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Opinion

Édito de seneplus: Lâchage et lâcheté. Par Serigne Saliou Guèye


Mercredi 30 Décembre 2015

Quand on n’a rien à se reprocher, on doit avoir la conscience tranquille et l’intrépidité d’affronter n’importe quelle juridiction. Ce que Massata Diack n’ose pas faire nonobstant son plaidoyer pro-domo


Le 22 décembre, à travers les ondes de la RFM, Pape Massata Diack déclare : «Dans l’affaire de corruption dont on fait état avec les fonds russes, il n’y a rien de clair. Car, on a parlé d’un message du 29 juillet 2013 pour le financement de la campagne de 2012 au Sénégal. Il n’y a rien de cohérent dans tout ça. Sur cette affaire de corruption, mon père a peut-être parlé sous le poids de l’âge.»

À entendre le fils de Lamine Diack, qui est sorti de son mutisme pour s’exprimer sur le scandale de corruption dans lequel lui et son père sont impliqués, on serait tenté de dire que l’ex-président de l’IAAF serait sénescent ou atteint de la maladie d’Alzheimer au point de ne plus contrôler ses propos. Ses propos viennent contredire ce que le paternel a livré au juge Renaud Van Ruymbeke : « Je vous ai dit qu’il fallait à cette période gagner la bataille de Dakar, c’est-à-dire renverser le pouvoir en place dans mon pays, le SénégalIl fallait pour cela financer notamment le déplacement des jeunes afin de battre campagne, sensibiliser les gens à la citoyenneté. (…) J’avais donc besoin de financements pour louer les véhicules, des salles de meetings, pour fabriquer des tracts dans tous les villages et tous les quartiers de la ville. M. Balakhnichev (président de la Fédération russe d’athlétisme) faisait partie de l’équipe Poutine et à ce moment, il y avait ces problèmes de suspension des athlètes russes à quelques mois des championnats du monde en Russie. Nous nous sommes entendus, la Russie a financé. » Et Lamine Diack d’ajouter : «C’est Balakhnichev qui a organisé tout ça. Papa Massata Diack s’est occupé du financement avec Balakhnichev.»

Ces propos vont à l’antipode des dénégations de Diack fils qui s’est exprimé à la RFM : «Jamais, je n'ai participé à un financement politique russe. (…) Retenez que je n'ai jamais pris de l'argent russe et je n'ai jamais participé à un financement d'opposant sénégalais.» Avant de finir à la BBC Afrique : « Je rejette toutes ces allégations. Je n'ai jamais été impliqué dans un système de corruption ou d'extorsion de fonds des athlètes, je rejette totalement cela.»

Maintenant devant les propos aussi cohérents et clairs du président-père déchu de l’IAAF, le fils, agent marketing de la même structure, rétorque que le père gâteux, cacochyme et égrotant, ployant sous l’édredon du poids de la vieillesse, n’est plus maître de ses dires. Si on a bien compris Diack-fils, le père a besoin d’un examen psychiatrique pour donner un brevet de lucidité à ses réponses au juge français.

Cette sortie malencontreuse de Massata Diack brouille pitoyablement les pistes, les obscurcit plus qu’elle ne devait éclairer la lanterne des Sénégalais sur les prétendues sommes reçues par son père de la Fédération russe d’athlétisme. Parce que même si son père a avoué avoir bénéficié de ces financements, qui ont servi à combattre Abdoulaye Wade, il demeure que la partie russe, impliquée à travers la personne de Balakhnichev, rejette littéralement les allégations de l’ex-président de l’IAAF : « Ni moi ni ma fédération n’avons été impliqués dans une telle discussion ou affaire avec M. DiackCe type de business n’est pas de notre intérêt et pouvoir. Nous ne pouvons pas interférer dans les affaires intérieures du Sénégal. Pour moi, c’est clair. »

Ses contre-déclarations désinvoltes qui le lavent de tout soupçon de corruption se heurtent aux déclarations limpides de son père qui prouvent l’établissement de la corruption au sein de l’IAAF. En évoquant stérilement le poids de l’âge du père pour justifier ses propos auto-accusatoires, Massata, lâche, lâche le père. On pensait que l’agent marketing allait dégager la responsabilité du père, comme l’a fait Balakhnichev, mais il l’enfonce en évoquant le prétexte de l’âge avancé.

Ainsi il est établi en filigrane que le père est entaché par la corruption dont on l’accuse. Qu’importe la destination de l’argent, il reconnait implicitement que le père est au cœur du scandale. Qu’importent les 350 milliards que le père a fait rentrer dans les caisses de l’IAAF durant son magistère, qu’importent les importantes réserves qui rendront autonome l’instance mondiale de l’athlétisme d’ici 29 ans, comme le prétend le fils, ce qui est indéniable dans les propos de ce dernier, c’est que le père patauge dans ce bourbier de corruption qui éclabousse plusieurs membres de l’IAAF.

Aujourd’hui Massata Diack déclare urbi et orbi qu’il ne se rendra pas en France pour être interrogé sur les accusations portées contre lui par le père lui-même parce qu’il est citoyen sénégalais. Mais la justice étant universelle, Diack fils ne doit pas craindre d’être interrogé en terres françaises à l’instar du père en difficulté. Quand on n’a rien à se reprocher, on doit avoir la conscience tranquille et l’intrépidité d’affronter n’importe quelle juridiction. Ce que l’(in)fortuné Massata n’ose pas faire nonobstant son plaidoyer pro-domo à travers les tribunaux médiatiques.

SENEPLUS


La Rédaction


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