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Société

Burkina Faso: des manifestants ont fait tomber le monument à l’effigie de Blaise Compaoré


Mercredi 29 Octobre 2014

C’est l’image forte de la journée de ce 28 octobre 2014 à Bobo-Dioulasso. Dans leur marche « historique » contre la modification de l’article 37, des Bobolais ont marché sur le monument à l’effigie du président du Faso, sis route de Banfora. Film de la journée de désobéissance civile dans la cité de Guimbi Ouattara.

Il serait hasardeux d’estimer le nombre des manifestants qui ont arpenté les artères de la cité pour manifester leur opposition à la modification de l’article 37. A Bobo-Dioulasso, la journée de désobéissance civile décrétée par l’opposition politique burkinabè a démarré timidement.

Ciel clément, rues désertes, commerces fermés, telle était l’allure de la ville à 07 heures du matin. A partir de 8 heures, comme par magie, des centaines de personnes ont commencé à envahir la place Tiéfo Amoro, point de ralliement de la marche-meeting annoncée par l’Opposition politique du Houet.

A 8h 05minutes, le public de cette place qui est en passe d’être mythique assiste à l’entrée triomphale du car-podium du Mouvement en rouge. Micro en main et dans la peau d’une rock stars sur ce car, Kaba Diakité, le coordonnateur du mouvement Balai Citoyen Bobo harangue la foule. Avec le verbe facile qu’on lui connait, l’homme fait monter la température en scandant des slogans hostiles à Blaise Compaoré et à son parti politique. C’est l’hystérie. Galvanisée par le morceau musical « Ce président-là » de Sams-K le Djah, la foule va entamer sa marche, une « marche historique », selon une femme voilée.



Dans une ambiance sans commune mesure, des milliers et des milliers de personnes entament la marche autour de 8 heures 30 minutes. Sur les pancartes, on pouvait lire des slogans hostiles au Président du Faso : « Blaise = Ebola de la démocratie au Burkina ; Ce que tu n’as pas pu faire en 27 ans, tu ne pourras pas le faire en 15 ans ; Blaise libère notre Kossyam… »

A 8h 30 minutes, la foule est indescriptible. Comme un essaim d’abeilles, les pourfendeurs de la modification de l’article 37 ont tout occupé. Il n’y a plus d’espace à la place de la Tièfo Amoro au boulevard de l’Indépendance.

A 8 h46, le car-podium, véritable mobilisateur des manifestants, s’arrête à proximité d’un bus des Forces Armées Nationales. Occasion pour des milliers de personnes d’interpeller leurs « frères militaires ». Kaba Diakité parle : « Le pouvoir est dans la rue. Le pouvoir est au peuple. Blaise Compaoré n’est pas fort, c’est le peuple qui est fort. Voyez-vous même ».

09 heures, sueur froide pour les organisateurs de la marche



Euphorique, la foule va déroger à l’itinéraire initial voulu par les organisateurs de la journée de désobéissance civile. Dans une de ses envolées verbales dont il a le secret, Kaba Diakité encourage les marcheurs à joindre la mairie centrale de Bobo. Un vent glacial souffle dès lors sur des responsables des organisations de la société civile et de l’opposition. Dans les têtes, une seule question : « Que ferons-nous en cas de débordement ? ».

Désespérément, des leaders de la marche tentent de raisonner le coordonnateur du Balai Citoyen. Dommage, le tour était déjà joué et Kaba, sûr de la justesse de son improvisation : « Moi je n’ai pas peur. Le pouvoir appartient au peuple et on doit suivre le peuple. Le peuple veut aller à la mairie donc on y va ».

9 h10, toujours entre musique et slogans hostiles au Président du Faso, à François Compaoré, au CDP et à l’ADF-RDA, le groupe retient son souffle. Le chemin qui mènera à la mairie est un moment d’angoisse, le doute du dérapage est dans toutes les têtes.

9h18mn, à l’approche de la mairie, un bras de fer s’engage entre le conducteur du car podium, le tribun en chef Kaba Diakité et les différentes fractions qui coordonnaient la marche.

Fort heureusement, Kaba Diakité va improviser encore. Le maestro du jour demande à la foule de regagner la place de la Nation, le gouvernorat avant de revenir à la mairie.

9h38mn, c’est le clash entre les organisateurs



De plus en plus contesté pour ses improvisations, Kaba Diakité tombe dans le viseur des cadres du Mouvement en rouge. Ces invitations à regagner le gouvernorat et les mairies avortées, l’homme va être au centre d’une discorde. A l’approche de Ran hôtel Somkieta et suite à une escapade, l’unité d’action entre les organisations de la société civile s’envole du car podium. Sans qu’on n’en sache toutes les raisons, Moussa Traoré, le secrétaire général du Mouvement en rouge obtempère à des suggestions des membres de son groupe qui ne voulaient plus de Kaba Diakité.

A 9h46, Moussa Traoré tente effectivement de retirer le micro à Kaba mais c’était sans compter sur la détermination de ce dernier. Les deux hommes évitent les coups de poings de justesse, mais un vent de divorce était passé par là. Après des échanges verbaux houleux, Kaba Diakité libère le car podium. Il invite les autres cibals et cibelles de faire comme lui. C’est la scission de l’unité d’action entre le Mouvement en rouge et le Balai Citoyen… « On ne travaillera plus avec le Balai Citoyen », lance un homme en rouge.

Rien ne pouvait arrêter cette foule

La brouille entre les principales organisations de la société civile de la ville de Bobo est passée pratiquement inaperçue. Ce 28 octobre étant trop sérieux pour ceux qui ne veulent plus de Blaise Compaoré au-delà de son mandat constitutionnel. De retour à la place Tiéfo Amoro à 10 heures, le groupe marque le pas (le temps des animations musicales) pour répartir de plus belle. Et c’était impressionnant. Impressionnant dans la mesure où la marée humaine semblait venir d’ailleurs.

Toujours dans une ambiance folie-folie, la marche, devenue sans consigne ni direction reprend de plus belle. Entre hommes et femmes de presse, on échange sur les qualificatifs à donner à la marée humaine hostile à la modification de l’article 37. « Les images parleront plus que les mots », lancent un confrère.

Le boulevarde de l’indépendance aux politiques et le reste de la ville aux organisations de la société civile.Rallié pour la deuxième fois par les marcheurs, le boulevard de l’indépendance, lieu du meeting va voir une partie des marcheurs partir une fois de plus pour d’autres horizons. En effet, et surement suite à des consignes officieuses des partis d’oppositions, un groupe de manifestant déserte cette place. Qu’à cela ne tienne, des milliers et des milliers d’autres y sont pour écouter le Rassemblement des partis d’opposition du Houet (RPOH). A l’honneur, des responsables locaux des partis sont acclamés à la prononciation de leur nom. Léonce Sanon du MPP, Odile Sanou du PAREN, Moussa Zerbo de l’UPC sont avec le « peuple ».

Pour Amadou Sanon, il y a des députés de la majorité qui sont contre le projet de loi
Venu de Ouagadougou pour la circonstance, le député Amadou Sanon de l’UPC a tenu à rassurer les bobolais. Les élus de l’opposition sont avec vous et nous attendons au tournant des députés du CDP et des députés de l’ADF-RDA. Sur foi de cet élu national, il y aurait des députés au sein de la majorité présidentielle qui voteront contre la modification de l’article 37.

Bobo comme Misrata, le contraste de l’histoire

S’il est vrai que de mémoire d’homme, le nombre des manifestants du jour est un record à Bobo-Dioulasso, il y a eu un fait plus marquant, plus symbolique et donnant à voir des scènes propres à la révolution libyenne. En effet, pendant que le gros des manifestants, tel un monstre à plusieurs tête inondait le boulevard de l’indépendance et des artères du centre-ville, un autre groupe s’en est pris au monument communément appelé Blaise-Kadhafi. « L’ennemi » du jour étant le Président du Faso, c’est sa statue qui va se retrouver à terre. Spectacle désolant. Pour marquer leur désapprobation vis-à-vis de leur Chef d’Etat, des dizaines de personnes embrassent la statue restée intact. Pour les manifestants, Kadhafi est éternel il doit se tenir débout à Bobo-Dioulasso. Contraste de l’histoire quand on sait qu’en 2011, des libyens s’en prenaient à celui qui est aujourd’hui une source d’inspiration pour des bobolais en lutte contre leur « dictateur ».

Ce spectacle macabre pour les uns et historique pour les autres va toutefois prendre fin avec l’entrée en scène de la Gendarmerie Nationale. Absents des voies tout au long de la grande marche, les pandores parviendront à encercler le rond-point qui abrite la statue du Président du Faso. C’est la fin de la récréation mais pas de la journée.

Dans l’impossibilité de suivre tous les groupes dans la ville, des journalistes se retirent. En ayant en tête des propos de Moussa Zerbo du RPOH et du député Amadou Sanon : « Nous sommes sortis aujourd’hui mais nous ne savons pas quand nous allons rentrer ». Sur le chemin des rédactions, on apprend que des institutions comme la mairie centrale et le conseil régional des Hauts-Bassins ont été visitées par les marcheurs.

GFM



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