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Politique

COMMENTAIRE: Réussir là où Diouf a échoué


Samedi 12 Mai 2012

Pour relancer la machine sénégalaise, Abdou Diouf estime que les mentalités doivent changer. Nous sommes en 1981 et il veut "moraliser" la vie politique et économique de la nation afin de soulager les finances de l'Etat et satisfaire les bailleurs de fonds. Le PS (Parti socialiste) a pour impératif, en tant que parti au pouvoir depuis presque trente ans, de montrer l'exemple. La loi contre l'enrichissement personnel souhaite lutter contre toutes les formes de "gaspillages du patrimoine national". L'enrichissement illicite devient ainsi un délit, notifié par l'article 163 bis du Code pénal.

Dorénavant, un homme accusé de fraude est dans l'obligation de justifier l'origine de la totalité de ses revenus, sous peine de poursuites. La délation est même encouragée pour débusquer les malfaiteurs : "Toutes les personnes qui révèlent des faits de corruption sont exemptées de toute poursuite".

Un rôle accru est alors donné aux agents de l'Etat, chargés de rechercher et de constater les délits. Dans leur mission, ils sont aidés par une cour de répression de l'enrichissement illicite - composée d'un Président et de quatre assesseurs - spécialement crée pour l'occasion. Mais leur travail s'avère très tôt bien plus difficile, les faits rétrospectifs à la loi étant "amnistiés".

Néanmoins, la nouvelle législation recherche, en traquant les corrupteurs ou les corrompus, "à éviter la paralysie du développement qui sape l'économie du pays". Diouf espère ainsi déstabiliser - et même annihiler- les réseaux clientélistes des "barons" du PS, ces derniers étant trop indépendants à son goût. En contrôlant les flux économiques de ces personnes, il veut réduire leur puissance de contestation et s'affirmer comme le dirigeant incontesté du parti. C'est pourquoi le secrétaire général socialiste prend un ton menaçant dans son discours prononcé le 26 juillet 1981, lors du conseil national du PS : "je veillerai personnellement à ce que la loi soit appliquée sans faiblesse, quelles que soient les personnes mises en cause".

En théorie, cette loi marque la fin de la corruption politique généralisée au Sénégal. En théorie seulement, puisque la loi est très peu appliquée. Le Sénégal n'a pas les moyens - ni une volonté réelle - de s'attaquer à cette pratique largement répandue, qui touche l'ensemble de la société sénégalaise. La gangrène étant telle que l'effet de cette loi ne peut avoir que des résultats limités, voire insignifiants. Finalement, toute la propagande faite autour de cette moralisation de la vie économique et partisane n'a pour seul but que de rappeler à l'ordre certains cadres politiques, sans pour autant avoir une quelconque intention de les soumettre à la justice. Cette mesure participe toutefois au prestige du nouveau Président. Il donne à l'ensemble du pays l'image d'un politique droit et honnête. Il profite aussi, comme on l'a dit antérieurement, de la division de la contestation politique provoquée par l'avènement du multipartisme intégral le 24 avril 1981. Abdou Diouf jouit par conséquent d'un "état de grâce".

Cette loi ne condamnera que ... trois personnes, toutes au début de la présidence dioufiste. Pour certains, cette loi n'a été qu'un prétexte pour intimider les adversaires d'Abdou Diouf, notamment les sympathisants de Babacar Bâ. L'inculpation la plus lourde aura été portée contre Bécaye Sène, ancien directeur de la Banque de l'habitat du Sénégal, considéré comme un proche de Babacar Bâ. Voila pour l’histoire.
SUDONLINE.SN





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