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Politique

EDITO DE SENEPLUS: LE SYNDROME SOCIALISTE Par Serigne Saliou Guèye


Mercredi 1 Avril 2015

La décision antidémocratique de faire de Karim Wade le candidat du Pds pour la présidentielle de 2017, a libéré certaines énergies qui attendaient l’outrecuidance wadienne pour acter leur départ

Le parti démocratique sénégalais (Pds) est-il en train de vivre ses derniers instants en tant que formation politique d’obédience libéralo-travailliste qui a eu à lutter pour l’avènement d’une République démocratique ? À voir les départs de pontes enregistrés depuis la perte du pouvoir, en mars 2012, on ne pourrait répondre que par l’affirmative.

En Afrique, plus particulièrement au Sénégal, la perte du pouvoir n’est pas signe de remobilisation, de régénérescence, de renouveau, d’introspection ; elle est le lieu de désagrégation, de déconfiture ou d’implosion.

Quand le Parti socialiste (Ps) a perdu le pouvoir en 2000, beaucoup de ses militants quittèrent, sans vergogne, le navire vert qui tanguait dans les eaux troubles de la défaite électorale, pour transhumer vers les plages bleues. Beaucoup de socialistes qui étaient aux responsabilités sous le magistère de Diouf ont tourné casaque quand leur gestion était épinglée par des audits. La crainte de poursuites pénales et/ou la recherche de prébendes poussèrent certains responsables socialistes à transhumer au Pds. Certains qui ont eu maille à partir avec la justice ont été absous, curieusement, par cette même justice. C’est le pretium doloris de la transhumance.

Ainsi feu Abdoulaye Diack, Aïda Mbodj, Sada Ndiaye, Léna Fall Diagne, Adama Sall, Abdourahmane Sow, Cora Fall, Mbaye Diouf, Aïda Ndiongue et sa sœur Bakhao ainsi que l’époux de cette dernière, Mame Birame Diouf, la défunte Tiéo Cissé Doucouré, André Sonko, Paul Ndong, Balla Moussa Daffé, Salif Bâ, feu Assane Diagne, Alassane Dialy Ndiaye, etc., ont troqué la rose au poing (logo du Ps) contre l’épi de maïs (logo du Pds).

Lobatt Fall a transhumé, lui, au Pds avant de déposer ses baluchons à l’Apr. Mbaye Jacques Diop a abandonné son compagnonnage avec Diouf dans l’entre-deux tours de la présidentielle de 2000. A ceux-là se sont ajoutés les départs des éléphants pour créer leur propre parti parce que ne reconnaissant plus le leadership d’Ousmane Tanor qu’un Abdou Diouf leur avait imposé en 1996 lors du mémorable congrès sans débat. Il s’agit de Souty Touré, Abdoulaye Makhtar Diop, Mamadou Diop et Robert Sagna.

Nonobstant ces nombreux départs, le Ps, affaibli, a tenu le coup aux élections législatives subséquentes en se classant deuxième force politique après le Pds qui l’a vidé de son sang. Même si les transhumants et les démissionnaires ont été qualifiés péjorativement de mauvaise graisse, le mammouth socialiste ne s’est pas remis de ces nombreux départs. Et depuis 2000, le score électoral du Ps ne cesse de s’étioler.

Aujourd’hui le Pds, qui a perdu le pouvoir en 2012, subit à son tour les mêmes turbulences que le Ps en 2000. Pape Diop, Abdoulaye Baldé, Thierno Lô, Kalidou Diallo et Aminata Lô n’ont pas mis de temps pour créer leur mouvement politique et s’affranchir de la tutelle wadienne. Abdou Fall et Sitor Ndour ont préféré créer des regroupements politiques avant de se saborder au sein de l’Alliance pour la République (Apr). Seydou Diouf, Innocence Ntap Ndiaye, Moustapha Sourang, Bécaye Diop, Modibo Diop, Awa Ndiaye et Baïla Wane ont rejoint avec armes et bagages les prairies marron-beige. Ousmane Ngom et Iba Der Thiam sont en stand-by, s’ils n’ont pas déjà changé de camp officieusement.

Même si le Pds s’est retrouvé avec moins de députés dans la présente législature et a perdu plusieurs collectivités locales, force est de dire qu’il a résisté en se positionnant comme la deuxième force politique du Sénégal. Mais la défaite de mars 2012 n’a pas servi de pédagogie à Abdoulaye Wade pour reformater son parti en déliquescence. À la place d’une réforme en profondeur, le pontife du Sopi a préféré le statu quo en confiant le parti à Oumar Sarr pour chauffer la place en attendant d’affiner une stratégie dévolutive pour son fils Karim Wade.

D’ailleurs toute la classe politique libérale s’était formalisée du choix d’Oumar Sarr dont le charisme et les compétences politiques ne prédestinent pas à la coordination des activités du Pds. Mais pour freiner l’ambition des apparatchiks dont chacun se voyait le légataire légitime du Pds, Abdoulaye Wade a préféré confier provisoirement son patrimoine politique au dévoué et non-ambitieux maire de Dagana. Ce jeu de clair-obscur a beaucoup pesé sur les dissensions intestines dirigées par Aïda Mbodj qui a créé son mouvement politique Alliance nationale pour la démocratie/Saxal Sénégal tout en restant au sein du Pds. Habib Sy a fait de même avec «Vision pour un Sénégal nouveau». D’ailleurs, la situation carcérale de Karim Wade le pousse prématurément à s’auto-investir candidat de substitution.

Serigne Mbacké Ndiaye nage dans le flou. Souleymane Ndéné Ndiaye et Modou Fada, qui ont toujours attendu le congrès de renouvellement de l’organigramme libéral, se sont préparés à toute éventualité de dissidence.

Mais la décision antidémocratique de mettre Karim Wade à la tête du Pds, puisqu’il en est le porte-étendard pour la présidentielle de 2017, a libéré certaines énergies qui attendaient la bêtise wadienne pour acter leur départ du Pds. C’est ainsi que Souleymane Ndéné Ndiaye, qui a toujours soutenu inflexiblement qu’il ne serait jamais derrière Karim Wade au moment de la toute-puissance de ce dernier, vient de l’officialiser en décidant de quitter le navire bleu vacillant dans un océan de turbulences. Ndéné qui part, c’est un symbole fort du Pds qui tombe même si son poids politique reste encore confidentiel.

Cependant c’est une saignée qui atrophie encore le Pds. Certainement des hâbleurs de la trempe de Babacar Gaye, Woré Sarr, Oumar Sarr, Lamine Bâ et Baba Wane joueront à l’autruche en parlant d’une feuille morte qui se sépare de l’arbre libéral resplendissant encore de vie. Mais ce sont ces analyses abracadabrantes, irréfléchies et ces orgueils malhabiles, fléchissant devant les stratégies opératoires de consolidation de l’effectif et de reconquête de l’électorat perdu, qui ont plongé le Ps et l’Afp dans une descente aux enfers sans fin

SENEPLUS





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