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Politique

Edito de Seneplus: Rendez-vous 2017 Par Serigne Saliou Guèye


Mardi 17 Novembre 2015

Même si l’idée de faire les sept ans devenait de plus en plus crédible, il est certain aujourd’hui que le Président Macky Sall mettra en jeu son mandat au bout de cinq ans


Invité de l’émission «Objection» de Sud Fm, dimanche 8 novembre 2015, Abdourahmane Diouf, le porte-parole du parti Rewmi, a indiqué que le chef de l’État, Macky Sall, est la seule personne qui connait la date exacte de la prochaine présidentielle. Cette situation clair-obscur est due à l’indécision du président de la République de réduire son mandat de sept à cinq ans en se l’auto-appliquant.

Il est vrai que dans son clan politique, des voix multiples se sont élevées pour soutenir que le Président n’est pas dans l’obligation de tenir une telle promesse puisqu’il a prêté serment pour sept ans. Et exercer un mandat de cinq ans serait une violation constitutionnelle de la part même du Gardien de la Constitution.

Même si plusieurs juristes restent divisés sur la voie à emprunter pour réduire le mandat présidentiel, il appert que le président de la République, le premier concerné, a choisi l’option référendaire pour atteindre cet objectif. Mais la saisine des sages du Conseil constitutionnel par le chef de l’Etat pour recueillir son avis sur la recevabilité d’une telle initiative a laissé perplexes et dubitatifs beaucoup de Sénégalais. Beaucoup y ont vu une manœuvre, voire un exutoire, pour se soustraire à sa promesse électorale et exercer les sept ans. Un constitutionnaliste comme le professeur Pape Demba Sy a indiqué qu’«il n’était pas utile de saisir le Conseil constitutionnel sur cette question de réduction du mandat dans le sens où ce dernier ne peut pas interdire au Président de réduire son mandat et de se l’appliquer».

L’alerte des chancelleries occidentales

Mais d’après des renseignements obtenus de sources fiables, le Président Macky Sall est aujourd’hui dans l’optique d’organiser les élections présidentielle et législatives en 2017. Même si dernièrement l’idée de faire les sept ans devenait de plus en plus crédible, il est certain aujourd’hui que le président de la République mettra en jeu son mandat en février 2017.

Qu’est-ce qui explique une telle revisitation qui s’apparente à un revirement discret ? À partir d’études et d’enquêtes sondagières menées séparément par leurs services au sein de population sénégalaise, l’Élysée et la Maison Blanche auraient attiré l’attention du Président Macky Sall sur le risque d’instabilité que pourraient engendrer la non-tenue de sa promesse de campagne.

Même si les cas diffèrent, il y a le risque pour le Sénégal de vivre les effets rémanents de la tension du 23 juin 2011 et de la décision du Conseil constitutionnel ayant donné quitus au président Abdoulaye Wade pour un troisième mandat.

Vouloir exercer le mandat jusqu’en 2019, reviendrait à plonger le Sénégal dans les risques d’une période d’instabilité de 2017 à 2019. Et dès lors que la présidentielle est maintenue à la date initiale de 2019, les législatives de 2017, la majorité peut changer de camp du fait de la désaffection populaire. Ce qui constitue un facteur d’instabilité institutionnelle puisqu’en cas de victoire de la majorité (ce qui reste une forte probabilité si le président de la République se dédit) on risque d’assister à une crise institutionnelle. La majorité parlementaire voudra constituer son gouvernement et imposer une cohabitation comme cela s’est passé en France successivement sous le règne de François Mitterrand et de Jacques Chirac. Seulement en France le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation (article 20, alinéa 1, Const.), et est responsable devant le Parlement (article 20, alinéa 20 Const.) alors qu’au Sénégal le gouvernement conduisant, coordonnant la politique de la Nation (article 53 alinéa 2, Const.) déterminée par le président de la République (article 42, alinéa 4) est responsable devant ce dernier et devant l’Assemblée nationale (article 53 alinéa 2, Const.).

On verrait mal une opposition majoritaire à l’Assemblée voter, conduire et coordonner une politique définie par un président adversaire politique. Pour éviter que le Sénégal ne tombe dans une ère de crises institutionnelles, les chancelleries occidentales, principales bailleresses des élections, ont «sommé» le Président Macky Sall de procéder aux réformes institutionnelles et de tenir la présidentielle en février 2017.

Aujourd’hui le chef de l’Etat est plus que jamais dans la perspective de mettre en jeu son mandat en 2017. Il est clair que les partisans du «oui» au référendum pour la réduction du mandat l’emporteront sur ceux du «non».

Consolidation et Reconquista

Aujourd’hui l’opposition qui semble attendre l’issue du référendum de 2017 pour se jeter sur le terrain électorale risque d’être surprise. Pendant ce temps Macky Sall et ses partisans ont commencé un travail en profondeur pour gagner la présidentielle au premier tour. C’est pourquoi un travail de conquête ou reconquête est en train d’être mené dans les zones perdues lors de la dernière présidentielle ou lors des locales de juin 2014.

Et la première des priorités est Dakar gagné par Khalifa Sall à qui on prête des intentions politiques de faire face à l’actuel président aux prochaines échéances électorales. Ce n’est pas pour rien que l’emprunt obligataire de Khalifa Sall qui mettrait Dakar au standard des villes modernes a été bloqué par le ministre des Finances Amadou Bâ. Aujourd’hui certains programmes de la mairie de Dakar sont hypothéqués du fait de l’Acte III de la Décentralisation qui a dépouillé la Ville au profit des communes et du blocage de ses emprunts sur le marché financier. Mais nonobstant ces difficultés, l’édile de la mairie de Dakar entend poursuivre ses investissements dans la capitale. En attestent les 4 milliards destinés à construire une rotonde devant accueillir les commerçants de Petersen.

La deuxième phase pour la Reconquista de Dakar est la nomination d’Abdoulaye Diouf comme ministre de la Gouvernance locale, donc de facto, patron du maire de Dakar. L’édile de Yoff est connu pour être l’opposant le plus farouche qui a toujours refusé la suprématie de Khalifa Sall à Dakar.

La troisième phase de cette opération de reconquête est la dislocation de l’Entité Cadak/Car et son dessaisissement de la gestion des ordures de Dakar au profit de l’Unité de coordination et de gestion des déchets solides (Ucg). Donc le pactole de 10 milliards que l’Etat mettait aux mains de son premier adversaire dans la capitale est sous le contrôle direct d’Abdoulaye Diouf Sarr, patron direct de l’Ucg.

La quatrième phase sera enclenchée bientôt par le ministre du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie, Diène Farba Sarr, avec son projet DVV c’est-à-dire «Dakar, ville verte». Ce programme s’attelle à l’aménagement d’espaces verts notamment à la place de l’indépendance, à la place de l’Obélisque, au Rond-point de la Patte d’Oie, la place du Souvenir africain, les allées Cheikh Sidaty Aïdara, le monument de la Renaissance et autres endroits susceptibles d’accueillir des personnes en quête d’air pur. Pourtant de telles initiatives risquent de créer des conflits de compétence, pour la réalisation d’un tel projet urbain, le ministre Diène Farba écarterait l’édile de Dakar à qui revient la politique d’urbanisation et d’embellissement de la capitale dakaroise.

Si des zones comme le Fouta, le Fouladou, le Sine et le Saloum semblent poser moins de difficulté pour l’Alliance pour la République (Apr) et ses alliés, la grande inconnue demeure, indépendamment de Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque, les villes à forte démographie électorale comme Thiès, Touba, Ziguinchor, et dans une moindre mesure Bambey, Diourbel, Mbacké, Bignona, Sédhiou.

Maintenant qu’il est sûr que la présidentielle se tiendra en 2017, quels sont la stratégie et le trésor d’ingéniosité que le pouvoir en place devra déployer pour assurer, en toute quiétude, au candidat Macky Sall, un second mandat au premier tour ? C’est la grande équation que la coalition présidentielle doit résoudre d’ici seize mois

SENEPLUS




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