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ÉDITO DE SENEPLUS: JEU DE DUPES! PAR MOMAR SEYNI NDIAYE


Mercredi 26 Août 2015

Khalifa Sall nourrit une folle envie d’en découdre avec Macky Sall, mais refuse de se découvrir pour l’heure. Tant que, du moins, le ciel du paysage politique ne sera pas dégagé de ses incertitudes

Le maire de Dakar, Khalifa Sall, figure de proue et probable porte-drapeau du Parti socialiste aux prochaines élections présidentielles, se débat dans un grand dilemme. Entre l’obligation d’assumer son destin politique et le devoir de préserver sa loyauté au secrétaire général du PS, Ousmane Tanor Dieng, il ne sait plus où donner de la tête.

Il semblait pourtant orienter son choix définitif en laissant essaimer des mouvements de soutien en faveur de sa candidature. Comme si las d’attendre, il plantait un aiguillon dans les flancs du PS, pour mettre Tanor devant le fait accompli. Il comptait ainsi rendre sa candidature naturelle et inéluctable. Mais contre toute attente, le maire de Dakar a déjoué.

Dans une récente déclaration, il s’est enfin arraché à son pesant et long mutisme pour tenter de contenir la marée de supputations qui déferle sur ses rapports avec Tanor et sa potentielle candidature à la prochaine présidentielle.

Comme un maître d’école, dépassé par le tohu-bohu du préau, il a tenté de siffler la fin de la récréation, pour que ces sollicitations ne parviennent plus à ses oreilles. Sa réplique est trop sèche, trop péremptoire et sans doute trop expéditive, pour être sincère. Quel homme politique ne rêverait d’être si adulé ? Quel potentiel candidat à une élection présidentielle, même improbable, n’aimerait pas bénéficier de la présente cote d’estime de Khalifa Sall ?

Donner un coup d’arrêt à la prolifération des mouvements de soutien ou réaffirmer son engagement, sa fidélité et même son amitié au secrétaire général du PS relèvent du même souci : tenter de maîtriser un processus bourré d’inconnues, dans un contexte de totale incertitude.

Laisser perdurer une telle situation serait pour le maire de Dakar, prendre le risque d’apparaître comme un candidat ectoplasme indécis et dans le même temps attiser la dégradation des rapports entre le PS et le camp présidentiel. Ce contre-feu allumé par le maire de Dakar, relève de la stratégie politique. Il a une folle envie d’en découdre avec Macky Sall, mais refuse de se découvrir pour l’heure. Tant que, du moins, le ciel du paysage politique ne sera pas plus dégagé de ses incertitudes.

Ce n’est pas un hasard, si le coup de colère de Khalifa Sall intervient après des informations faisant état d’une éventuelle médiation du Président Abdou Diouf, pour rapprocher encore plus le PS du Président Sall. Le maire de Dakar veut-il donner une chance à un rabibochage incertain ? Ne serait-ce que pour calmer la tension grandissante entre les deux alliés de la coalition Benno Bokk Yakaar ? Ou alors cherche-t-il à jouer la montre en attendant que le Président Sall définisse un calendrier clair pour les échéances à venir ?

En effet, devant l’incertitude d’une réduction du mandat présidentiel, le PS et Khalifa Sall n’ont pas beaucoup de visibilité ou de marge de manœuvre. Leur esprit balance entre assumer leur destin présidentiel et rester le plus longtemps au gouvernement pour jouir des opportunités du pouvoir. Une déclaration d’intention ou la montée en puissance du candidat potentiel Khalifa Sall avec la propagation de ses soutiens pourraient précipiter le sort gouvernemental du PS. Et du coup priver ce parti de moyens de subsistance, lui qui en a été sevré durant les douze années de gestion wadiste.

Candidat déclaré le maire de Dakar ne pourrait jamais se passer des aubades du PS. Tant que durera la présence du PS au gouvernement, c’est tout «bénef» pour Khalifa Sall, car c’est autant de moyens engrangés au profit de sa campagne. Or l’apparente situation d’accalmie entre le PS et le camp présidentiel, profite largement aux Socialistes et à leur candidat potentiel.

Khalifa Sall accepte donc de se faire un moment oublier, pour bien se préparer à la gestion d’une situation critique. Coup de bluff ou intelligence situationnelle ? À moins que le coup de sifflet de Khalifa Sall ne soit, avec le recul, le fruit d’une conditionnalité posée par le camp présidentiel, pour créer plus de sérénité dans les relations. Et… pourquoi pas, laisser le Président Sall dérouler tranquillement son programme de reconquête de l’opinion avec ses interminables inaugurations et autres conseils ministériels délocalisés.

Il n’est pas exclu que le Président Diouf ait pu intercéder à ce niveau pour freiner les ardeurs guerrières de son ex-poulain Khalifa Sall. Et renvoyer l’ascenseur à Macky Sall, qui lui a fait un grand honneur lors du sommet de la Francophonie à Dakar en octobre dernier.

Le Président Diouf peut-il tenir en laisse le PS et Khalifa Sall et les brider au profit de Macky Sall, devenu son allié naturel ? Rien n’est moins sûr ! Pour avoir abandonné le PS dans la nasse en coupant les ponts avec son parti depuis sa défaite, Diouf n’a plus toute la légitimité pour influencer le destin des socialistes. Encore faudrait-il prouver qu’il en ait l’intention ?

En attendant le Président Sall tente de reprendre la main dans un contexte politiquement difficile où l’érosion de son image est évidente. Et ce, en dépit de sa démonstration d’efficacité gouvernementale à travers la kyrielle de projets qui sortent de terre tous les jours.

Désormais, porteur d’une vision à travers le PSE, bien lancé, il cherche tant bien que mal de convaincre les Sénégalais de la croissance inclusive qui en découlerait d’ici à 2017. Une véritable quadrature du cercle, car après un long état de grâce accordé au Président, les Sénégalais ont le moral en berne et traquent désespérément des lueurs d’espoirs.

Khalifa Sall pourra t-il répondre à leurs attentes ? Rien n’est moins sûr. Encore faudrait-il qu’il accepte de faire le saut psychologique qui le libérera de ses nombreuses contraintes politiques et relationnelles.

En restant volontairement flou sur son calendrier des deux prochaines années, le Président contrôle le jeu et réduit la marge de manœuvre de ses alliés tentés par la rupture de ban. Il a réussi à contenir le PDS, en emprisonnant des éléments irréductibles et aussi en attirant vers ses prairies, les plus fragiles. Et dans sa besace, il compte désormais le «régimiste» Djibo Kâ toujours prêt à regagner le banquet des vainqueurs.

Mais la stratégie de Macky Sall peut dépasser les horizons actuels et pourrait engloutir un autre homme politique fluctuant à satiété, Malick Gakou leader du Grand Parti. Un grand jeu de dupes se déroule dans la classe politique. Macky Sall et Khalifa Sall en sont les principaux protagonistes. Mais derrière ce rideau (véritable écran de fumée) d’autres jeux d’ombre sont légion.
SENEPLUS





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