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Opinion

Edito de Seneplus: L'HALLALI-Par Serigne Saliou Guèye


Lundi 27 Juin 2016

Il est de notoriété publique que la traque des biens mal acquis a commencé avec Karim Wade et s'est bouclée avec Karim Wade

Si la date 23 juin 2011 indélébilement marque la date de la chute du régime d'Abdoulaye Wade, si la date 23 juin 2016 marque historiquement la fin du compagnonnage de la Grande Bretagne avec l'Europe, la date du juin 2016 marquera mythiquement l'élargissement de Karim Wade, emprisonné depuis le 15 avril 2013 mais simultanément la fin de la traque des biens mal acquis. Jamais une libération n'aura connu autant de publicité et de rebondissements. Il y a eu une fièvre médiatique et politique dans laquelle le Sénégal était plongé depuis que le président a annoncé extra-muros la possibilité de libérer Karim Wade d'ici la fin de l'année.

Les unes des journaux, les réseaux sociaux, la place publique n'ont qu'un seul thème : la libération de Karim Wade. Son arrestation était spéciale, la cour qui le jugeait spéciale, son procès spécial, sa condamnation spéciale et sa libération spéciale. Sa libération est spéciale en cela qu'elle est assortie de conditions qui laissent croire à un exil temporaire dans un pays réputé être un terreau fertile de la corruption à outrance et un centre de financement du terrorisme international.

Curieusement, les services de l'Internet et la messagerie des téléphones portables n'ont pas été opérationnels à l'instant de sa sortie de bagne. Simple coïncidence ou cautèle bien réfléchie ? Ce modus operandi s'inspire de Denis Sassou Nguesso et d'Idriss Deby qui n'ont hésité pendant leurs élections présidentielles de couper toutes les télécommunications de leur pays pour mieux frauder et se maintenir au pouvoir contre la volonté de la majorité de leurs populations.

Cette libération du fils d'Abdoulaye Wade a été longtemps planifiée d'un commun accord entre le pouvoir, Abdoulaye Wade, le clergé mouride et le Qatar. Mais les choses se sont accélérées tout dernièrement quand, après le référendum, Macky Sall s'est rendu compte que l'électorat de Touba lui échappe encore nonobstant les investissements d'envergure consentis dans la capitale du mouridisme. Et des personnages de son entourage ainsi que des conseillers influents du khalife des mourides lui ont fait savoir que la fin de non-recevoir opposée à la demande du khalife concernant l'incarcération en a rajouté substantiellement à ses déconvenues électorales à Touba.

Dès lors, pour le chef de l'État, accéder à la demande califale en libérant Karim Wade pourrait infléchir positivement l'actuelle tendance lors des prochaines échéances électorales. Si le président Sall par l'entremise de Madické Niang a informé de l'élargissement de Karim Wade le guide religieux des mourides le 23 juin après la prière de la mi-journée, c'est parce que Touba a joué un rôle prépondérant dans le dénouement de l'affaire. Il faut signaler à son retour de l'Hexagone auquel il avait réservé la primeur la nouvelle afférente à la fin séjour carcéral du jeune et tout nouveau leader du Pds, le président de la République s'est rendu à Touba pour assurer au khalife sa volonté d'accéder à sa demande. Et ce n'est pas pour rien que le fils ainé du khalife ait été le premier à l'accueillir avant sa sortie express du territoire national. Tout cela montre que la sauvegarde d'intérêts politiciens aura pesé lourdement dans ce feuilleton politico-judiciaire dont le dernier épisode est marqué par la signature d'un protocole de Rebeuss dont le contenu demeure encore un mystère.

Aujourd'hui Karim est libre mais à quel prix ? Un malaise traverse la République parce que le chef de l'État qui promettait la bonne gouvernance et la fin du règne de l'impunité vient de sonner l'hallali de la traque des biens mal acquis. En dépit des fausses assurances du ministre de la Justice Sidiki Kaba et des simagrées d'Aminata Touré, il appert que la traque des pilleurs des deniers de la République (dont Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé, Samuel Sarr, Madické Niang et Ousmane Ngom), pour reprendre une expression de l'intrépide et hardi procureur spécial Alioune Ndao, vient de connaitre son épilogue avec cet élargissement de l'ancien ministre d'État chargé de la Coopération internationale, de l'Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures.

Il est de notoriété publique que la traque des biens mal acquis a commencé avec Karim Wade et s'est bouclée avec Karim Wade. D'ailleurs Ousmane Ngom figurant sur la liste noire du procureur spécial et étant cueilli un certain mercredi 20 juin 2012 dans un hôtel de Kolda par des éléments de la Brigade d'intervention polyvalente (B.I.P), menotté et conduit de force à Dakar, plastronne en compagnie du chef de l'État lors d'un voyage officiel en Guinée. Et dans l'optique du fameux rassemblement de la famille libérale, il est impensable que les huit grands pilleurs des deniers publics extraits prioritairement de la liste des vingt-cinq dignitaires libéraux ciblés par le Parquet spécial soient les prochains clients de la Cour de répression de l'enrichissement (CREI). Après le taïaut, cri d'assaut qui a sonné en juillet 2012 le démarrage de la chasse à courre des politiciens véreux, nous voici ce 23 juin 2016 à l'hallali avec en appoint un rituel de justifications non convaincantes.

C'est par acquit de conscience seulement que le Garde des Sceaux et certains matamores du pouvoir parlent profusément avec une fausse bravade que la traque se poursuivra. C'est aussi par acquit de conscience qu'ils se contorsionnent pour expliquer douloureusement la grâce dont Wade fils a bénéficié. Ils évoquent le pouvoir constitutionnel du président pour gracier qui il veut. Mais une telle posture est antinomique au principe de la justice et à la sauvegarde du bien public. Pour faire régner la justice, il faut donc juger selon l'esprit, et non selon la lettre de la loi, car c'est l'esprit de la loi et les circonstances qui doivent être appliquées.

D'ailleurs Saint Thomas d'Aquin dit clairement dans son ouvrage Somme théologique que "toute loi vise l'intérêt commun des hommes, et c'est seulement dans cette mesure qu'elle acquiert force et valeur de loi. Dans la mesure, au contraire, où elle ne réalise pas ce but, elle perd sa force d'obligation (…) Or, il arrive fréquemment que l'application d'une disposition légale devienne, en certains cas, extrêmement nuisible pour le bien public en règle générale (…) Et s'il surgit un cas où l'observation de telle loi soit préjudiciable au bien commun, celle-ci ne doit pas être observée".

Dans la traque des biens mal acquis, la grâce dont a bénéficié Karim Wade à son corps défendant est préjudiciable au bien public parce que non seulement elle donne un coup de Jarnac à une demande populaire mais aussi elle délivre à un blanc-seing et la liberté à tous ceux qui gèrent les biens de s'adonner à toutes sortes d'exactions financières.

SENEPLUS






1.Posté par aicha le 28/06/2016 23:00
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