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Opinion

Edito de seneplus: Macky recouvre la normalité. Par Momar Seyni Ndiaye


Lundi 1 Février 2016

Il paraissait incongru de garder en prison des hommes politiques aux propos débordants, au moment où, la relance du dialogue politique autour du projet de réformes institutionnelles est d’actualité

Après avoir aligné les maladresses en fin d’année 2015, voilà que le Président Macky Sall se recadre dans la normalité de la clé voûte des institutions, qui ouvre les portes, plus qu’il ne les ferme. Comme pourrait-on dire, un Président normal, dans une démocratique en voie de maturation. Le bras de fer inutile qu’il n’a eu de cesse de mener contre ses ex-frères du PDS, le procès injuste et l’emprisonnement de Karim Wade, la restriction, voire l’interdiction, des marches et autres sit-in de l’opposition, des syndicats, de la société civile, et pour tout couronner l’embastillement d’une vingtaine de responsables libéraux avaient fortement entamé son image de démocrate et déclassé le Sénégal de son envieux rang d’État de droit, modèle en Afrique.

On avait de plus en plus du mal à reconnaître Macky Sall, lui-même victime de tant d’injustices, qui était subitement devenu père-fouettard face à des «gavroches» indécrottables dans leur logique de confrontation. Justement, on avait toutes les raisons de penser que le Président Sall, jadis calme et fin manœuvrier, qui a déjoué tous les pronostics en 2012, ne tomberait pas dans le piège que lui tendraient ses anciens frères contents de rendre le Sénégal ingouvernable. Ou d’en donner l’image externe.

Il est vrai que la violence verbale dans le clan libéral d’en face était d’une telle virulence, d’une agressivité que la tentation de mettre un coup d’arrêt à cette spirale était forte. Mais à côté de vraies raisons de s’indigner des débordements libéraux, le Président Sall a cédé à la tentative de rendre coup pour coup. Quitte à utiliser l’arme judiciaire devant des adversaires qui ne faisaient que prêter le flanc à dessein. Cela s’appelle de la provoc.

Ni les propos de Bara Gaye ni ceux d’Amadou Sall ni le vandalisme des jeunes libéraux ni les intolérables injures du Président Wade et les haineuses admonestations d’Oumar Sarr ne s’apparentaient à une opposition civilisée, orientée vers le combat d’idées. Bien au contraire, leurs actes autant que leurs délictueux comportements «méritaient» un recadrage, certes, mais proportionné à la hauteur d’une démocratie moderne, qui traite avec responsabilité et hauteur, ces inclassables débordements.

Pour avoir voulu freiner cette embardée libérale, sans doute pour avoir fait acte de contrition jusqu’à l’extrême limite, le Président Sall s’est retrouvé comme un protagoniste dans un infernal conflit fratricide. Du coup, il tombait dans le piège tendu par le PDS : créer un sentiment d’acharnement contre la principale force de l’opposition, faire croire à la prévalence d’un sentiment de revanche, d’une justice des vainqueurs. Faire oublier que la conflictualité est solidement ancrée dans l’ADN du PDS, centre de gravité de toutes les grandes séquences violentes de notre histoire politique. Il serait fastidieux de les énumérer.

Eh bien le PDS aura réussi son coup, car ces arrestations en cascade, ces jugements à la pelle ont élevé l’indice de victimisation des responsables libéraux, pourtant en pleine déliquescence. Le parti de Wade a visiblement mal supporté la perte du pouvoir : dislocation, démissions, bataille de succession, pourrissement d’un parti décapité, avec un peu de patience, le Président Sall aurait pu laisser le PDS s’enliser tout seul dans les ténèbres de ses querelles byzantines. Sans tomber dans l’angélisme et la faiblesse coupable.

Il a pensé accélérer sa décrépitude, il a obtenu l’effet contraire : le reflexe grégaire et l’appui des autres frères libéraux partis vers d’autres cieux. Qui aurait pu croire qu’Idrissa Seck et Abdoulaye Baldé auraient pu s’asseoir à la même table que Farba Senghor, Oumar Sarr, Babacar Gaye, Amadou Sall…, dans un front pour la transparence électorale ? C’est malgré lui que le Président Sall leur a donné ce salutaire coup de pouce pour rebondir et se régénérer.

Aujourd’hui, on peut bien dire que le Président s’est ressaisi. Les libertés provisoires et les peines d’apaisement accordés à Bara Gaye et probablement sous peu de temps, à Amadou Sall, Toussaint Manga, Victor Ciss, Oumar Sarr et même à un autre niveau, Aida Ndiongue, donnent le sentiment que le Président a levé pied dans un souci d’apaisement. Cette libéralité compulsive développe l’impression amère que le temps de la justice et le temps du Président se confondent. Et surtout que la conscience des juges croise un peu trop souvent les consignes présidentielles.

En tout cas, le Sénégal baigne depuis ces derniers jours, dans un sentiment de délivrance, après l’élargissement des «prisonniers politiques» libéraux. En espérant que cette correction disproportionnée va générer plus de mesure et de tempérance chez ces tonitruants opposants. De toute façon, il paraissait totalement incongru de garder en prison des hommes politiques aux propos débordants et aux comportements excessifs, au moment où, la relance du dialogue politique autour des quinze propositions de réformes institutionnelles du président, est plus que d’actualité.

L’annonce de la tenue du référendum pour le 29 mai après la saisine du Conseil constitutionnel et du Président de l’Assemblée nationale sur les préconisations du chef de l’Etat, est encore rassurante. Les balises sont posées. Le décor politique est planté. Les partis politiques voient clairement leurs lignes d’horizon jusqu’à la prochaine présidentielle. Les Sénégalais peuvent se préparer, sans doute à répondre à la cruciale question du référendum- qu’il faut tout de même formaliser-, car le calendrier républicain est ostensiblement affiché.

SENEPLUS





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