avaient vite conduit auprès d’un certain Macky Sall, candidat à la présidence de la République.

Parallèlement, Farba Ngom, un petit troubadour du Fouta, affutait ses premières armes, et jouait sur sa proximité avec les hommes politiques en vue et les hommes riches de son bled, pour se faire…du blé. Jusqu’au moment où il tomba à son tour sur le candidat Macky, un parent toucouleur de surcroit. Après adoubement, Macky en fera un député, un vrai, dans un parti en formation, qui ne compte pas beaucoup de militants.

Voilà pour ce qui est des hauts faits de ces deux braves laudateurs professionnels. Et en l’absence d’un numéro 1 désigné, voilà également ce qui explique leur cohabitation difficile, source de conflits latents qui les conduisent de plus en plus, à se donner en spectacle, même devant le chef de l’Etat et sa cour.

Macky a il le droit de nous imposer pareils escogriffes, même payés de sa propre poche ? Sûrement. Avant tout, il est sénégalais, riche et doit certainement apprécier les louanges, même si la plupart sont souvent stériles et affadis.

Mais, en tant que chef de l’Etat, peut-il les laisser empiéter sur les affaires de la république, comme l’avait fait  le désormais très dopé Farba Ngom, lors de l’installation de Mimi Touré?

Probablement pas. Et c’est là où les Sénégalais commencent à montrer une certaine lassitude face à des gens qui ne représentent rien, mais qui possèdent de tels pouvoirs que personne n’ose les affronter ouvertement. C’est dégradant pour tout ce que le pays compte de fils distingués, et ça nourrit beaucoup de frustrations contenues jusqu’ici.

Quand le Président de la République sifflera-t-il la fin de la récréation ?

SENEPLUS




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