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Opinion

ÉDITO DE SENEPLUS: AMATEURISME ET INCOMPÉTENCE PAR SALIOU GUÈYE


Mercredi 7 Octobre 2015

C’est une honte de voir l’actuel régime étaler son incapacité à organiser le voyage de seulement 10 000 personnes à La Mecque. À cela, il faut ajouter la gestion léthargique de la communication.

Depuis que le Sénégal envoie des pèlerins à La Mecque, c’est la première fois que des fidèles, au nombre de 131, sont laissés en rade alors qu’ils avaient rempli toutes les formalités administratives, médicales et financières. Depuis plus d’une décennie, il ne se passe seul pèlerinage où on ne constate des défaillances organisationnelles, mais on n’en n’était jamais arrivé à une situation pareille. C’est le seuil du dilettantisme et de l’incompétence.

C’est dire que depuis le départ de Rawane Mbaye, qui gérait avec un relatif brio le commissariat général au pèlerinage, sous le régime socialiste, jamais l’Etat n’a mis pas les hommes qu’il faut à la place qu’il faut à la tête de ladite structure.

Soutenir que les pèlerins laissés en rade tient du fait que le Sénégal a dépassé le quota autorisé pour disposer du visa saoudien, c’est manquer de respect à ces derniers. Les dépassements, c’est la marque de fabrique du Sénégal. Dans tous les secteurs, on constate ces dépassements : dans les budgets de fonctionnement, dans les transports urbains et ruraux, dans les salles de classe des écoles et amphis des universités publiques, dans les stades, dans les centres culturels, dans les dépôts d’ordure…

Quand le bateau le Joola a chaviré avec ses 2000 passagers alors qu’il ne devait en transporter que 600, il y avait une sorte d’introspection spontanée, une révision de nos comportements et un abandon de certaines de nos mauvaises habitudes. Mais hélas l’indiscipline est revenue au galop. Quelques mois après le drame du ferry, on est retombés dans nos travers et chaque fois, c’est la vie de milliers de personnes qui sont compromises à cause de nos comportements exécrables.

Le Grand théâtre, qui est la dernière grande infrastructure culturelle de notre pays, recueille plus de spectateurs que prévus à chaque manifestation. Et le jour où il y aura une bousculade ou un incendie, on risque de compter les morts par centaines. Je ne parle même pas de ces minibus Tata aux heures de pointe. Ils sont bondés de personnes jusqu’à être inclinés. Et pourtant rien n’est fait pour arrêter ces dérives.

Priorité aux 93 pèlerins de la Première dame

Pour en revenir aux ratés organisationnels de La Mecque, c’est le lieu de dire que c’est une honte de voir que l’actuel régime étale toute son incompétence et son amateurisme pour organiser le voyage de seulement 10 000 personnes aux terres saintes de l’islam. Si en conseil des ministres, le président de la République est monté au créneau pour sommer le ministre des Affaires étrangères de convoyer des pèlerins dans un vol spécial, c’est parce que Mankeur Ndiaye a montré ses limites au poste actuel qu’il occupe.

Mais là aussi, on déplore la discrimination qui a été faite pour convoyer 93 personnes dans un avion qui pouvait en prendre 300. Et l’essentiel de ces bienheureux est constitué de pèlerins ayant bénéficié de billets offerts par la Première dame, Marième Faye Sall. Et au lieu de tenir un langage de vérité aux malheureux qui ne pouvaient plus disposer du sésame saoudien, les autorités ont préféré les abandonner dans le hangar de l’aéroport sous la chaleur, le vent et la pluie en sus de la faim et de la soif. Personne pour les soulager avec seulement un brin de communication au point que certains candidats au pèlerinage, conscients que l’Arabie Saoudite a fermé son espace aérien, ont émis même l’idée de se suicider ou rester à Dakar plutôt que de retourner auprès des siens parce qu’éprouvant une certaine honte très compréhensible.

Si dans son intervention lors de la prière de l’Aïd, le chef de l’État a émis le vœu d’appeler à une concertation de l’ensemble des forces qui peuvent contribuer à une bonne organisation du hajj, il y a de quoi se poser des questions sur la compétence de nos dirigeants.

Il faut toutefois souligner que la politisation ou la «népotisation» de la nomination du commissaire au pèlerinage et la cooptation des autres membres auxiliaires ne sont pas étrangères à cette série de couacs répétitifs. On choisit les personnes en vertu de couleurs politiques, de leur famille et non de leurs expertise et compétence avérées. Nonobstant les plaintes et complaintes d’année en année des fidèles sur leurs conditions douloureuses d’accomplissement du 5e pilier de l’islam, aucun remède sérieux n’est préconisé du côté des autorités étatiques. Rien que des sédatifs dolosifs qui finissent par empirer le mal. C’est donc dire que le calvaire des Sisyphes-pèlerins est loin d’arriver à son terme.

Le Premier ministre aux abonnés absents

À cela, il faut ajouter la gestion léthargique de la communication afférente au drame survenu à la Mecque. On constate une dissonance constante entre le nombre de décès annoncé par les autorités et les chiffres les journalistes envoyés spéciaux des rédactions privées. Les familles des pèlerins ont morflé avant l’installation tardive de la cellule de crise qui ne se réduit qu’à la disponibilité d’un numéro vert. Comme pour nous prouver que «le gouvernement n’a ménagé aucun effort» pour le traitement de l’affaire, la RTS nous bombarde ostensiblement les images d’un Premier ministre insensible et atone qui se rend furtivement à la Commission préposée à l’organisation du pèlerinage avec une enveloppe d’argent.

Quelle est l’utilité de cette somme au moment sept de nos compatriotes sont déjà annoncés parmi les morts et que presque une trentaine de fidèles est portée disparue sans parler du nombre des blessés ? D’ailleurs il s’est même permis de se dédouaner en soutenant que les officiels saoudiens en charge de son hospitalité lui ont accordé une faveur pour qu’il se rende momentanément au quartier général de la Commission, En pareille circonstance, Mouhamed Dionne aurait joué sua sponte le rôle d’un vrai ministre (serviteur au sens latin du terme) et coordonner et organiser toutes les actions au niveau de la Commission dépassée par les événements. Mais on n’a jamais senti son implication réelle dans l’assistance aux victimes du drame de Mina qui frappe le peuple sénégalais.

Quant à Mankeur Ndiaye, après avoir villégiaturé à New-York, est aujourd’hui à Ryad pour «gérer la situation au plus haut niveau politique». Mais déjà à entendre le ministre saoudien de la Santé magnifier la coopération sénégalo-saoudienne et vaticiner un «paradis» aux morts-martyrs de Mina, on est parti pour voir l’Arabie Saoudite s’exonérer de ce qui est arrivé alors qu’elle est la seule responsable de cette hécatombe dont les vrais chiffres varient de 2000 à 4000 morts.

SENEPLUS





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