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Société

ETATS-UNIS:Obama offre une régularisation à cinq millions de sans-papiers


Vendredi 21 Novembre 2014

Déterminé à se passer du Congrès dont il dénonce l’inaction, le président américain Barack Obama devait offrir jeudi soir une régularisation provisoire à quelque cinq millions de clandestins, sur un total de 11 millions vivant aux États-Unis sous la menace d’une expulsion.

Lors d’une allocution solennelle depuis la Maison Blanche, M. Obama devait expliquer comment tout clandestin vivant depuis plus de cinq ans aux États-Unis, et ayant un enfant américain ou titulaire d’un statut de résident permanent, pourra obtenir un permis de travail de trois ans.

Depuis les régularisations massives de 1986, sous Ronald Reagan, toutes les tentatives de réforme du système d’immigration ont échoué. Estimant avoir fait preuve d’une«patience extraordinaire» avec le Congrès, M. Obama a averti depuis plusieurs semaines qu’il agirait seul pour répondre aux insuffisances d’un «système qui ne fonctionne plus». Début 2013, après la rédaction d’un projet de loi au Sénat par des ténors des deux partis, une fenêtre de tir était apparue. M. Obama estimait alors qu’un texte qui permettrait à des millions de personnes de «sortir de l’ombre» de la clandestinité était à portée de main. Mais la perspective d’un consensus au Congrès s’est rapidement éloignée et les discussions sont dans l’impasse depuis.

Soulignant que depuis un demi-siècle, «tous les présidents, démocrates comme républicains» ont usé de leurs prérogatives pour agir sur l’immigration sans solliciter l’aval du Congrès, l’exécutif américain affirme agir sur de solides bases légales. Les républicains, vent debout contre ces annonces présidentielles, ont mis en doute leur légalité et leur constitutionnalité, un élu évoquant même le «diktat d’un empereur».

La Maison Blanche, qui précise qu’un renforcement des contrôles aux frontières était également prévu dans l’arsenal des mesures présidentielles, indique que des critères stricts seront appliqués et qu’il ne s’agit en aucun cas d’une «porte ouverte» à tous les candidats à l’exil. «Si vous ne réunissez pas les conditions pour un sursis, vous pouvez vous attendre à être expulsé», résume un responsable sous couvert d’anonymat.

Assouplissement pour les permis de séjour

Le président américain annoncera par ailleurs un assouplissement des conditions d’accès au programme Daca («Deferred Action for Childhood Arrival»), lancé en 2012, qui offre des permis de séjour aux mineurs arrivés sur le territoire américain avant l’âge de 16 ans. Quelque 600 000 personnes en ont déjà bénéficié à ce jour. La tempête politique que cette annonce a déclenchée augure mal des relations entre le Congrès et la Maison Blanche dans les mois à venir. La donne politique vient en effet de changer à Washington, après la large victoire des républicains lors des élections législatives de mi-mandat du 4 novembre. Pour le sénateur du Kentucky Mitch McConnell, qui deviendra en janvier l’homme fort du Sénat, la démarche de M. Obama revient purement et simplement à «rejeter la voix des électeurs».

Désormais majoritaires à la Chambre des représentants comme au Sénat, les républicains ne peuvent bloquer un décret présidentiel, mais ils disposent de nombreuses armes pour rendre les deux dernières années d’Obama à la Maison Blanche difficiles. Certains élus ont évoqué la possibilité de contester ces décisions en justice. D’autres plaident pour une trêve des confirmations d’ambassadeurs, juges et responsables de l’administration nommés par le président américain, freinant ainsi le travail de l’exécutif. C’est la voie que préconise le sénateur texan Ted Cruz, farouche opposant de Barack Obama, qui voit dans cette «amnistie illégale» un «caprice du président».

Mais ce proche du Tea Party est loin de faire l’unanimité. Et à l’approche des primaires en vue de la présidentielle de 2016, le débat s’annonce animé au sein d’un parti qui aimerait séduire une partie de l’électorat hispanique, qui a voté à plus de 70% pour Barack Obama.

Pour le sénateur démocrate Robert Menendez, le déluge de critiques dont fait l’objet le président américain pour avoir décidé d’agir seul est «risible». «C’est le même parti républicain qui refuse de bouger sur une réforme de l’immigration depuis 2006», souligne-t-il, jugeant qu’il existe un antidote aux inquiétudes de ses adversaires politiques sur les décisions présidentielles: «Voter une loi».

Selon un sondage réalisé pour NBC/Wall Street Journal, 48% des Américains désapprouvent la démarche du président sur ce dossier, contre 38% qui y sont favorables.

GFM





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