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Opinion

Droit de regard-Télévision sénégalaise : Une « fabrique de stars » ? (Par Gallo Thiam, Bibliothèque Universitaire-Ucad)


Jeudi 3 Décembre 2015

En nous invitant à une réflexion collective autour du thème "Quel audiovisuel voulons-nous ?" (cf. Le Témoin, n° 350, du mercredi 25 novembre 2015), le Conseil national de Régulation et de l'Audiovisuel (Cnra) nous donne une occasion de débattre sur un sujet d’une brûlante actualité.


Droit de regard-Télévision sénégalaise : Une « fabrique de stars » ? (Par Gallo Thiam, Bibliothèque Universitaire-Ucad)

 Au fond, le Cnra ne s’est pas trompé en posant ce débat sur la qualité de certaines émissions. Il faut reconnaitre cette situation aujourd’hui décriée par les régulateurs, est due en partie à une concurrence âpre entre les télés, une course effrénée où chaque camp s’y soumet à sa façon, et parfois n’importe comment. Pour les Head office des télévisions en opération au Sénégal, le seul slogan qui vaille est : " Briller de mille feux pour survivre, ou à défaut, disparaitre ". Il peut paraitre présomptueux d’esquisser des solutions, car elles dépendent en partie de ce que voudraient bien les dirigeants de télés qu'il soit. N'empêche, nous saisissons cette opportunité, en désespoir de cause bien entendu, pour exercer notre droit de regard sur ce nouveau paysage audiovisuel sénégalais. 

  

Quelle gageure pour la Tnt ! 

Fruit d’un travail de plusieurs années – louons-en ici la volonté du Gouvernement du Sénégal et celle des autorités de Régulation de l’audiovisuel – la Télévision numérique terrestre, dès son annonce, était porteuse d’un grand espoir. D’abord, de par sa vocation d’être une grande entreprise d’informations, de culture et de distractions, ensuite aux innovations majeures qu’elle devait apporter notamment la couverture du territoire et la qualité des programmes y incluant même des émissions de portée internationale. D’où le rôle éminemment instructif de nos télés de rehausser le niveau intellectuel des populations à travers les films, séries et dramatiques,  documentaires, reportages etc. Toujours dans cette dynamique, on trouverait à dire sur les multiples plateaux " à l’américaine ", au cours desquels l’inventivité des animateurs est à saluer. Ce qui confère au petit écran un penchant trop festif où la musique est grandement honorée. Les samedis soirs, nos salons sont aménagés en " boîtes de nuit " par nos enfants. Au-delà de leur ... diffuseurs de culture, il faut reconnaitre à ces animateurs de variétés un mérité, les uns de leurs talents d’as du micro, les autres pour leurs styles variés et brillantes formulesmais surtout de nous avoir permis de fixer nos progénitures à la maison au risque de les voir en direct dans les "soirées bombass" à la poursuite des "fauves" en rut. Concernant les émissions de lutte très prisées par nos concitoyens – da fa xew ! – c'est un péché de suivre certains animateurs qui, à la place du spectacle, se donnent en spectacle. C'est là où nous admirons ces quelques reporters de "lamb" qui ont forgé leur caractère dans un professionnalisme scintillant, celui d’entretenir le flambeau d’un métier noble en marche aujourd’hui vers de horizons nouveaux. 

  

Honneurs aux comédiens ! 

Aujourd’hui, la familiarité que le petit écranentretient entre les animateurs de variétés et les téléspectateurs favorise de trop les comédiens. Admirés et traités avec égards, souvent montrés du doigt dans les milieux publics, ces " nouvelles stars " font légion dans nos télés. Il est troublant de faire ce constat. C'est tout comme si la nouvelle Télévision, " lieu de pouvoir " par excellence, était destinée à un public sot ou moutonnier. Là où le bât blesse est que ces célébrités venues d'autres scènes s’enivrent joyeusement de leur popularité ; ils n’en éprouvent ni agacement ni envahissement contrairement aux professionnels qui, pour la plupart, en souffrent. Ils passent inaperçus. Peut-on rester modeste et mesuré quand le succès monte à la tète ? Suffisant pour dénoncer les dérives et vulgarités de ces comédiens qui, parmi les meilleurs dit-on, pour secouer le rire mécanique certes indispensable surtout en ces temps de stress collectif, racontent des histoires drôles ou calembours jusqu’à vouloir nous imposer des néologismes indécents et inélégants. Pauvres comédiens, il ne faut pas ingurgiter de force une nourriture amère a votre peuple, encore moins vous aventurer à adapter des scénarii d'œuvres littéraires ou de pièces de théâtre dont vous ne maitrisez ni le sens, ne mesurez ni la portée pédagogique. Les conséquences sont irréparables. Ce mélange degenres et de fausse culture développent les germes d'un symptôme de décomposition qui, au finish, risque d’empoisonner tout un peuple de surcroit une jeunesse en mal de repères culturels.  

  

S’il faut aujourd’hui reconnaitre, en dernière analyse, que l’ouverture de la télévision à des non professionnels ne peut constituer un crime de lèse majesté, ces derniers ne devraient pas rendre la " boite magique " ennuyeuseEt comme le dit Jean Cazeneuve : " Si le public juge la télévision ennuyeuse dans son ensemble, c’est parce les finalités qu’on lui assigne distillent invinciblement l’ennui ". C’est la justement qu'un contrôle étroit et strict sur la qualité des programmes de télévisiondoit être exerce par qui de droit. Aussi est-il que, dans cette œuvre de redressement de notre système audiovisuel, les téléspectateurs ont un rôle capital à jouer, par leur volonté de suivre ce qui est bon et utile, et de ne point s’embourber dans les pièges qui leurs sonttendus par ces nouveaux maitres des lieux, les stars des télésNes-ce pas, quand on parvient à dompter ses impulsions que l’on peut guérir son appétit d’évasion ? 
DAKARACTU




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