Clandestin retrouvé mort dans le train d'atterrissage du vol de Brussels airlines: Les experts dénoncent des failles dans le système sécuritaire de l'aéroport

Mardi dernier, le cadavre d’un candidat à l’émigration clandestine a été retrouvé dans le train d’atterrissage d’un avion de Brussels Airlines à l’aéroport de Zaventen de Bruxelles, en Belgique. Cette affaire pose de nouveau la problématique de la sécurité de nos aéroports. D’après des experts en aviation, compte tenu des mesures de sécurité en vigueur à l’aéroport de Dakar, si le passager clandestin y a embarqué, il a bénéficié de soutien ou bien il est un travailleur habitué des lieux. Tout cela peut coûter cher au Sénégal qui devra accueillir une mission d’audit de l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci).

Hier, nos confrères de «Libération» révélaient qu’un cadavre a été retrouvé, mardi dernier, dans le train d’atterrissage d’un vol de Brussels Airlines à l’aéroport de Zaventen, en Belgique. L’avion avait quitté l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar après une escale à Banjul, en Gambie. Une situation assez grave, car cela voudrait dire que le voyageur clandestin s’est glissé sous l’avion pour se mettre dans le train d’atterrissage de Brussels Airlines, au nez et à la barbe des agents de sécurité.

Même si certaines sources sécuritaires de l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar veulent se dédouaner, indiquant que le client clandestin n’aurait pas embarqué depuis Dakar (ils insinuent qu’il aurait embarqué depuis Banjul où l’avion a fait escale), car toutes les mesures sécuritaires ont été prises, les experts dénoncent des failles dans le système sécuritaire de l’aéroport. Cette affaire interpelle aussi sur la sécurité au niveau de l’aéroport de Dakar.

L’expert juridique en aviation civile, Massourang Sourang, qui avait géré l’affaire Bouna Wade, du nom de ce Sénégalais qui avait trouvé la mort après s’être glissé dans le train d’atterrissage d’un avion d’Air Afrique, a dit tout son étonnement de voir une affaire similaire. Dans les années 1970- 1980, indique-t-il, on pouvait comprendre ces intrusions dans les aéroports africains, car les mesures de sécurité n’étaient pas aussi pointues, mais actuellement cela est surprenant. Dans la mesure où l’avion de Brussels Airlines n’était pas en maintenance, le spécialiste en aviation civile pense que si le passager clandestin est monté depuis Dakar, il l’a fait au niveau du tarmac de l’aéroport. Or, il est presque impossible pour une personne étrangère d’accéder à cette zone. Ce qui fait dire à Massourang Sourang que, soit le passager qui a trouvé la mort dans le train d’atterrissage de l’avion a été aidé pour accéder au tarmac de l’aéroport, soit il travaillait au niveau de l’aéroport. «C’est vraiment dangereux ce qui s’est passé. Et cela démontre la porosité de l’aéroport », assène le spécialiste en aviation civile.

L’OACI DEBARQUE A DAKAR

Pour ce dernier, tout cela est le résultat d’un mauvais timing qui a fini d’être érigé en règle de gestion par les autorités aéroportuaires. Il estime qu’on ne devait pas mélanger aviation civile et météorologie, qui n’ont rien à voir ensemble à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim). Avec cet incident, M. Sourang s’inquiète de voir la crédibilité de l’aéroport de Dakar prendre un sacré coup en ces temps de forte suspicion, avec les menaces terroristes.

C’est dans ce contexte peu favorable que l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci) va débarquer au Sénégal au courant de l’année 2016 pour auditer le système sécuritaire de l’aéroport de Dakar. Massourang Sourang, expert juridique en aviation civile, s’inquiète de l’audit en vue. «Il y a porosité du système sécuritaire. Ces gens nous ont fait retourner à l’an zéro de l’aviation. Le transport aérien est mal géré au ministère. Dans ce cas d’espèce, c’est l’Anacim, qui doit tout contrôler, qui est le premier responsable. Il y a aussi la gendarmerie qui assure la sécurité des lieux, la compagnie qui sécurise aussi son avion et le gestionnaire de l’aéroport. On risque d’avoir des problèmes avec l’audit de l’Oaci», prédit M. Sourang. Il se dit très déçu de la position actuelle du Sénégal dans le secteur, car, dit-il, notre pays a servi d’exemple à beaucoup de pays de la sous-région, qui nous ont devancés actuellement. Pour preuve, il rappelle qu’en 2006, le Sénégal a été félicité et l’Uemoa s’est inspirée de la législation sénégalaise en matière d’aviation civile pour parfaire ce secteur en Afrique de l’ouest.

Concernant l’identité du passager retrouvé mort, c’est encore le flou du côté des autorités aéroportuaires de Dakar et même de la compagnie Brussels Airlines, où on déclare ne détenir aucune information officielle dans ce sens. Une enquête est ouverte pour connaître les tenants et les aboutissants de cette affaire.
LAS