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ÉDITO DE SENEPLUS: VERS LE MORTAL KOMBAT PAR SALIOU GUÈYE


Samedi 23 Janvier 2016

Dans ce maelström d’ambitions non dévoilées, l’APR notamment son chef, Macky Sall, ne fait pas mystère d’une candidature socialiste qui viendrait contrecarrer son vœu de rempiler à la Présidence


À l’occasion du 2e congrès ordinaire de Yoonu Askan Wi, tenu à Kaolack les 29 et 30 août 2015, Madièye Mbodj et ses camarades ont prôné une candidature de la Gauche à la prochaine élection présidentielle. Lors de cette rencontre qui avait pour thème : «La gauche à l’épreuve des élections, des coalitions et du pouvoir : expériences de 2000 à 2015», le délégué général Alassane Guissé avait particulièrement insisté sur la question de la candidature de la Gauche à la prochaine présidentielle. «En alliance avec les forces acquises à l’appropriation de cette candidature unique et à l’application des conclusions des Assises nationales, nous allons mener ce combat», avait-il dit en présence des responsables du PIT, de la LD, de Taaru Sénégal, de l’ORDC, de l’UDF/mbooloo mi, du RND, et du RTA/S.

Cette rencontre a également été un moment de brassage avec certains  mouvements de la Gauche comme le Rassemblement des travailleurs africains (RTA/S) de El Hadj Momar Samb et d’anciens responsables du Parti africain pour l’indépendance (PAI) en vue de la mise en place de la Conférence pour la démocratie et le socialisme (CDS). Cette rencontre préfigure une candidature de la Gauche dont le programme sera adossé aux conclusions des Assises.

Toutefois, cette plateforme de la Gauche historique, grande actrice des Assises, en mal d’un candidat charismatique qui peut en découdre avec le président de la République sortant, n’exclue pas de jeter son dévolu sur un candidat de la Gauche socio-démocrate dont le plus en vue, le plus certain et le plus aguerri aux combats politiques est Khalifa Sall. Ce dernier dont le parti a joué un rôle majeur dans les Assises est aujourd’hui adoubé par une bonne frange des socialistes pour porter les couleurs du Parti socialiste (PS) à la prochaine présidentielle.

En route vers la candidature

Lors de la rentrée récente de l’école du PS à la maison du parti à Colobane, beaucoup de militants socialistes ont scandé «Khalifa président !» pendant une bonne dizaine de minutes devant l’actuel secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng, au point que certains responsables ont cru à un coup monté par le maire de Dakar.

Des mouvements de soutien And Dollel Khalifa de Babacar Diop et Fal Khalifa Sall de la députée Aminata Diallo ne cachent plus leur désir de porter au pinacle leur mentor. Pour cela, ils ont procédé à un maillage sur l’ensemble du territoire national et stratégiquement ils comptent contraindre leur secrétaire général (encore indécis et peu disert sur la question) à clarifier le jeu sur la candidature socialiste à la prochaine présidentielle. Dans leur stratégie électoraliste, ils n’excluent pas de créer, avec d’autres socialistes acquis à leur cause, une crise politique au sein du PS pour que la candidature de Khalifa Sall ne se heurte à aucune pierre d’achoppement.

Parallèlement les forces politiques hétéroclites qui ont gagné les locales sous la houlette du maire de Dakar s’activent à poursuivre leur expérience au plan national. Ainsi la Coalition Taxawu Dakar veut se «nationaliser» sous le slogan Taxawu Sénégal. D’autres personnalités connues pour leur compétence dans la gestion de l’Etat comme l’ancien Premier ministre Mamadou Lamine Loum et l’ancien maire de Dakar Mamadou Diop travailleraient à mettre en selle Khalifa Sall pour les futures joutes électorales. Mais là où le bât blesse, c’est le mutisme tenace du maire de Dakar sur sa propre candidature. L’incertitude de la date de la présidentielle ajoutée à la position très nuancée, un brin amphigourique de Tanor, serait à l’origine de ce silence prudentiel et stratégique du secrétaire à la vie politique du PS.

Mais depuis quelques jours, les choses commencent à se clarifier du côté de la mairie de Dakar. Lors de la rencontre avec les militants de sa localité de Grand Yoff, le 16 janvier dernier, les ambitions de Khalifa Sall à la présidentielle sont enrobées dans cette phrase laconique : «Le Ps ne sera jamais un ‘parti yobaléma’ (à la remorque). Senghor et Abdou Diouf ont fait des choses dans le parti. Ousmane Tanor Dieng, dans des moments difficiles et périlleux, a su tenir le flambeau. Aujourd'hui avec lui, il faut que le parti reprenne sa place et revienne au pouvoir. Pour Sall, nul doute que le PS aura son candidat à la prochaine présidentielle.»

Cette phrase sonne non seulement comme un hommage aux trois dirigeants historiques du PS, à savoir Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Ousmane Tanor Dieng, mais aussi comme une annonce sibylline de sa candidature. Dans ce maelström d’ambitions non dévoilées et de jeu caché de part et d’autre, l’Alliance pour la République (Apr) notamment son chef ne fait pas mystère d’une candidature socialiste qui viendrait contrecarrer son vœu de rempiler à la présidence de la République.

Contrefeux du président Sall

Seulement en vrai monstre politique, le Président Macky Sall, loin des minimisations publiques et de l’indifférence ostensible de ses camarades de parti vis-à-vis de Khalifa Sall, prend au sérieux cette candidature du maire de Dakar. Sans avoir l’air d’y toucher, tout ce qui peut donner du succès politique à Khalifa, le pouvoir déploie un trésor d’ingéniosité pour le compromettre. Pour cela, il faut, avec des maroquins et des hochets, mettre en bride le PS qui pourrait parrainer une éventuelle candidature de son secrétaire à la vie politique.

Dans le régime actuel, tant au niveau de l’Assemblée nationale qu’au sein du gouvernement, le PS est omniprésent. Sans compter les agences et autres directions que gèrent des responsables socialistes. En sus, Ousmane Tanor est devenu le «conseiller n°1 occulte» en matière de politique étrangère. Et ce dernier ne cracherait pas sur le Haut conseil des collectivités territoriales.

D’ailleurs si la France a appuyé la candidature du Sénégal au Conseil de sécurité des Nations unies, le Secrétaire général du PS y a joué un rôle prépondérant.

Les Lébous constituant une communauté électorale importante, il devient nécessaire, voire impératif, de les courtiser surtout que historiquement ils votent socialiste. C’est pourquoi le Grand Serigne de Dakar, pur produit du PS, accompagné au palais des dignitaires, représentant les penthie a assuré, non sans quelques réticences, le soutien politique de sa communauté au Président Sall.

Il se susurre que le secrétaire général des Socialistes unis pour la renaissance du socialisme (SURS) se positionne comme le futur président de l’Assemblée nationale en cas de triomphe de la coalition présidentielle aux prochaines législatives.

L’Acte III de la décentralisation qui dépouille financièrement la mairie de Dakar est le premier acte administratif posé pour stopper l’ambition non avouée du maire de Dakar. En sus, ce n’est pas pour rien que l’emprunt obligataire de la mairie de Dakar (20 milliards) qui devait porter la capitale sénégalaise au rang des villes modernes a été bloqué par le ministre des Finances, Amadou Bâ, qui a invoqué des raisons techniques.

Ainsi le budget 2016 de la mairie de Dakar de 46 milliards de francs Cfa a connu une baisse de 1 milliard par rapport à l’exercice précédent. Certains programmes de la mairie de Dakar comme le pavage et l’éclairage de tous les quartiers de Dakar sont hypothéqués du fait de l’Acte III de la Décentralisation qui a dépouillé la Ville au profit des communes et du blocage de ses emprunts sur le marché financier. Malgré tout, le maire de Dakar a tenu à affirmer que la densification de l’éclairage public se poursuivra avec la réalisation de 5 000 points lumineux d’ici au mois d’avril.

La nomination d’Abdoulaye Diouf Sarr comme ministre de la Gouvernance locale, donc de facto, patron du maire de Dakar entre dans l’entreprise de neutralisation planifiée de l’édile de Dakar. Le maire de Yoff est connu pour être l’opposant le plus farouche qui a toujours contesté la suprématie de Khalifa Sall à Dakar. La dislocation de l’Entité Cadak/Car et son dessaisissement de la gestion des ordures de Dakar avec la complicité supposée de Diop Sy au profit de l’Unité de coordination et de gestion des déchets solides (Ucg) est le coup de Jarnac infligé au maire de Dakar pour le désavouer aux yeux des populations dakaroises qui souffrent des immondices d’ordures qui jonchent périodiquement les rues et quartiers de la capitale.

Aujourd’hui l’aménagement de la Place de l’Indépendance, de la Place de l’Obélisque et de la corniche Ouest est au centre de la guerre entre Khalifa Sall et Macky Sall via le ministre du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie, Diène Farba Sarr, lequel s’attelle mordicus à réaliser son projet «Dakar, ville verte». Ce programme s’attelle à l’aménagement d’espaces verts notamment à la place de l’Indépendance, à la place de l’Obélisque, au Rond-point de la Patte-d’Oie, la place du Souvenir africain, les allées Cheikh Sidaty Aïdara, le monument de la Renaissance et autres endroits susceptibles d’accueillir des personnes en quête d’endroit non pollué. Toutefois, le maire de Dakar a fait comprendre qu’il ne comptait pas renoncer à une seule parcelle de ses compétences et de son autorité.

Ainsi depuis 2012, ce duel à fleurets de moins en moins mouchetés est en train de virer en Mortal Kombat, chacune des deux têtes d’affiche jouant de sa fine lame et surtout de sa capacité de nuisance.
SENEPLUS




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