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Contribution: Enseignements d'un Référendum- Par Mame Abdoulaye TOUNKARA, ex-premier adjoint au maire de Dieuppeul - Derklé


Samedi 2 Avril 2016

Hélas ! Le référendum a vécu ! La clameur populaire issue de la déclaration présidentielle de la date du 15 février 2016, annonçant la tenue d’un référendum afférent au projet de réforme constitutionnelle, portant sur les quinze points proposés par le chef de l’Etat, suscite, d’interminables débats, en amont et en aval de ladite consultation organisée, à la date du dimanche 20 mars 2016. Ce fut inédit, en ce sens que ce vote atypique, contraste nettement avec les précédents référendums, en attestent les types de campagnes électorales menées par les deux camps opposés, celui du pouvoir représenté par la coalition Bennoo Bokk Yakaar, face à son antagoniste, composé des partis de l’opposition renforcés par des mouvements de la société civile et des segments de formations politiques de l’attelage gouvernemental, pour ne citer que le cas patent du parti socialiste, illustré par le « Non » du maire de la ville de Dakar et de ses acolytes.

On a assisté à une campagne de sept jours, où des rivalités épiques, pour la plupart, partant de l’opposition dont le principal cheval de bataille : le soit – disant « Wax waxeet » du président de la République sur la réduction de son mandat qui constituait un des points essentiels du programme du « Yoonu yokuté » ; une désinformation de l’opinion publique eu égard à l’éviction de la laïcité, installant une peur bleue, chez nombre de nos concitoyens par rapport aux éléments proposés dans le projet en question ; et last but not least, une intoxication ayant trait à une prétendue légalisation de l’ homosexualité dans notre pays, précisément, faisant partie des droits nouveaux sur lesquels, il faut se prononcer plus amplement.

Quelque courte qu’elle soit, la campagne électorale fût âprement disputée par les deux fronts. Son issu a été couronné, selon le Conseil Constitutionnel par la victoire du « Oui », sur le score officiel de 62, 64 %, contre 37,36 % pour le « Non » et avec un taux de participation de 38,59 %. En effet, on doit légitimement se poser la question de savoir : pourquoi ce taux de participation a été le plus faible de l’histoire réferendaire de notre pays, de l’indépendance à nos jours – 94,3 % en 1963 ; 95,2 % en 1970 et 65, 74 % en 2001. Autrement dit, sur 5 709 582 inscrits, 2 183 247 électeurs ont voté avec un nombre de 19 815 bulletins nuls. En résumé, le « Oui » a obtenu 1 367 592 voix et le « Non », 815 655 voix.

A mon humble avis, nonobstant, la campagne d’intoxication axée sur le supposé revirement du président Macky SALL quant à la réduction de son mandat en cours, de sept à cinq ans, les questions de l’homosexualité et de la laïcité citées plus haut, avaient, réussi à, négativement, influencer le choix de bien des sénégalais. Cela était perceptible, peur peu que l’on s’aventurait à un sondage, quelque empirique qu’il soit, ou à susciter le débat sur les quinze points, avec les populations rencontrées. A vrai dire, du début de la campagne électorale officieuse, c’est à dire depuis la date du 15 février 2016, l’opposition avait réussi son objectif de désinformation par rapport à l’opinion publique jusqu’, au milieu de la campagne électorale officielle, vers la date du 16 mars. Pratiquer le terrain permettait de s’en rendre compte.

Il faut reconnaitre que la tendance a été, quelque part, inversée par une très vigoureuse contre – attaque communicationnelle tous azimuts des partisans du « Oui », qui n’ont pas fait dans la demi mesure, qui par des explications sur la pertinence des quinze points, avec à la clé tous les supports y afférents, suivis de commentaires détaillés , qui par un matraquage médiatique audio – visuel animé par les cadres politiques de la coalition au pouvoir, ce qui a été d’un grand apport dans cette victoire, qui par une campagne de proximité auprès des populations ; c’est ainsi que le vent du « Oui » se fit place dans le cosmos sénégalais.



C’est le lieu de dire que pas mal de sénégalais ignoraient royalement le contenu du document tant il était fréquemment advenu qu’on soit apostrophé sur le sujet, par le citoyen lambda, au gré des circonstances, qui n’entrevoyait que du flou là – dessus, ou d’être interpellé par toute une maisonnée souhaitant l’éclairage de sa lanterne, afin de pouvoir prendre position et se décider.



Une autre frange de la coalition Bby, je veux parler, des responsables élus dans les institutions de la République, ou nommés aux postes de ministres, directeurs généraux nationaux et j’en passe, n’a pas lésiné sur les moyens pour gagner dans leurs localités. C’est de bonne guerre ! C’était aussi, pour certains, surtout les néophytes, l’occasion de peser leur poids politique, au – delà de celui des alliés, qui a, tout de même, il faut l’avouer, été déterminant sur les résultats.



Que dire de la défaite enregistrée par le maire de la ville de Dakar, Khalifa Ababacar SALL, porte – étendard de la coalition « Taxawu Dakar », aux élections locales de 2014, qui, naguère, semblait avoir la haute main sur la capitale. Sous ce rapport, vue sa défaite, peut on en déduire que la percée de cette coalition était un phénomène politique assimilable à une prétendue « victimisation » de son précurseur, eu égard à l’entrée en vigueur de l’acte 3 de la décentralisation, qui avait tant défrayé la chronique, alors que pour une bonne frange de l’opinion, l’Etat, en renforçant les communes, par un transfert de prérogatives retirées de la mairie de la ville, telle que la taxe sur la publicité, par exemple, avait voulu combattre ce dernier, voire réduire sa force de frappe politique ? Ce qui avait indubitablement suscité la sympathie des dakarois à l’endroit de leur édile ; suffisant pour lui confier les destinées de la capitale.



Son opposition à son leader et à l’instance de décision de son parti et le retour de ses ex partenaires de ladite coalition vers leurs formations politiques, je parle des maires de communes comme : Santi Sène AGNE des SICAP Liberté, Babacar Sedikh SECK des HLM, Ousmane DIOP de Fass – Gueule Tapée – Colobane, Doudou Issa NIASSE de Biscuiterie, Jean Baptiste DIOUF de Grand – Dakar, Alioune NDOYE du Plateau, qui ont respecté les mots d’ordre de leurs hiérarchies politiques, présagent qu’il s’agissait d’une parenthèse de l’histoire politique de la ville, voire de notre pays, si riche en alchimies qui naissent ou disparaissent, dans le cheminement sinueux de la politique ; ce qui a eu raison de lui.



Quant aux autres leaders de l’opposition, vainqueurs chez eux, ils ont démontré, une fois de plus que leur localité leur est restée fidèle, c’est le cas de responsables comme Oumar SARR à Dagana, Aida MBODJ à Bambey, Mamadou DIAGNE Fada à Darou Mousty, Idrissa SECK à Thiès , qui, pour autant, a vu son électorat se réduire, devant la conquête des partisans du « Oui ». Bien qu’il ait gagné la commune de Thiès, l’avenir nous édifiera sur sa santé politique.



La lecture faite sur les perdants comme le maire de Ziguinchor, Abdoulaye BALDE, le maire de Pikine, Abdoulaye TIMBO, la présidente du Conseil Economique, Social et Environnemental, Aminata TALL, le nouvel opposant Malick GAKOU du « grand parti » dans son fief de Guédiawaye, et tant d’autres, induit à penser qu’il reste beaucoup de champs politiques à défricher. Idem pour les potentiels candidats à la future élection présidentielle de 2019. Cependant, le leader de « reewmi » et non moins président du Conseil départemental de Thiès, a perdu le département ; une nouvelle donne !



Oui ! Le « Oui » a triomphé dans ce combat ! Que dis – je ? Oui dans cette rude bataille. Et c’est l’occasion de s’en féliciter parce qu’au-delà de la désinformation, la calomnie et l’intoxication de tout acabit émises par l’opposition au sujet du projet, le peuple a dit oui au président Macky SALL, le confortant dans la voie qu’il s’est tracée, celle de la consolidation de l’Etat de droit, en route vers un Sénégal émergent. On en déduit qu’il a, quand même, compris le contenu de la réponse du Conseil constitutionnel adressée au président de la République, qui n’a pas voulu aller à contre - courant de cette institution; son statut de gardien de la constitution oblige.



Dans cette dynamique, l’optimisme béat, cependant, est à écarter du chemin qui mène aux élections législatives imminentes ou aux élections présidentielles de 2019, car les sénégalaises et les sénégalais se sont, encore une fois, illustrés, démontrant, à la face du monde, qu’ils appartiennent à une grande nation et qu’ils savent distinguer la bonne graine. En d’autres termes, qu’ils ne sont pas des moutons de panurge et savent se sublimer, à l’occasion, tout en exigeant de la classe politique plus de respect.



Dès lors, des enseignements tirés de cette consultation aux allures d’élections présidentielles à un seul tour, et au vu du déroulement de la campagne référendaire, il en découle qu’un triomphe du « Non » supposerait un désaveu du président Macky SALL par le peuple, ce qui, selon l’opposition, devrait engendrer sa démission - comme ce fut le cas du général De Gaulle, en France .



En définitive, un diagnostic sans complaisance des impairs relatifs aux résultats du référendum permet de citer, entre autres:

la problématique de la ville de Touba, où le « Oui » a subi une cinglante raclée malgré les grands projets du chef de l’Etat à y mettre en œuvre, pour s’en référer qu’à la construction de l’autoroute « Ila Touba » qui engloutit quatre cent seize milliards de nos francs ;


le comportement tant décrié du responsable de l’APR dans cette contrée, à fortiori s’agissant du président du Parlement de la CDEAO, ce qui est estourbissant ;


le manque de dialogue avec les cercles d’intellectuels de cette localité qui ont planché en faveur du «Non» du fait d’éventuelles zones d’ombres afférentes au texte, selon eux;


le temps si réduit dévolu à cette campagne qui n’a pas permis de toucher le maximum de nos concitoyens;


L’absence de concertation en amont, fustigé par certains sénégalais;


l’arrogance et le manque de sérieux de moult responsables politiques, qui ont fini d’installer le dépit et le mépris chez le peuple, qui, sous un certain angle, répugne à accomplir son devoir civique, confondant la classe politique toute entière à un clan de bonimenteurs ;


L’incompréhension des points du projet de réforme par beaucoup de sénégalais aussi, qui par honnêteté avec eux mêmes, ont préféré s’abstenir de se prononcer, en vue de rester quitte avec leur conscience ;


L’inélégance et la discourtoisie qui habitent certains militants et responsables de l’APR qui, malheureusement, oublient que le candidat Macky SALL avait obtenu 26 % du suffrage des sénégalais, au premier tour de l’alternance politique de l’an 2012, et par ricochet, qu’il a accédé au pouvoir grâce à un large soutien des composantes de la coalition Bby et d’autres ex candidats à la présidentielle de l’époque, et cela, il faut le dire tout haut ! D’où la nécessité de l’impérieuse et urgente nécessité de formation des citoyens et des militants de nos partis politiques, objet du point 5 du projet de réforme constitutionnelle ; et surtout ceux de l’APR.


« On ne récite jamais ce que l’on n’a pas appris. », dit un proverbe bien de chez nous. L’expérience étant la somme des erreurs commises et des réussites, articulée à l’humilité propre aux bons esprits, devraient conduire toute la classe politique à une introspection, compte tenus des éléments de réflexion cités supra. La coalition Bby, au pouvoir, après ce triomphe, au sortir de ce combat, oui, de cette bataille à laquelle ses adversaires de l’opposition ont attribué des connotations fallacieuses et diaboliques, doit, rigoureusement, s’auto – évaluer, en perspective de lendemains politiques meilleurs. Assainissons le débat politique par respect au peuple ! Je finirai par paraphraser J. KENEDY en disant qu’on peut tromper tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple, tout le temps.







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