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Politique

Exclusions ou départs tous azimuts de responsables: Karim, le ‘’Minotaure’’ du PDS


Mercredi 29 Mars 2017

Dans la politique comme dans la mythologie grecque, le duel fratricide pour la conquête du pouvoir est quasi éternel. Au Parti démocratique sénégalais, Karim Wade le fils d’Abdoulaye Wade semble être un gladiateur invincible. Tel un terminator, ses victimes au sein de la formation de son père ne se comptent plus. Farba Senghor et Pape Samba Mboup n’en seront certainement pas les derniers.


Exclusions ou départs tous azimuts de responsables: Karim, le ‘’Minotaure’’ du PDS
Farba Senghor et Pape Samba Mboup ont été exclus du Parti démocratique sénégalais. La décision a été prise avant-hier par le Secrétariat national. Aussitôt ‘’bannis’’ de la famille, l’un deux à savoir Farba Senghor, ‘’le Baye Fall de Me Wade’’, a accusé le fils de son mentor d’en être le commanditaire, tout en le qualifiant de méchant. ‘’Le problème fondamental du parti, c’est Karim Wade. Il est le malheur du pays et celui du Parti démocratique sénégalais. Depuis qu’il a commencé à mettre la main dans le fonctionnement de la formation politique en 2009, le président Abdoulaye Wade a perdu ses plus grands collaborateurs’’, fulmine-t-il.

Même si l’autre victime, en l’occurrence Papa Samba Mboup, ne l’a pas accusé cette fois-ci, préférant qualifier la décision de farce, il avait déjà désigné le fils de Wade comme étant son bourreau. C’était lors d’une sortie en début d’année. ‘’Karim Wade m’a fait la guerre. Il m’a mis dans cette situation où je suis obligé de chercher la dépense quotidienne. Karim Wade m’a suffisamment fait mal’’, se plaignait Alfred. Ce dernier ajoute que c’est parce qu’il a combattu la Génération du concret, le mouvement politique de Karim au sein du PDS, que ce dernier a essayé de l’éloigner de son père pour l’envoyer dans une ambassade. En procédant ainsi, l’ancien ministre ‘’du ciel et de la terre’’ sous le magistère de son père continue d’élaguer toutes les branches qui peuvent gêner sa marche. Il écarte les historiques du parti. ‘’Ceux qui sont sortis de la cuisse de Wade et qui sont capables de revendiquer la légitimité d’être des descendants de ce dernier’’, aux dires mêmes de Papa Samba Mboup.
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En fait, Karim Wade est à l’image du patron des Verts, Ousmane Tanor Dieng qui s’est débarrassé de tous ses adversaires dans le Parti socialiste, de Djibo Ka à Khalifa Sall, en passant par Moustapha Niasse, Souty Touré, Robert Sagna, Mamadou Diop, Abdoulaye Makhtar Diop, etc. Mais ces méthodes, Karim Wade les a sans doute héritées de son père Abdoulaye Wade. Ce dernier a lui aussi écarté tous ceux qui se sont opposés à lui à un moment ou à un autre. Fara Ndiaye, Serigne Diop, Idrissa Seck, Macky Sall, Modou Diagne Fada… sont tous passés à la guillotine  wadienne.

Arrivé au PDS après la victoire des libéraux en 2000, Karim Wade qui n’a jamais participé à la conquête du pouvoir va se retrouver au cœur de celui-ci après quelques années. Il a trouvé sur le terrain un puissant Idrissa Seck, numéro deux du parti et Premier ministre. Entre les deux hommes, ça n’a jamais été le parfait amour. De sorte que  Karim est soupçonné d’être à l’origine de la disgrâce du ‘’jardinier des rêves’’ de son père. D’aucuns disent même que c’est lui qui a adoubé Macky Sall, sans envergure à l’époque, pour porter le coup de grâce à l’ancien maire de Thiès. Toujours est-il que sa présence aux côtés de son pater marque le début de la brouille entre les hommes du ‘’butin’’. Idrissa Seck sera finalement exclu du PDS.

Si avec l’initiateur de la marche bleue, le duel a été feutré, ça n’a pas été le cas avec Macky Sall qui ne devait être qu’un figurant à l’image de l’actuel Secrétaire général adjoint, Oumar Sarr considéré comme bon à inaugurer les chrysanthèmes. Le maire de Fatick va prendre des galons très vite et avoir des ambitions. Il est écarté dans un premier temps à l’Assemblée nationale, pendant que Karim Wade devient le secrétaire permanent de l’Agence nationale pour l’organisation du sommet de la conférence islamique (Anoci), l’évènement qui devait le mettre ‘’en route vers le sommet’’.  Les ambitions présidentielles se précisaient dès lors. Mais après le sommet qui a eu lieu en 2008 à Dakar, Karim Wade est accusé de malversations de deniers publics.

‘’Je ne me rangerai jamais derrière ce gosse’’

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Pour le laver de tout soupçon, la commission des finances de l’Assemblée nationale décide de le  convoquer pour lui permettre de s’expliquer. En tant que président de l’institution, Macky Sall a signé le document contenant la proposition. Ce fut une erreur fatale. Il venait d’apposer sa signature sur son certificat de décès, en tant que numéro deux du PDS. De 5 ans, son mandat de président de la représentation nationale a été réduit à un an, à la  suite d’un vote des députés. Sa mise à mort ne va pas tarder. Ayant compris qu’il finirait au cimetière des ambitieux, il décide de partir avant d’être enterré. C’est ainsi qu’il démissionne de la présidence de l’Assemblée, de son poste de député, de maire de Fatick et de responsable du parti.

À partir de ce jour, Abdoulaye Wade a donné à son fils Karim un chèque à blanc. C’est à lui de tailler le PDS à sa mesure. Pour lui donner plus d’envergure, il lui donne une place importante dans le gouvernement. Karim est à la tête de 4 départements ministériels presque tous stratégiques. Ce qui lui vaut le nom de ministre du ciel et de la terre. Ce qui explique ses rivalités avec le Premier ministre d’alors Souleymane Ndéné Ndiaye. À un proche de Karim, le natif de Guinguinéo disait : ‘’Il n’y a qu’un seul gouvernement au Sénégal et c’est moi qui en suis le chef.’’ Bien avant cela, Ndéné avait clairement maintenu son refus de rester à l’ombre de Karim. ‘’Je ne me rangerai jamais derrière ce gosse’’, disait-il.

En 2009, Karim descend sur le terrain politique pour la première fois aux locales de 2009. Il se fera  laminé par Khalifa Sall qui en devient le maire pour la première  fois. Karim Wade qui a le handicap de la langue (wolof) va perdre jusque dans son bureau de vote. Pourtant quelques jours auparavant, il confiait à Mamoudou Ibra Kane de la RFM et à Mamoudou Wane (à l’époque Dirpub du quotidien l’Observateur), qu’il n’avait jamais perdu dans sa vie. Mais son père ferme les yeux sur cet échec. Le président Wade le présente comme le plus compétent du gouvernement et lui fait bénéficier d’une promotion. À partir de ce moment, Karim commence à indisposer l’opinion et une partie du PDS. Son papa, véritable bête politique, à quant à lui suivi la fibre paternelle plutôt que la raison. Le 23 juin 2011, il essaie de faire passer à l’Assemblée nationale une réforme institutionnelle instituant le ticket Président, vice-président. Face à la pression de la rue, Wade abdique. Paradoxalement, l’ambition de son fils et sa volonté de le soutenir n’en sont que plus grandes.

‘’Ce n’est pas parce que je suis avec Abdoulaye Wade que je deviens militant de Karim Wade’’

En 2012, le PDS perd le pouvoir. Un échec du ‘’pape du Sopi’’ qui s’explique largement par le refus par les Sénégalais d’un projet de dévolution monarchique. Et pourtant Wade et son fils ne s’avouent vaincus. Et ils ne vont pas non plus changer de fusil d’épaule. Karim est et reste patron du PDS, n’en déplaise aux caciques. Et même s’il est mis en prison en avril 2013, dans le cadre de la traque des biens mal acquis, il reste le boss. Par l’intermédiaire de son père et du ‘’figurant Oumar Sarr’’, il dirige le parti. ‘’Ce n’est pas parce que je suis avec Abdoulaye Wade que je deviens militant de Karim Wade’’, disait Pape Samba Mboup. Il n’est pas le seul à penser ainsi. Pape Diop, Abdoulaye Baldé, Ousmane Ngom et d’autres leaders de premier plan  quittent le navire bleu. Certains optent pour un éloignement discret, tous refusant d’être dirigés par Karim Wade.

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Qu’importe ! Le fils de Wade a un agenda et compte le dérouler. Même si le navire doit arriver vide au débarcadère, il reste le capitaine. Ainsi, sa candidature à la prochaine présidentielle est agitée. Si ses lieutenants comme Babacar  Gaye le considèrent comme le ‘’candidat naturel’, d’autres par contre commencent à exprimer leur hostilité. Interrogé sur la déclaration du porte-parole du PDS, Modou Diagne Fada, un des prétendants au trône, déclare : ‘’Je n’ai rien à dire, c’est son avis (Babacar Gaye). Cependant, si j’ai des choses à proposer, j’attends que l’instance habilitée (Comité directeur) se réunisse pour que j’en parle. Donc, pour le moment, il n’y a rien à dire. Je n’ai aucun commentaire à y faire, aucun.’’

‘’Le destin d’un dauphin, c’est de s’échouer sur le rivage’’ (Me Wade)

Aïda Mbodji, une candidate potentielle, refuse elle aussi d’envisager l’éventualité. “Karim Wade n’est pas candidat. C’est une invention de certains responsables du Pds qui, en réalité, ne rendent même pas service au parti car la priorité aujourd’hui est de rassembler tous les militants pour faire face à la tyrannie du régime actuel”. Elle va d’ailleurs initier une pétition pour la libération de l’initiateur du plan Takkal tout en écartant toute idée d’avoir un capitaine en prison.

Mais en mars 2015, ce qui devait arriver arriva. L’éventualité devient effective. Karim Wade est intronisé candidat du PDS lors d’un congrès et son père âgé de près  de 90 ans et vivant en France reste secrétaire général du parti. Souleymane Ndéné Ndiaye qui avait juré de ne jamais se ranger derrière le gosse réitère sa position. “Nous sommes solidaires de Karim pour ce qui lui arrive sur le plan judiciaire, mais sur le plan politique, nous n’apportons aucun soutien à Karim Meissa Wade. Si Dieu me prête vie, je serai candidat en 2017, Incha Allah. Il n’y a que Dieu qui puisse m’empêcher de me présenter”, se démarque-t-il. Il finira d’ailleurs lui aussi par quitter le PDS.

Modou Diagne Fada lui, demande à ce que le parti soit restitué. En réalité, c’était une manière sans doute d’accéder à la tête de la formation libérale et de trouver les moyens de remettre en cause la candidature de Karim. Il initie une fronde. ‘’Il y a des responsables qui évoluent au sein du parti et qui sont à même de postuler comme candidat à l’élection présidentielle prochaine. Il urge que ce principe soit accepté’’, lançait le coordonnateur de la dissidence, Saliou Diouf en octobre 2015. Ce qui fait dire aux inconditionnels du ‘’candidat exilé’’ qu’il y des ‘’encagoulés qui ne digèrent toujours pas le choix porté sur la personne de Karim Meissa Wade’’.

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Modou Diagne Fada va provoquer l’ire de Wade qui s’énerve lors d’une rencontre du parti. Il finit lui aussi par être exclu. Habib Sy va lui aussi, à sa manière, contester l’investiture de Karim. ‘’Je bénéficie de toute la légitimité pour être le plan B du Pds.’’ Une façon à peine voilée  de souhaiter l’échec de la candidature de Karim pour prendre son poste.  Aujourd’hui, avec tous ces départs dont il est la cause, Karim Wade lui, a fini de scier la branche sur laquelle il n’est même pas encore assis. En effet, à ce rythme de défection, c’est le navire du dauphin de Wade qui risque de ‘’s’échouer sur le rivage’’.



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