Connectez-vous
Société

Casamance : 26 décembre 1982 – 26 décembre 2013 : 32 années de ni paix ni guerre en Casamance ?…


Vendredi 26 Décembre 2014

26 décembre 1982-26décembre 2014, voilà 31 années, jour pour jour, avait éclaté le conflit armé en Casamance. Un jour de 26 décembre 1982 qui restera toujours graver dans la mémoire des Casamançais en particulier et des Sénégalais d’une manière générale. Un groupe de femmes et d’hommes, portant des enfants et agitant des drapeaux blancs occupent les artères de la ville de Ziguinchor, pour, disaient-ils, réclamer, l’accession à la souveraineté de leur contré, la Casamance. Les « excursionnistes » iront jusqu’à la gouvernance où ils vont réussir à descendre le drapeau du Sénégal pour monter à la place un autre de couleur blanche. Une manifestation qui sera violemment réprimée par les forces de l’ordre. Le conflit casamançais a aujourd’hui 30 ans.
Au commencement de la crise en Casamance : moult manquements républicains

Il y a de ces signaux rouges qui n’augurent jamais rien de bon. Sont de ceux-là : les frustrations multiples accumulées des années durant par les populations en Casamance face aux manquements républicains de l’administration à leur égard ; le manque de dialogue franc et sincère entre les autorités et les populations, outrageusement suppléé par le mépris à l’endroit de ces dernières de la part d’une administration ayant cette fâcheuse particularité, au Sud du Sénégal, de n’avoir pas pour mission d’administrer la Casamance et les Casamançais ; le tout, bien évidemment et fort malheureusement, exacerbé par un enclavement de la Casamance de plus en plus insupportable : la Gambie se dresse davantage comme un mur qui sépare littéralement le Sud du Nord du pays, alors que la desserte de la Casamance par les airs comme par la voie fluviomaritime devient plus que jamais un produit de luxe pour les usagers de tous bords. « Or, le président de la République, Léopold Sédar Senghor, fût-ce de manière inconsidérée, déclarera à l’intention des Casamançais, le temps nécessairement éphémère d’une campagne électorale à Sédhiou, en 1978, je cite : ‘‘Si vous voulez l’indépendance, votez PS ! », se souvient le secrétaire général du mouvement indépendantiste Jean Marie François Biagui. « Ah bon ! La Casamance n’est donc pas sénégalaise ? » « Non, la Casamance n’a jamais été sénégalaise » « Alors, que fait-on au Sénégal ou avec le Sénégal ? » Autant de questions et de palabres qu’on pouvait entendre dans la bouche des Casamançais à cette même époque. « C’est à dire qu’un certain contrat nous lie au Sénégal, qui établit une communauté sénégalo-casamançaise d’une durée de vingt ans, pour compter du 4 avril 1960, date de l’indépendance déclarée du Sénégal. Nous comprenons maintenant pourquoi le gouvernement laisse délibérément en rade la Casamance dans sa politique de développement du pays », explique sous le couvert de l’anonymat ce père de famille, enseignant à la retraite, qui vit à Lyndiane (quartier périphérique de Ziguinchor), témoin de l’histoire. Bref ! Autant de questions et de réponses, entre autres, que d’aucuns se posent en ce temps-là en Casamance, qui se transformeront à terme en un ramassis de revendications aussi épidermiques et improvisées qu’immatures. Diabir est donc né, du moins de sa seconde naissance, cette bourgade de Ziguinchor existant depuis la nuit des temps casamançais. En effet, des personnes ressources issues de toutes les socio-cultures de la Casamance, éprises de justice pour les populations, soucieuses de l’avenir de la Casamance, décident de se réunir régulièrement à Diabir, dans le cadre d’assises casamançaises consistant, d’une part, dans un état des lieux d’une Casamance en union « consentie » et consommée avec le Sénégal et, d’autre part, dans un exercice de prospective quant à l’avenir ou au destin de la Casamance, désormais en proie à une rébellion latente. « Mais, entre-temps, des manifestations populaires sont programmées pour se dérouler pacifiquement dans les artères de Ziguinchor, en s’appuyant parfois sur le prétexte de grèves scolaires. La plus célèbre d’entre elles est sans conteste la marche mémorable du 26 décembre 1982. En effet, ce jour-là, face à des populations en furie mais guère violentes, l’Etat ne trouvera pas mieux à faire que de leur opposer une répression aussi féroce que disproportionnée », explique le vieux Moustapha Badji, 75 ans. Le bilan, des sources diplomatiques avaient laissées entendre, » plus de deux cents morts dans les rangs des manifestants. » Devant cette cruauté, beaucoup parmi les manifestants survivants se réfugient dans les forêts, les organisateurs de la marche du 26 décembre 1982, quant à eux, battent en retraite dans leur quartier général de Diabir, tandis que la collusion des premiers et des seconds aura comme conséquence ce qui deviendra, peu à peu, le maquis casamançais.
Le sursaut populaire du 26 décembre 1982 : un espoir de salut public
26 décembre 1982, la gouvernance de Ziguinchor, ce cœur de la ville-capitale du Sud, bât la chamade. Ziguinchor est, en effet, en effervescence. Ses artères emplissent de foules innombrables, composées d’enfants, de femmes et d’hommes, tous marchant bras ballants. Seuls quelques uns arborent des drapeaux tout blancs, symbolisant ainsi le caractère pacifique de la marche. Des slogans provocateurs fusent de partout, parmi lesquels : ‘‘Liberté’’, ‘‘Justice’’, etc. A la vue des foules qui affluent vers le palais de la gouvernance, les sentinelles de l’Etat s’affolent et, au moyen de rapports exagérément tendancieux, qu’ils leur transmettent en temps réel, excitent les autorités qui, à leur tour, ne savent où donner de la tête. Le palais de la gouvernance est un lieu sacré pour l’Etat, un grand symbole de la République en terre casamançaise, en ce qu’il abrite la plus haute autorité qui incarne l’Etat en Casamance : le gouverneur. Le drapeau sénégalais y flotte tous les jours, qui rappelle à qui en douterait que la Casamance est une partie intégrante de la République du Sénégal. Seulement, les manifestants n’en ont cure et, symbole pour symbole, vont descendre ce drapeau et le plier soigneusement, observant à ce titre tous les égards républicains qui lui sont dus, avant de le restituer à qui de droit. C’est alors que la panique s’empare des autorités, à Ziguinchor comme à Dakar. Echaudées par cet affront des populations à leur encontre et, par-dessus tout, se sentant humiliées, ces dernières ordonnent aux forces de l’ordre – en fait à l’armée ! – de tirer, sans sommation, à balles réelles, dans les foules, tuant au moins deux cents manifestants. L’irréparable en termes humains, culturels, socio-économiques et politiques est alors commis en Casamance, à la faveur d’une perte de sang-froid pathétique et surprenante de la part des autorités avec, à leur tête, le chef de l’Etat, le président Abdou Diouf.

Les assises casamançaises de Diabir
Les assises casamançaises de Diabir se veulent, dans leur essence et leur finalité, une assemblée de salut publique sinon national. Au centre des discussions, il y a d’emblée le cas de l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor, arrêté par les autorités le 23 décembre 1982. Son seul tort est d’avoir rappelé au président L.S.Senghor puis au président A. Diouf les termes du fameux « accord » liant la Casamance au Sénégal. La première lettre adressée à cet effet par Diamacoune au chef de l’Etat date du 25 décembre 1980, la seconde du 22 avril 1981 et la troisième du 12 mai 1982 (en fait la première pour le président Diouf). Les femmes et les hommes retirés dans leur QG de Diabir s’activent. Ils organisent une riposte à la mesure de l’événement ou de l’incident. Des tracts sont alors confectionnés, qui inonderont le pays la nuit de 24 au 25 décembre 1982, en prélude de la grande offensive pacifique du lendemain. La féroce répression de cette dernière par l’Etat entraîne la radicalisation des manifestants qui, depuis Diabir, ameutent les plus braves ou les plus zélés d’entre les Casamançais en vue de créer un front armé. Ainsi voit le jour le maquis casamançais sous l’autorité de Sidy Badji qui ne tardera pas à faire un serment d’allégeance à l’égard de l’Abbé Diamacoune. Celui-ci accepte, arguant qu’en pays « Joola », on ne s’autoproclame pas roi, on est désigné roi, malgré soi. Autour de Sidy Badji, à Diabir, beaucoup de braves gens se disputent la bravoure et le patriotisme. Mais quand vient l’heure des responsabilités en rapport avec les opérations militaires à mener, d’anciens soldats de l’armée nationale se débinent. Parmi eux, Ousmane Tamba, un ancien aviateur qui sera bientôt rattrapé par ses anciens frères d’armes puis jeté en prison où il va côtoyer des figures casamançaises comme l’Abbé Diamacoune, Mamadou Sané dit Nkrumah, Edmond Bora, Sanoune Bodian, Sarany Manga Badiane, Mamadou Diémé, Mamadou Sadio, », explique toujours le « rebelle » Jean Marie François Biagui. Sidy Badji est ainsi proclamé chef d’état-major général du maquis, tandis que l’aile politique en gestation de la rébellion est décapitée, l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor et ses principaux futurs collaborateurs étant incarcérés à la prison centrale de Dakar. Or, au cours d’une réunion à Diabir, dans le cadre des assises casamançaises, une unité de la gendarmerie nationale y est larguée par les autorités pour tuer dans l’œuf le germe de la rébellion. Elle sera décimée, ou presque. Sidy Badji et ses troupes prennent alors le maquis avec comme seul objectif improvisé, « de libérer la Casamance du joug sénégalais », a souligné sous le couvert de l’anonymat ce maquisard repenti
Naissance du maquis casamançais
Dans le maquis naissant, il n’y a guère de garnison pour les futurs combattants de Sidy Badji. Alors il faut être ingénieux. Des arcs et des flèches rudimentaires sont confectionnés. Puis vont arriver des fusils réformés de la première et de la seconde guerre mondiale, suivis un peu plus tard de quelques armes relativement récentes que les combattants du PAIGC (Parti Africain de l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert) ont oubliées en Casamance lorsqu’ils rentraient, euphoriques, en Guinée Bissau pour y fêter leur victoire aux dépends de l’armée coloniale du Portugal en 1974. Mais c’est là un arsenal aussi réduit qu’inefficace face à une armée nationale du Sénégal réputée pour son professionnalisme. Sidy Badji se souvient alors de l’une des multiples déclarations de Mamadou Nkrumah Sané avant son arrestation, affirmant notamment être en contact avec un Blanc, français de son état, qui lui aurait promis en échange de quoi ? « La fourniture, entre autres, d’au moins douze mille tonnes de matériels de guerre. Seulement, Nkrumah croupit, à ce moment là, en prison, à Dakar », renseigne toujours le rebelle repenti, âgé aujourd’hui de 67 ans. Et pour avoir partagé la prison avec son défunt chef de guerre, Feu Sidy Badji, « intraitable qu’il l’était, Sidy Badji va se frayer un chemin, dont lui seul connaît le secret, jusqu’auprès de ce dernier, en prison, pour s’entendre dire, à sa grande stupéfaction, qu’il n’en était rien en ce qui concerne la promesse fameuse des douze mille tonnes de matériels de guerre et que, en réalité, il avait menti pour encourager les gens à prendre le maquis. A cet instant même, Sidy Badji n’a plus que ses yeux pour pleurer, alors que Nkrumah le priera d’accepter volontiers, en guise de pardon, le transistor qu’il lui remettra ou lui fera remettre », a-t-il ajouté. Et de se souvenir encore que, « c’est avec ce transistor que nous allons libérer la Casamance. Le chef d’état-major général du maquis, s’était même désolé au vu du poste radio qu’on lui tend », soutient avec force notre interlocuteur. Sidy Badji sait qu’il est désormais un homme seul. C’est la rançon du pouvoir. Surtout lorsque celui-ci vous échoit dans l’improvisation et l’amateurisme le plus total. Aussi, se jure-t-il de tordre le cou au mensonge signé Nkrumah ainsi qu’à tous les mensonges possibles ou éventuels ayant notamment quelque lien avec ce qui est devenu, depuis, la question casamançaise ou leproblème casamançais ou encore le problème sénégalais en Casamance. Mais Sidy Badji sait aussi que, sans une aile politique pilotée par des responsables libres de leurs mouvements, il n’y aura aucune issue heureuse pour leur combat politico-militaire. Il va donc peser de tout son poids, usant en particulier de son influence dans certains milieux, pour obtenir l’élargissement des camarades de fortune de l’Abbé Diamacoune, celui-ci décidant, pour sa part, de purger l’intégralité de sa peine, survenue au terme du premier procès des indépendantistes casamançais des 5-6-7 et 13 décembre 1983. Il sortira de prison le 23 décembre 1987 pour ensuite être assigné à résidence dans les conditions les plus strictes à sa résidence de Kandé puis, à la Maison des Œuvres Catholiques, à Ziguinchor.
Quand Sidy Badji est contraint de piloter seul le MFDC
Son instinct de soldat, son immense expérience acquise pendant la seconde guerre mondiale puis la guerre d’Algérie ainsi que son statut d’ancien combattant vont guider Sidy Badji dans sa quête de moyens et de matériels au profit de Atika (le combattant, en Joola), alors en gestation douloureuse comme maquis casamançais, pour faire face à l’armée nationale. Aussi, n’est-il guère exagéré de dire qu’aucun coin ou recoin dans la sous-région ouest-africaine n’est méconnu de Sidy Badji ni de ses émissaires les plus talentueux ou les plus dévoués. Ce précieux avantage est alors mis à contribution par le briscard dans ses recherches effrénées de matériels de guerre appropriés. Ainsi, très rapidement, vont affluer de partout des armes sophistiquées, réputées pour leur solidité et leur rusticité, parfaitement adaptées à un environnement du maquis casamançais aussi hostile par ses forêts denses et humide par ses marécages et autres zones amphibies que par sa relative inaccessibilité. Dès lors, la tension va monter crescendo avant d’être opportunément exacerbée par une seconde arrestation de l’Abbé Diamacoune le 14 juin 1990 suivie immédiatement d’un mandat de dépôt à la prison centrale de Dakar le 18 juin. Il sera libéré le 28 mai 1991, à la faveur notamment de multiples harcèlements ardus et soutenus du maquis à l’encontre des forces armées et de sécurité basée en Casamance. La seconde arrestation de l’Abbé tombe ainsi, si l’on peut dire, à point nommé. En effet, elle aura permis de tester l’efficacité des matériels de guerre nouvellement réceptionnés. Tout le monde se souvient certainement des obus projetés depuis la frontière avec la Guinée Bissau et qui échoueront l’un à proximité du pont Emile Badiane de Ziguinchor (qui enjambe le fleuve Casamance) et l’autre sur la tour de contrôle de l’aéroport de la capitale du Sud. C’est alors la panique générale tant dans les rangs de l’armée et des forces de sécurité qu’auprès des autorités. Cependant, une lueur d’espoir va se lever quant à la perspective certaine de négociations sérieuses entre l’Etat et ce qui est devenu, depuis, le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). En fait, une renaissance du MFDC originel créé à Marsassoum, dans le département de Sédhiou, le 4 mars 1947. Fort de cette confiance retrouvée du maquis quant à sa capacité à répondre coup pour coup à l’armée nationale, Sidy Badji va maintenant faire pression sur l’Abbé Diamacoune, en sa qualité de secrétaire général du MFDC désigné comme tel à l’unanimité, et exiger de ce dernier qu’il entreprenne tout ce qui est dans son pouvoir pour aller sans délai à la table des négociations avec l’Etat. Dans le maquis, tout le monde n’est pas de son avis, de même que tous ne l’entendent pas de cette oreille au niveau de l’aile politique. Les plus durs, parmi lesquels Nkrumah (exilé à Paris depuis son élargissement) et les quatre « lieutenants » de l’Abbé (Edmond Bora, Sanoune Bodian, Sarany Manga Badiane et Mamadou Diémé), rejettent en bloc l’assertion de Sidy Badji. Ce qui est alors perçu comme une première déconvenue pour le chef de guerre. Pour l’Abbé, la tâche s’avère difficile, d’autant plus difficile qu’il est assigné à résidence à Ziguinchor. Dans cette atmosphère, Dakar va demander à Bissau de faire pression sur lemaquis casamançais, dont les bases-arrières sont réputées être en Guinée Bissau, en vue d’un accord de cessez-le-feu entre l’Etat et le MFDC. Bissau accède à la demande de Dakar tandis qu’un cessez-le-feu, le premier du genre, interviendra le 31 mai 1991. Le 1er septembre 1992, celui-ci est rompu par l’Etat avec la bataille de Kaguite, entraînant du même coup, entre autres, la démission de votre serviteur du PS (Parti Socialiste), alors au pouvoir. A l’école de Sidy Badji, des figures se révèlent en tant qu’hommes de guerre aguerris, qui deviendront très rapidement aussi célèbres les uns que les autres, quoique chacun à leur manière. Parmi ces figures du maquis, il faut noter : Léopold Sagna (même s’il avait déjà accumulé beaucoup d’expérience en la matière dans l’armée coloniale puis nationale), Souhaïbou Diatta dit Kamougué, Salif Sadio, Maurice Diatta dit Adiokhane, Youssouf Badji dit Diassoua et, bien plus tard, César Badiate dit Atoute, Ismaïla Diémé dit Magne, Antoine Diamacoune, Ousmagne Niantang Diatta, etc.
La trahison qui entraîne la condamnation à mort de Sidy Badji et la montée en puissance de Léopold Sagna
Sidy Badji est donc le véritable chef du maquis, mais il se fait seconder par Léopold Sagna, en qualité précisément de commandant et chef d’état-major adjoint. Très vite celui-ci va se signaler par des pratiques discriminatoires dans la gestion des troupes : des ressortissants du Banjaal, dont il est lui-même originaire, vont occuper l’intégralité des postes de commandement, tandis que tous les Banjaalois n’iront jamais ou presque jamais au front, aux dires des détracteurs de Léopold Sagna. C’est alors que les combattants du Kassa et de Bignona se révoltent. Pour apaiser les troupes, Sidy Badji décide de la création du front nord dont il confie aussitôt le commandement à Kamougué, qui deviendra très vite le véritable n°2 du maquis après Sidy Badji. Entre-temps, une mission composée de Malang Sambou, Moustapha Camara, Bourama Sané et Ansoumana Bodian, est dépêchée en Mauritanie par Sidy Badji, pour en revenir munie des résultats escomptés. Des appétits naissent, qui entraîneront la chute de Sidy Badji, alors trahi par ses plus proches collaborateurs dont son secrétaire, un certain Abdoulaye Diédhiou. Le Vieux est alors mis aux arrêts de rigueur, et même condamné à mort. Il devra sa vie sauve à Kamougué, entre autres, avant d’être exfiltré du maquis pour être assigné à résidence à Ziguinchor de 1993 à 2003, année de sa disparition. Ainsi, Léopold Sagna devient-il l’homme fort du maquis, entouré, entre autres, de Maurice Adiokhane Diatta, Abdou Manga, Abdoulaye Diédhiou (ex-secrétaire de Sidy Badji). Cependant, très rapidement Léopold Sagna sera rattrapé par les déboires de Sidy Badji : il est accusé à son tour de trahison ou de forfaiture, suite à ses rencontres avec les autorités sénégalaises. Il sera même accusé d’avoir personnellement rencontré le président Abdou Diouf. Ses jours à la tête du maquis sont alors comptés, et même ses jours tout court.
Salif Sadio devient l’ennemi public N°1
Ceux qui l’ont côtoyé ou qui le côtoient encore sont unanimes pour reconnaître à Salif Sadio des qualités d’un chef doublé d’un homme de guerre d’une rare intelligence. Tous admettent qu’il est un stratège hors pairs. ‘‘Si vous allez au combat avec Salif, sous son commandement, vous aurez toutes les chances de votre côté’’, disent certains du chef de guerre. Pour autant, c’est un euphémisme, Salif Sadio n’a pas que des qualités, comme peut l’attester tout commentaire le concernant. En effet, il y a toujours un «mais…» dans tous les discours possibles ou imaginables sur la personne ou le personnage, qui en dit généralement beaucoup plus long que les discours eux-mêmes. Ainsi, disent souvent de lui les connaisseurs : « Salif est un brave soldat mais il est indiscipliné. Salif est un grand combattant mais il aime trop le pouvoir. Salif aime les gens et respecte beaucoup ses frères d’armes, notamment les plus valeureux d’entre eux, mais il est parano et même sanguinaire. » Il deviendra, pour ce dernier qualificatif, l’ennemi public N°1 dans l’imaginaire de tous ou presque. « Salif Sadio n’est pas né paranoïaque et sanguinaire, il le serait devenu. Pourquoi et comment ? » Explique un de ses combattants. Le leadership du successeur de Sidy Badji dans le maquis, Léopold Sagna, comme on peut s’y attendre, est vite malmené par une génération de combattants qui ont tendance, et de plus en plus, à répondre davantage d’eux-mêmes que de leur chef. Certains commencent même à éprouver quelque nostalgie de Sidy Badji : ils regrettent déjà son absence du maquis. Ainsi, déjà, l’autorité de Léopold Sagna bât de l’aile. Et mal lui en prendra d’accepter, sous pression extérieure sinon étrangère, de rencontrer des émissaires du gouvernement. Il est même suspecté d’avoir rencontré le chef de l’Etat en personne, le président Abdou Diouf (au Cap-Skirring pour les uns, à Dakar pour les autres), alors qu’il se refusera obstinément, par maladresse ou par peur, de communiquer sur le sujet. La colère se généralise dans le maquis, tandis que les fidèles de Léopold Sagna y verront une main invisible, souterraine, celle de Salif Sadio. Celui-ci est, en effet, soupçonné de velléités pouvoiristes. Il sera même accusé, jugé puis condamné pour tentative de coup d’«Etat». Il est alors mis aux arrêts de rigueur pour en être très rapidement élargi grâce à la pression du chef d’état-major général de l’armée bissau-guinéenne, le général Ansoumana Mané, futur vainqueur aux dépens du président de la République, Joao Bernardo Vieira dit Nino, au terme de la guerre civile alors en cours en Guinée Bissau. Ainsi, Salif Sadio recouvre sa liberté. Deux factions sont alors nées, qui cohabitent et s’observent en chiens de faïence. Dans la faction de Léopold Sagna, des faucons lui suggèrent de neutraliser (entendez ‘‘tuer’’) Salif Sadio. Un de mes proches, qui prendra part, par innocence, au conclave consacré à cet effet, n’en croit pas ses oreilles et s’écrie : ‘‘Mais Salif est présentement ici, avec nous, il vous entend. Quelle sera sa réaction, maintenant qu’il est au courant de votre intention ? Et puis, Salif est des nôtres, quoi que vous pensiez de lui, il nous est nécessairement plus utile vivant que mort’’. « Mon » homme de confiance ne croit pas si bien dire. Car, aussitôt après, Salif Sadio, qui est tout sauf un suicidaire, passe à l’offensive. Léopold Sagna est tué. Beaucoup de ses fidèles, avérés ou réputés tels, le sont aussi. Dans la foulée, Salif Sadio s’autoproclame chef d’état-major général du maquis casamançais. Le silence sur la question, longtemps entretenu par le secrétaire général et le bureau national du MFDC de l’époque, finira de valider cet état de fait, même si d’aucuns en attesteront le contraire bien des années plus tard et par dépit. En effet, Salif Sadio comme chef du maquis, ça n’est vraiment pas la tasse de thé du secrétaire général du mouvement et de certains parmi ses plus proches collaborateurs. Ses relations en dents de scie avec ces derniers sont un secret de polichinelle. Or, en 2001, Salif Sadio est jeté en pâture par la direction du MFDC, principalement par l’Abbé Diamacoune. Celui-ci, en effet, le traitera publiquement de bandit de grand chemin. Cette brèche, si opportunément ouverte par le secrétaire général du mouvement, fait alors l’affaire de l’Etat. Le président Abdoulaye Wade, nouvellement élu, s’y engouffre puis, sans sourciller ni politiquement ni intellectuellement ni même moralement, réclame la tête de Salif Sadio contre la prime colossale de cent quatorze ou cent quarante millions de francs, selon les sources. Depuis, Salif Sadio voit partout des ennemis, tant au sein du maquis et de l’aile politique du MFDC qu’à l’extérieur, y compris peut-être dans sa propre famille. Même votre serviteur, qui est pourtant le seul responsable du mouvement à s’être publiquement indigné contre cet appel au meurtre le visant, serait longtemps considéré par le nouvel homme fort du maquis comme un frère ennemi à abattre, et ce d’autant plus que, pour Salif Sadio, celui-ci passerait pour un traitre à la solde de la France et du Sénégal réunis, au motif, gravissime à ses yeux, qu’il incarne une alternative – sinon crédible du moins alléchante – à l’indépendance pure et simple de la Casamance. Le problème Léopold Sagna/Salif Sadio n’est donc pas une affaire front sud/front nord, tous les deux étant d’ailleurs du front sud quoique Salif Sadio soit originaire du département de Bignona. Un décompte macabre pourra certainement attester que les victimes présumées de Salif Sadio, dans la gestion calamiteuse de la crise qui l’oppose à Léopold Sagna, sont essentiellement des ressortissants de la partie nord de la Casamance. Ce n’est pas non plus un problème de religion opposant un chrétien (Léopold Sagna) à un musulman (Salif Sadio). C’est au contraire, comme on a pu le constater antérieurement pour le déplorer, le fait d’une exacerbation de malentendus, particulièrement due à un défaut ou un refus caractérisés de dialogue ou de communication. Le tout savamment et diaboliquement entretenu depuis Ziguinchor, et même depuis Dakar, par des individus malintentionnés, le maquis casamançaisdevenant progressivement une vraie passoire, entraînant du même coup la corsication du maquis, autre synonyme de la subdivision (à la manière corse) de ce dernier en autant de chefs de guerre autoproclamés.

Le boucher du maquis, Salif Sadio est dans la tourmente
Salif Sadio est désormais dans la posture d’un paranoïaque et, en même temps, sinon conséquemment, sur le versant de la toute-puissance. Il s’imagine qu’il sait tout, peut tout et tout seul, tout en se méfiant de tout et de tous. Certains, malgré eux, l’y encouragent. D’autres, en revanche et à dessein, notamment pour des raisons bassement personnelles, vont au contraire le manipuler. Et pour cause : en mars 2009, à la veille des élections locales au Sénégal, un leader politique va le rencontrer dans un maquis, au nord de la Casamance, après une première rencontre en territoire gambien un an auparavant. Lors de cette dernière et dès l’entame, Salif Sadio demande à son interlocuteur : ‘‘L’indépendance de la Casamance, c’est pour quand ?’’ Visiblement embarrassé par la question (d’autant plus que le tête-à-tête a leu devant témoin), ce dernier lui répond : ‘‘C’est la même question que je suis venu te poser’’. Edifiant ! Quant à la seconde rencontre, elle sera l’occasion, pour le leader politique, de témoigner encore à Salif Sadio de son soutien moral et, selon les mêmes sources, de lui promettre un appui logistique. Ce qui n’est encore qu’une rumeur, parviendra tout de même aux oreilles sensibles du président gambien, Yaya Jammeh, qui entreprendra aussitôt de faire auditionner Salif Sadio par les services compétents pendant dix jours, au sujet notamment de sa rencontre avec ce leader politique. Salif Sadio, à travers sa question à ce dernier, avoue d’une certaine manière son impatience sinon son impuissance, et peut-être même sa détresse. En tous les cas, il revient ainsi, certainement, sur une promesse qui lui aura été faite antérieurement, du genre : ‘‘Courage ! l’indépendance, c’est pour bientôt’’. La réponse sourcillée du leader politique à l’interrogation de Salif Sadio, pour sa part, dénote quelque agacement, de l’hypocrisie à coup sûr, bien empreinte de relent criminel comme en témoignera un an plus tard la promesse de moyens conséquents de guerre faite de sa part à Salif Sadio. Ainsi, Salif Sadio se sent-il de nouveau requinqué et requinque à son tour ses hommes de troupes, tandis que toute voix discordante sera immédiatement brisée, sans aucune autre forme de procès. Quid alors de la contrepartie à cette promesse de soutien moral et logistique faite à Salif Sadio ? Eh bien, Salif Sadio et ses hommes sont particulièrement attendus, en tant qu’invités spécieux, dans la campagne précédant les élections locales de mars 2009. N’eût été notre appel à voter ‘‘MFDC’’ à cette occasion là (c’est à dire : voter ‘‘blanc’’ ou ‘‘nul’’ ou encore, à plus forte raison, s’abstenir de voter, notre mouvement ne disposant pas de liste), renvoyant ainsi les uns et les autres à leurs propres responsabilités, peut-être frôlerions-nous le pire.

Du cas Abbé Diamacoune/Sidy Badji
‘‘Abbé, montre-nous le fameux contrat qui lie la Casamance au Sénégal et qui nous vaut les drames que nous vivons depuis une décennie.’’ Tel est en substance le cri du cœur de Sidy Badji à l’intention du secrétaire général du MFDC. Et il insiste : ‘‘Les gens souffrent, les combattants sont fatigués, il faut mettre un terme à ce gâchis, l’heure de vérité a sonné. Montre-nous, maintenant et pas demain, le document si sacralisé par les uns et si décrié par les autres’’. Le désormais ex-chef de guerre s’entendra dire qu’il n’en est rien, que ce document n’existe pas, cependant que le contrat aurait été tacite. Et Sidy Badji d’accuser le coup, s’autorisant au passage, en tant que son aîné, à asséner à l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor de tous les noms d’oiseaux existants ou imaginaires. Sidy Badji est meurtri, profondément meurtri. Il se sent trahi et ne se remettra jamais, du moins je l’imagine, de ce qui passe désormais, à ses yeux, pour un mensonge éhonté et criminel, quoiqu’il se jure, comme précédemment devant le mensonge signé Mamadou Nkrumah Sané, de lui tordre le cou. Le cas Abbé Diamacoune/Sidy Badji est alors né. Ces deux figures emblématiques du MFDC ne se porteront plus vraiment, mutuellement, dans leur cœur. Sidy Badji et ses fidèles campent dans une position et l’Abbé avec les siens dans l’autre. Mais, curieusement, personne n’est en mesure de dire, à ce moment là, qui de l’Abbé ou de Sidy Badji est le plus indépendantiste. Les dés sont ainsi pipés, et malheur à qui commettra l’imprudence d’aller tenir des propos modérés auprès de l’un ou de l’autre dans la recherche, devenue indispensable, de solutions de sortie de crise. C’est en tout cas l’expérience mémorable que votre serviteur vivra à l’endroit de ces deux factions, même s’il finira, à terme, par avoir gain de cause, notamment à la faveur des assises du 5 au 10 (initialement au 8) août 2001, à Banjul. Il est alors nommé secrétaire général du MFDC par l’Abbé Diamacoune, promu pour sa part président du mouvement par les mêmes assises. A la vérité, nul ne peut valablement attester que l’Abbé Diamacoune ait pu, un temps soit peu, affirmer l’existence objective d’un contrat de communauté entre le Sénégal et la Casamance. Tout au plus, l’Abbé aura-t-il fait montre d’une attitude constante et soutenue visant à interroger sans cesse l’histoire sur la question, à la lumière quelque fois, et même souvent, de son propre vécu.
De l’affaire Mamadou Nkrumah/Jean Marie François Biagui
Le 1er septembre 1992 est peut-être pour beaucoup de gens une date banale. « Pour moi, au contraire, c’est un jour pas comme les autres, tristement mémorable. Un jour où ma colère, devant le massacre de civils casamançais par l’armée nationale, est à son paroxysme. Ainsi, dans une Lettre à un frère casamançais, synonyme d’un réquisitoire enflammé contre le gouvernement du président Abdou Diouf, je vais la cracher, cette colère, à la face du monde. Dans cette missive, je m’élève notamment contre l’attitude des autorités qui ont fait rapatrier dare-dare le contingent sénégalais mis à la disposition de l’ECOMOG (bras armée de laCEDEAO) au Libéria, dans le cadre des opérations de maintien de la paix et de la sécurité dans ce pays, pour le parachuter en Casamance avec comme objectif unique : sécuriser et valider au Sud le scrutin présidentiel prévu en février 1993. Cet acte de l’Etat est alors perçu par lemaquis casamançais comme une provocation qui se soldera par un accrochage meurtrier entre les belligérants, à Kaguite, faisant plus de soixante morts, essentiellement des civils. Le premier accord de cessez-le-feu entre l’Etat et le MFDC, obtenu le 31 mai 1991, sous les auspices de Bissau, est ainsi rompu. Or, pendant que j’écris cette lettre, mon ami Diaga Sène (à ne pas confondre avec Diégane Sène) me téléphone pour me demander s’il y a quelqu’un de ma famille parmi les victimes ». explique toujours Jean M.F Biagui.
Une vision apostolique
Le leader charismatique du mouvement indépendantiste Abbé Diamacoune Senghor, secrétaire général introduisait son discours du 3 décembre 1995 en ces termes : « A l’ occasion de son installation au siège épiscopal de Ziguinchor, le 7 novembre 1995, Son Excellence Monseigneur Maixent Coly a lancé un appel à la paix en Casamance. En réponse à cet appel, moi, Abbé Augustin Diamacoune Senghor, secrétaire général du MFDC, en parfait accord avec mes Frères, décide de l’arrêt unilatéral de toute activité guerrière sur toute l’étendue de la Casamance. » Il n’est peut-être pas nécessaire de rappeler, ici, que l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor a toujours été, est et restera un Témoin de la Vérité, sans laquelle aucune paix n’est possible, fût-elle celle-là même à laquelle nous conviait notre frère et ami Monseigneur Maixent Coly, le 7/11/95. A cause de cela, tout en rappelant en substance que son combat de toujours demeure la recherche de la Vérité, et donc de la Justice et de la Paix, le secrétaire général du MFDC entendait ainsi renouveler le sens de son engagement sacerdotal et, par là même, réaffirmer son devoir d’obéissance à l’égard de son nouveau Supérieur, même s’il l’avait vu naître, même s’il fût un professeur voire, aujourd’hui, un directeur spirituel possible pour le nouvel évêque du diocèse de la Casamance.

Une vision humaine ou humanitaire
Ainsi, en accord avec lui-même, mais aussi conformément à l’attente légitime des Casamançais, l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor ordonnait à travers cet appel au cessez-le-feu : ‘‘La libération immédiate de tous les détenus politiques casamançais ; la cessation des arrestations des membres du MFDC ; la restauration de la libre circulation des personnes et des biens sur toute l’étendue de la Casamance ; le retour libre et spontané des réfugiés et des déguerpis et leur installation, sans entraves, dans leurs localités respectives pour permettre alors à toutes les familles concernées, c’est à dire à toutes les familles casamançaises, et donc à tout le Peuple Casamançais, de continuer à espérer contre toute espérance. Ce qui signifie, pour nous autres indépendantistes casamançais, se tenir sans cesse debout, la tête haute, chez nous ou en exil, en attente de l’indépendance nationale de la Casamance.

Une vision politique
Dans la logique de notre secrétaire général, il n’était pas question que le président du Sénégal, M. Abdou Diouf, prît acte, de quelque manière que ce fût, avant le MFDC, de l’appel à la paix lancé par Feu Monseigneur Maixent Coly, qui est de surcroît un natif et pas n’importe lequel de la Casamance. « Notre secrétaire général se devait donc de prendre ses responsabilités politiques, toutes ses responsabilités politiques.
C’était donc dans cette perspective, qu’il avait invité le gouvernement du Sénégal à considérer la date du 8 janvier 1996 comme pouvant être le début des préparatifs aux négociations ; et celle du 8 avril 1996, le début des négociations elles-mêmes en terrain neutre. La Guinée Bissau, en sa qualité de partie garante, le comité clérical de l’église de Casamance ainsi que la commission dite nationale de la gestion de la paix en Casamance n’en étaient pas moins invités à prendre toutes les dispositions utiles tendant à sauvegarder la paix en Casamance jusqu’à la fin des dites négociations », explique le combattant repenti Daniel Diatta, membre de la garde rapprochée du prélat rebelle. Il poursuit, « or, un appel au cessez-le-feu, ce n’est pas un accord de cessez-le-feu. Alors que le premier peut s’illustrer par un caractère plutôt unilatéral, le second, quant à lui, implique nécessairement ou obligatoirement l’engagement en bonne et due forme d’au moins deux parties, en l’occurrence le Sénégal et la Casamance, voire accessoirement la Guinée Bissau ou toute autre partie dite garante. Cela est d’autant plus vrai que la réponse du Sénégal à l’appel au cessez-le-feu lancé par la Casamance se fait toujours attendre. Peut-être n’aura-t-elle jamais lieu. Le secrétaire général du MFDC aura eu, en tout cas, le mérite de rappeler, dans le cadre de la lutte de libération nationale, qu’il est et restera un Homme d’Hier, un Homme d’Aujourd’hui et un Homme de Demain, pour que vive la Casamance libre et prospère. »

Des accords de paix dits de Banjul I, II et III
26 décembre 1999, Banjul accueille les délégations de l’Etat sénégalais et du MFDC, dans le cadre de négociations de paix. L’initiative est de l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor, alors Secrétaire Général du MFDC, qui commet là une erreur à la fois historique et politique. Car, à cette date précise, nous sommes à deux mois d’une échéance électorale cruciale, l’élection présidentielle prévue en février 2000 au Sénégal, alors que le challenger (Abdoulaye Wade) du président sortant (Abdou Diouf) est annoncé gagnant par tous les observateurs sérieux de la vie politique sénégalaise. Il n’empêche que les négociations de paix s’ouvriront le 26 décembre 1999, pour se solder par ce que nous appelons communément les accords de paix de Banjul I, II et III. Or, malgré leur pertinence et leur valeur objectives, ces derniers demeureront sans lendemain, le successeur du président Abdou Diouf, le président Abdoulaye Wade, ayant décidé, sans aucune autre forme de procès, de s’asseoir dessus tout au long de ses deux mandats à la tête de l’Etat sénégalais.

Le Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels : une formidable alternative au Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance
Ainsi, conformément à la volonté souveraine des Casamançais, exprimée comme telle lors des Assises Casamanço-casamançaises pour la paix définitive en Casamance, le MFDC va prendre acte du rejet, de la part de l’ensemble des Socio cultures et des Forces Vives Représentatives de la Casamance, et du statu quo et de l’option en faveur de l’indépendance pure et simple. Qui plus est, le MFDC s’engage à changer son fusil d’épaule, notamment en intégrant dans sa Plate-forme Revendicative, issue de ses Assises internes du 6 au 8 octobre 2003 à Ziguinchor, d’une part, sa revendication pour une Casamance autonome (juridiquement, techniquement et financièrement), au même titre que toutes les autres Régions Naturelles du Sénégal et, d’autre part, sa revendication quant à la création d’un parti politique, légalement constitué, en l’occurrence « Le Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels », en tant qu’alternative heureux au Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance.
La candidature de Jean Marie François Biagui aux élections législatives du 1er juillet 2012 : une avancée majeure vers la paix définitive en Casamance
Le Rassemblement des Ecologistes du Sénégal (RES – Les Verts), dirigé par l’honorable député Ousmane Sow HUCHARD, m’ayant offert son investiture comme tête de liste dans le département de Ziguinchor, nous nous mettons aussitôt, mes camarades et moi, en précampagne, puis en campagne officiellement ouverte le 10 juin 2012, en vue des élections législatives du 1er juillet de la même année. Notre « feuille de campagne » est alors axée sur notre conviction selon laquelle « une autre Casamance est possible dans un autre possible Sénégal » et que « après la rébellion et le maquis, il y a une vie ; une vie socioéconomique, politique et culturelle », s’est défend le secrétaire général national du MFDC, Jean Marie François Biagui.

La solution à la crise existe
En tout état de cause, la solution au « problème casamançais » existe et, faut-il le rappeler, elle se trouve, à en croire la branche armée du mouvement irrédentiste, « dans la plate-forme revendicative de son mouvement, élaborée par nos soins, puis adoptée en tant que telle par les Assises du MFDC du 6 au 8 octobre 2003, à Ziguinchor, avant d’être consacrée, par l’Etat et le MFDC, comme « Le document de base » pour les négociations de paix tant désirées ». Autrement dit, selon toujours ces derniers, « le « fruit » est mûr. Et il est aisé de comprendre que, pour sa cueillette, l’on se bouscule aujourd’hui au portillon du « jardin des oliviers ».
La nouvelle alternance politique, une alternative ?
« La nouvelle alternance politique, survenue dans notre pays le 25 mars 2012, autorise l’espoir ou l’espérance, peut-être même la conviction dans une nouvelle dynamique de paix en Casamance. D’abord, parce que l’actuel locataire du Palais de la République, le président Macky Sall, connait parfaitement le « dossier casamançais ». Ensuite, parce qu’il avait été naguère, comme ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur puis Premier ministre, notre interlocuteur, ainsi que l’attestent nos échanges épistolaires ci-joints. Et enfin, parce que la Plate-forme Revendicative du MFDC ci-jointe, adoptée, d’un commun accord, par l’Etat et le MFDC, comme « le document de base » pour les négociations entre les deux parties, reste valable en tant que tel, pour n’être guère dénoncée à ce jour par aucune des parties. « Pour cela, nous sommes fondés à penser que la relance du processus de paix, plus particulièrement des pourparlers y relatifs entre l’Etat et le MFDC, est immédiatement possible, pour peu, cependant, que les deux parties le veuillent réellement. Or, le MFDC, par notre voix, le veut, résolument. Dans cette perspective, considérant le travail immense d’ores et déjà abattu, par vos soins, dans le cadre des Assises Nationales, et relativement à la « question casamançaise » ; considérant en outre la Plate-forme Revendicative du MFDC, dûment adoptée par l’Etat et le MFDC comme « le document de base » pour les négociations de paix », ont révélé des actes du processus de paix en Casamance. Prenant acte, avec intérêt, de ce que les conclusions des Assises Nationales sur la « question casamançaise » corroborent, pour l’essentiel, la revendication substantielle contenue dans la Plate-forme Revendicative du MFDC, soit : la nécessité, sinon l’exigence, d’une solution politique et institutionnelle au « problème casamançais », qui puisse notamment consacrer une République du Sénégal aussi décentralisée que ne le permettraient nos réalités socioéconomiques, culturelles et politiques, ainsi que les contingences territoriales et géopolitiques y relatives. En vertu donc de tout cela « nous proposons la mise en place, sans délai, d’une Commission Nationale, chargée d’élaborer un projet d’institution d’une telle République décentralisée du Sénégal, qu’elle soumettrait, à terme, aux deux parties en conflit pour adoption. Parallèlement, toutes les autres questions subséquentes du « problème casamançais » telles que notamment les questions liées aux opérations « DDR » et celles relatives aux mécanismes d’accompagnement socioéconomique pourraient être traitées par les deux parties, exactement comme cela se pratique en la matière partout dans le monde, y compris éventuellement avec l’aide de nos voisins (Gambie, Guinée-Bissau), de la CEDEAO et de l’Union Africaine, voire de l’Union Européenne et de l’Organisation des Nations Unies. La Commission Nationale pourrait alors être composée d’experts des Assises Nationales, auxquels s’adjoindraient ceux qu’il plairait aux parties en conflit de choisir », a cité l’aile politique du mouvement séparatiste.
Sant’ Egidio, assimilé à Jacques Charpy
« Il faut, donc, que l’on se réveille : Sant’Egidio aujourd’hui, comme Jacques Charpy hier, ne dispose d’aucune espèce de solution clé en main d’aucune sorte au « problème casamançais ».
La solution au « problème casamançais » est entre nos mains, à nous MFDC et Casamançais d’une part, et Etat sénégalais d’autre part », a renchérit le secrétaire général du MFDC. Et de croire fermement, « qu’en tous les cas, que des factions et autres individus du MFDC fassent appel à Sant’Egidio, pour les aider à aplanir leurs dissensions internes, ce serait leur affaire ; et même leur droit. A ce propos, d’ailleurs, je suggérerais que Sant’Egidio organise des vols charters à destination de Rome, où, de conclave en conclave, les factions concernées du MFDC pourraient trouver un terrain d’entente. Pourraient alors être du voyage, en plus des principaux intéressés : toutes les personnes et toutes les associations et autres ONG impliquées dans le fameux lobbying en faveur de l’option Sant’ Egidio.

GFM





Nouveau commentaire :
Facebook

Senxibar | SenArchive | Sen Tv | Flash actualité - Dernière minute | Politique | Société | Economie | Culture | Sport | Chronique | Faits Divers | Opinion | International | Sciences et Santé | Médias | Ils l'avaient dit | Emploi | Ramadan | Perdu de vue | Echos du tribunal | A la une | Achaud | resultats2012 | JOB | Theatre