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Politique

Entretien - Bachir Diawara, Pds: "Macky Sall a peur de Karim Wade"


Vendredi 12 Avril 2013

Le délai de la mise en demeure de Karim Wade arrive à échéance ce lundi 15 Avril 2013. Le fils de l’ancien Président devra convaincre le procureur spécial de la licéité de ses avoirs. Dans un entretien accordé à Leral, l'ancien chef de Cabinet de l'ex-ministre d'Etat assure que Karim Wade et ses conseils n'auront aucune difficulté à démonter les accusations du Procureur spécial près de la Cour de répression de l'enrichissement illicite, Alioune Ndao. Bachir Diawara, par ailleurs membre du Comité directeur du Parti démocratique sénégalais, pense que le dossier Karim Wade est purement politique. Il dénonce l'acharnement du pouvoir qui, selon lui, veut diaboliser le leader de la Génération du Concret. Entretien.


Entretien - Bachir Diawara, Pds: "Macky Sall a peur de Karim Wade"
C’est ce lundi que le délai de la mise en demeure de Karim Wade va prendre fin. Pensez-vous que l’ancien ministre d’Etat a les arguments pour convaincre le Procureur spécial de la licéité de ses avoirs ? 

Nous attendons avec beaucoup de sérénité l’expiration de la date de mise en demeure de Karim Wade. Depuis le début de ce feuilleton judiciaire, Karim a gardé une sérénité imperturbable. Il a eu le sens de la mesure et un comportement exemplaire. A chaque fois, il a répondu avec sérénité et ses avocats aussi font de même. Karim et ses conseils ont suffisamment d’arguments techniques et juridiques pour battre en brèche les incriminations saugrenues du Procureur spécial près de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, Alioune Ndao. Nous considérons que c’est un dossier politique parce que dans la tête de Macky Sall, Karim Wade est un challenger potentiel pour 2017. Il faut donc le diaboliser et écorner son image de marque, le présenter comme un délinquant économique. 

Le patrimoine de Karim Wade serait estimé à près de 700 milliards. C’est quand même énorme. 

Le pouvoir veut divertir les Sénégalais par rapport aux questions fondamentales qui interpellent les populations. Il a une position d’impuissance parce qu’il manque d’inspiration et d’arguments techniques pour mener à bon escient des négociations financières internationales capables d’apporter une valeur ajoutée à notre économie. Les faits sont têtus et la réalité intangible. Aujourd’hui la morosité sociale causée par l’incurie a gagné des pans entiers des Sénégalais. 

Selon les conseils de Karim, le Procureur spécial réclame 694 milliards à leur client… 

(Il coupe) Il faut même s’attendre à d’autres accusations encore plus saugrenues. 694 milliards, même les Sénégalais qui ne sont pas initiés en matière de gestion d’un Etat savent que c’est du toc. Il s’agit tout simplement d’une manipulation de conscience ourdie par le pouvoir. Une manipulation qui est très maladroite parce que quand on va jusqu’à dire que Karim est le propriétaire de l’aéroport de Malabo en Guinée équatoriale étant entendu que l’aéroport d’un pays dépend de sa souveraineté. On accuse aussi Karim Wade d’être le propriétaire de Dubaï Port World. Sur cette question précise, « la lettre du continent » a publié une communication des autorités de Dubaï pour contester ces incriminations. Les autorités du pays sont profondément ancrées dans le mensonge d’Etat. Le mensonge est aujourd’hui érigé en mode de gouvernance et c’est la raison pour laquelle on passe tout notre temps à inventer des choses, à colporter des informations surréalistes pour entacher l’image d’un adversaire politique. 

Vous dites qu’il faut s’attendre à d’autres accusations. Est-ce que cela veut dire que Karim ira inévitablement en prison ? 

C’est ça la dynamique du pouvoir qui foule au pied les principes fondamentaux du droit. Pour ces autorités, l’affaire Karim Wade n’est pas une question de droit mais une question politique. Il faut donc user de tous les moyens politiques non conventionnels pour parvenir à anéantir Karim Wade. La seule préoccupation de Macky Sall, c’est de mener une vaste et pernicieuse campagne de déstabilisation contre Karim Wade. 

Vous ne craignez pas que Karim Wade aille en prison ? 

Quel que soit la situation, il réussira avec l’ensemble de ses avocats à prouver que ce que le pouvoir est en train de monter est aux antipodes de la vérité. Le Parti démocratique sénégalais et ses alliés, des organisations de défense des droits de l’homme et tous les Sénégalais pensent aujourd’hui qu’il est temps de se lever pour mettre définitivement un terme aux dérives autoritaires du régime de Macky Sall. Nous sommes en train de réfléchir sur un fond commun qui consistera à faire appliquer et faire respecter les principes du droit et la dignité humaine. Des éléments qui sont aujourd’hui le parent pauvre du Sénégal depuis l’avènement de Macky Sall au pouvoir. Ce combat ne relève plus de la responsabilité du Pds, c’est le combat de tous les patriotes sénégalais qui veulent préserver les fondamentaux de notre démocratie. Nous ferons face à la forfaiture. Pour le moment, il n’y a aucune base légale qui culpabilise Karim. Le pouvoir a préparé une grande batterie de calomnies contre Karim Wade. Nous sommes au courant qu’il y a des réunions secrètes à un niveau insoupçonné de l’Etat dont l’unique but est de peaufiner des stratégies de flagellation de Karim Wade et du Pds. Mais nous serons là pour défendre le droit et la liberté individuelle. 

Pensez-vous que le pouvoir a peur de Karim Wade ? 

Il y a un phénomène extraordinaire qui est arrivé au Sénégal depuis l’avènement de Macky Sall. Nous avons des autorités étatiques qui sont allergiques à l’opposition, aux critiques ou aux idées contraires. C’est dans leur comportement quotidien. Mais que ces autorités-là sachent que nous sommes dans un Etat de droit, et démocratique. Et que nullement nous n’accepterons que les principes de l’Etat de droit soient violés sous l’autel de règlements de comptes politiques. 

Pourquoi Macky aurait-il peur de Karim ? 

C’est un acteur public qui a exercé des fonctions de responsabilités. Mais ils ont peur de lui parce que c’est un homme qui garde toujours sa sérénité. Karim Wade a une sérénité troublante et dissuasive pour le pouvoir en place. Cela est un peu lié à son style, parce que d’habitude, c’est quelqu’un qui parle très peu. C’est également une personne qui est très attentive. Il sait quoi faire et quand. Karim Wade ne sera jamais ébranlé par des manœuvres dictatoriales qui visent à l’anéantir. C’est quelqu’un qui garde sa sérénité imperturbable en toute circonstance. 

Revenons sur la procédure des biens présumés mal acquis. Est-ce à dire qu’aucun d’entre vous n’est reprochable ? 

Nous avons été les premiers à souhaiter qu’il y ait la reddition des comptes pour toutes les personnes qui ont eu à occuper des postes de responsabilité, même si, par ailleurs, nous avons noté qu’il y a une discrimination dans le choix des personnes qu’il faut auditer. La Crei est illégale parce qu’étant un instrument politique utilisé par le pouvoir et ses ouailles pour museler les responsables politiques de l’opposition. Nous avons été toujours d’accord que quelqu’un qui a occupé des responsabilités puisse se mettre devant les Sénégalais pour se justifier. Nous sommes foncièrement d’accord à la transparence, à la reddition des comptes. Cependant ce que nous récusons c’est la discrimination et les manipulations qui sous-tendent cette affaire dite des biens mal acquis. 

Il s’agit tout simplement d’une parodie de justice pour attirer les pourvoyeurs de fonds classiques tels que la Fmi et la Banque mondiale. Ce que le pouvoir ignore, c’est que ce ne sont pas ces bailleurs de fonds classiques qui sont capables de booster l’émergence économique d’un pays. Nous sommes d’accord qu’il continue d’exister des rapports entre le Sénégal et les bailleurs de fonds classiques, à savoir les institutions de Bretton Woods et l’Agence française de développement. Mais il faudrait que ce pouvoir-là se rendre compte que le contexte de modernisation nous impose à aller à la diversification de la coopération internationale. En zoomant davantage sur des pays de l’Asie et l’ensemble des pays du Golfe. Mais ce gouvernement, à travers sa tortuosité, est en train de remettre en cause nos relations diplomatiques avec ces pays. 

De quelle manière ? 

Du fait des accusations saugrenues qui entachent l’image de marque de ces pays. On a voulu entacher nos relations avec des accusations selon lesquelles Karim Wade possèderait l’aéroport de Malabo, et le Dp World. Mais rien n’est encore joué. Parce qu’on peut s’attendre à des ruptures diplomatiques avec les pays concernés parce que la Guinée Equatoriale, à travers cette accusation inintelligente de l’Etat, s’est sentie blessée dans sa souveraineté nationale. Dubaï et l’ensemble des pays du Golfe se sont sentis offensés. Aujourd’hui, avec l’incurie et la témérité du pouvoir de Macky Sall, on est en train de multiplier les erreurs si bien que les relations diplomatiques risquent d’être détériorées. Ce que je voudrais dire enfin c’est que, dans tout pays où il y a un gouvernement de menteurs, on ne fait que produire des mensonges qui sont stériles au développement. 

Que pensez-vous des récentes sorties d’Idrissa Seck ? 

Je n’ai pas de commentaires à faire sur les sorties de Idrissa Seck. Le maire de Thiès n'a fait que des redites. C’est-à-dire qu’il ne fait que confirmer ce que disaient les responsables du Parti démocratique sénégalais(Pds) lorsque ce pouvoir-là a ameuté la presse nationale et internationale en disant que les caisses de l’Etat sont vides. C’était un alibi pour masquer leurs carences, leurs incompétences à diriger ce pays. Mais, aujourd’hui, l’histoire nous a donné raison. Donc, Idrissa Seck n’a fait que confirmer le Pds sur cette affaire. Mais, ce qui intrigue c’est pourquoi il a attendu pendant 13 mois pour se prononcer sur des questions précises. Son attitude et son comportement sont condamnables. Mais hélas, nous lui reconnaissons son autonomie de pensée et d’action, son planning de communication. Il devait le dire lorsque le Pds se défendait que les caisses de l’Etat n’étaient pas vides et que nous avions en face de nous un gouvernement qui tâtonne. 

N’êtes-vous pas en train de faire un clin d’œil à Idrissa Seck ? 

Non ! Il s’agit tout simplement de faire une relecture des faits. Idrissa Seck a parlé, nous n’avons pas de commentaire particulier à faire, sinon lui rappeler qu’il devait le dire il y a de cela 13 mois. Aujourd’hui, est ce que les Sénégalais ne se sentent pas meurtris par ses déclarations ? Je pense qu’il devait se prononcer depuis, au moins, pour éclairer l’opinion sur certaines questions. Le Pds l’avait fait. Mais comme nous étions au début du pouvoir de Macky Sall, personne ne nous a écoutés. Mais on a compris parce que le régime de Macky Sall avait des méthodes staliniennes sur lesquelles il s’appuyait pour endoctriner l’opinion. Il a réussi à faire croire aux populations que les dignitaires de l’ancien régime étaient des brigands qui avaient fini de piller les ressources nationales. Aujourd’hui, la vérité est tout autre parce que les Sénégalais ont vu leur lanterne éclairée… Maintenant, si Idrissa Seck pense qu’il peut faire un linkage avec la première formation d’opposition au Sénégal que nous sommes (le Pds), nous sommes entièrement d’accord. Nous sommes également d’accord avec tous les partis de l’opposition qui veulent s’inscrire en permanence sur la ligne de défense populaire. 

En tout cas on sent un certain rapprochement entre le Pds et le Rewmi. Peut-on s’attendre à une alliance demain ? 

Ce qu’il faut retenir pour le moment, c’est qu’il y a des convergences sur des points de vue sur des questions précises. Notamment sur le fait que les caisses de l’Etat n’étaient pas vides. Sur le fait que ce gouvernement a enlisé la jeunesse dans une situation d’inquiétude profonde. La jeunesse est en train de vivre un chômage exponentiel. Nous sommes d’accord avec lui (Idrissa Seck) sur sa vision de la morosité sociale. Nous l’avons dit à plusieurs reprises que ce gouvernement était incapable de régler le problème de l’éducation, de l’électrification. Le gouvernement de Macky Sall est en train de faire du dilatoire sur des questions sensibles. Ces pseudos concertations sur l’enseignement supérieur, un retour déguisé sur l’ajustement structurel comme on l’a connu en 1980 et 1981. Aujourd’hui, ce pouvoir est en train de trouver des subterfuges pour augmenter les droits d’inscription à l’université. De vouloir transformer l’université comme appartenant à un groupe de privilégiés, comme un îlot de forteresse isolé de la majorité du peuple sénégalais qui vit dans la précarité. On est en train de remettre en cause les acquis sociaux qui ont été engrangés par les étudiants sous Wade, à savoir la généralisation des bourses, de l’aide boursière et des bourses étrangères. Mais devant le manque de vision, ce gouvernement a complètement anéanti l’université. Tout cela fait qu’aujourd’hui nous sommes devant un cocktail explosif qui risque de faire sombrer le pays dans le chaos. Nous ne le souhaitons pas. Mais à ce rythme ce gouvernement est en train de susciter une indignation collective qui sera préjudiciable à la paix sociale. 

Entretien réalisé par Mamadou Lamine Diedhiou et Serigne Diaw (www.leral.net)




1.Posté par massamba le 12/04/2013 21:13
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