ENQUETE: Révélations sur le naufrage de dimanche

SENXIBAR-On en sait un peu plus sur les conditions du naufrage le plus dramatique de l’histoire des traversées de clandestins de la mer méditerranée, dimanche et dans lequel il y avait des Sénégalais. Le journal «Le Point» a recueilli les témoignages de rescapés. Les semaines précédant la traversée, les immigrés entre 1 000 et 1 500, ont été rassemblés dans une ferme à proximité de Gergarish, à l'ouest de Tripoli, en Libye. «Ils dormaient par terre, sans couverture et se serraient les uns les autres pour se tenir chaud, raconte Saïd, jeune Somalien de 16 ans, un des 28. Nassir, un autre rescapé explique en fait qu’ils étaient «prisonniers» et étaient battus même lorsqu’ils demandaient à sortir faire pipi. Samedi, à la tombée de la nuit, ils sont conduits en camion sur une plage. Les émigrés rejoignent par canots le chalutier acheté d'Égypte, ils sont frappés parce que les passeurs étaient furieux. Visez la suite…

Ils avaient pensé pouvoir embarquer 1 200 émigrés, mais se rendaient compte que ce n'était pas possible. Pas de gilets de sauvetage, les clandestins sont divisés en trois classes : Les plus pauvres, qui ont payé 500 euros, sont enfermés dans la cale, ceux qui ont pu verser de 1 000 à 1 500 euros sont entassés sur le pont intermédiaire et ceux qui ont payé plus de 1 500 euros sont sur le pont. Quant au capitaine Mohamed Ali Malek (Tunisien de 27 ans), «il était saoul, avait un jerrican de vin et il fumait des joints», selon Saïd. Et quand le chalutier a heurté le cargo King Jacob, dérouté pour lui porter secours, certains migrants soulignent que le capitaine avait abandonné la barre pour se faire passer pour un clandestin. Dans l’affolement des clandestins, le bateau s'est renversé. «Ceux qui étaient dans la cale n'ont eu aucune chance. En cinq minutes, le chalutier a coulé», témoigne Saïd. Seuls 27 immigrants ont survécu.