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Edito de SENEPLUS: CHÂTIER POUR L’EXEMPLE Par Serigne Saliou GUEYE


Lundi 17 Août 2015

En janvier dernier, quand des élèves tchadiens redoublants la classe de terminale à Doba, dans le sud du Tchad, ont vu que leurs noms étaient biffés des listes des candidats devant se présenter à l’examen du baccalauréat, à cause des critères pédagogiques qui ne leur permettaient plus de se présenter une nouvelle fois, il y eut des manifestations scolaires qui ont vite débouché sur des actes de vandalisme, de pillage et de vols publics au point la police, après moult tirs de sommation, ont fini par ouvrir le feu sur les vandales. Bilan : un conducteur de moto et trois élèves. Côté policier : un mort. Et c’est grâce à la fermeté des forces policières que le calme est revenu et les autorités académiques ont maintenu que les élèves qui ont raté le bac l’année dernière et qui ont eu une moyenne inférieure à cinq ne sont pas retenus pour composer cette année.

En avril 2001, après deux jours d’émeutes organisées par les étudiants de l'université d'Addis-Abeba pour revendiquer une plus grande liberté, l’intervention policière pour ramener le calme dans la capitale sujette à des actes de vandalisme et de pillage incontrôlés, a provoqué la mort d'au moins dix étudiants et la fermeture de l’université pour une durée indéterminée.

En avril et mai 2014, des affrontements meurtriers dans différentes villes de la région australe de l’Éthiopie entre forces de l’ordre et étudiants ont coûté la vie à au moins 9 étudiants en Éthiopie. Les forces de l’ordre auraient tiré à bout portant sur des étudiants qui protestaient violemment contre l’accaparement de leurs terres par le gouvernement central. Finalement le calme est revenu dans cette région et en dépit des cris d’indignation des militants des droits-de-l’homme, le gouvernement dirigé par le défunt Meles Zenawi n’entendait point subir le diktat d’étudiants dont les manifestations récurrentes juraient avec son projet de remettre l’Éthiopie sur les rails de l’émergence économique.

Macky rudoyé, l’institution désacralisée

Si nous avons évoqué ces méthodes répressives de pays qui ne sont pas forcément des modèles de démocratie, ce n’est pas pour inciter notre police professionnelle à exercer de telles exactions mortifères sur nos étudiants, mais c’est pour montrer comment dans certains pays comment est réglée à tort ou à raison l’indiscipline estudiantine.

Les scènes de violence aveugle qui se sont passées récemment à l’université lors de la visite du président de la République, la première institution du pays, aurait pu déboucher sur une boucherie sanglante si les forces de l’ordre n’avaient pas géré ces moments de tension dans la sérénité. Dans aucun pays africain et même ailleurs, les forces de l’ordre n’auraient eu pareille maitrise pour massacrer les trublions lapidateurs. Il faut demander aux étudiants tchadiens ou éthiopiens qui ont récolté des balles mortelles comme réponse à leurs actes de vandalisme.

À voir en boucle sur les chaines télés et les réseaux sociaux, les images humiliantes d’un Président caillassé par une bande d’énergumènes sauvages et protégé par les boucliers de sa garde rapprochée impavide, on n’aurait pas crié à l’indignation si les forces de sécurité avaient fait usage de leurs armes parce que le respect et la vie de l’institution en dépendaient.

Que serait advenu si malencontreusement si le président de la République, atteint par une pierre, s’était retrouvé la tête dégoulinante de sang ? Les dégâts seraient incommensurables. Combien de fois des citoyens ont été privés injustement de leurs moyens de transports habituels pour vaquer à leurs occupations quotidiennes à cause de mouvement d’humeur d’étudiants qui n’hésitent pas, à la moindre occasion, d’ériger des barricades sur l’avenue Cheikh Anta Diop ? Au-delà de tout cela, on se demande, jusqu’à quand va-t-on laisser systématiquement les autorités académiques et gouvernementales se faire humilier par une bande de sauvageons et compromettre ainsi l’avenir du pays tout entier. On ne peut plus continuer depuis des décennies à laisser de soi-disant étudiants tenir en otage tout un pays et brûler les biens publics impunément.

La liberté de manifester est souvent une notion galvaudée que ses différents usages dans nos Républiques tendent à banaliser. On peut manifester, huer, conspuer le Président pour délivrer son message, c’est admissible en démocratie. Mais quand ces attitudes débordent le champ revendicatif et dérivent sur des jets de pierre violents, il devient impératif de mettre le holà et de situer les responsabilités avant qu’il ne soit trop tard.

Il est temps qu’on s’arrête et que l’on extirpe la bonne graine de l’ivraie. L’opération chirurgicale sera indubitablement douloureuse mais elle est curative. Pour cela, tous les fauteurs de troubles doivent pénalement poursuivis et académiquement sanctionnés.

La menace de l’article 80

Aujourd’hui que la police et la justice procèdent progressivement à l’arrestation des lapidateurs présumés du cortège présidentiel et que des voix s’élèvent pour crier à l’indignation, il y a lieu de se poser sans ambages des questions sur le degré de patriotisme et le sens du civisme de ces indignés situationnels. Ne pas condamner ces actes sauvages de bas étage et de bas étiage, c’est accepter dans notre pays que la première institution qu’incarne le premier d’entre nous, qui est dépositaire de la confiance populaire après une consultation démocratique, soit à la merci de voyous dont le seul objectif est de bafouer ou nier l’autorité présidentielle.

La furia avec laquelle un quarteron d’étudiants s’est déchainé sur le cortège du chef de l’Etat à l’université ne saurait être tolérée pour n’importe quel motif. De quelque chapelle ou coterie politique où l’on se situe, on doit condamner fermement ces actes de vandalisme qui détonnent avec le milieu universitaire qui est, par essence, un creuset de savoirs et de connaissances où s’affrontent toutes contradictions intellectuelles individuelles.

Le juge, après quelques jours de garde à vue, a placé sous mandat de dépôt les étudiants lapidateurs présumés, en l’occurrence El Hadji Diaw, Bara Ndiaye, Amadou Ndiaye et Ami Diouf. Aujourd’hui que ces étudiants sont accusés d’atteinte à la sureté de l’Etat, ils sont exposés à l’article 80 du code pénal qui sanctionne ces délits occasionnant des troubles à l’ordre public. En effet, ledit article stipule que «les manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves, à enfreindre les lois du pays, seront punis d’un emprisonnement de trois ans au moins et de cinq ans au plus et d’une amende de 1 00.000 à 1.500.000 francs».

Aujourd’hui pour l’exemple, la justice doit sévir sans tenir compte des cris d’orfraie des pseudo-militants des droits-de-l’homme, sans privilégier une seule piste comme le font entendre certains hommes du pouvoir. Si l’on se rend compte que des étudiants opposants comme du pouvoir ou d’autres mêmes apolitiques sont mêlés à ces actes de lapidation indignes d’un milieu intellectuel où doit primer la bataille des idées et des idéologies, la justice doit sévir sans parti-pris. C’est le meilleur paravent pour protéger la première institution de la République qui transcende la personne de Macky Sall puisqu’elle est une camisole dont peut se vêtir tout citoyen aspirant un jour à solliciter les suffrages de ses concitoyens pour diriger ce pays.
SENEPLUS





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