Connectez-vous
Société

Brimade, injuries et actes racistes: Le calvaire d’une Sénégalaise diplômée, "noubonne" à Tanger (Maroc)


Mercredi 4 Mars 2015

Brimade, injuries et actes racistes: Le calvaire d’une Sénégalaise diplômée, "noubonne" à Tanger (Maroc)

Ce n’est pas que l’émigration en Europe qui présente des dangers pour nos compatriotes expatriés. Au Maroc, plusieurs Sénégalais ont été victimes d’actes racistes ces dernières années, certains y ont perdu la vie après des crimes restés souvent impunis. Alors que des femmes étrangères, qui gagent leur vie en travaillant comme bonnes ou nounous chez des familles aisées, vivent le racisme au quotidien. C’est le cas d’une Sénégalaise originaire de la ville de Thiès. Jeune Afrique nous plonge dans le quotidien de celle qu'on appellera Rokhaya, une jeune femme qui a été victime de brimade, de propos injurieux, d’actes racistes qu’elle a dû subir sans broncher, parce que tout simplement, elle est en situation irrégulière.

«En mars 2013, la jeune femme n’a pas eu besoin de visa pour entrer à Dakhla. "Quand tu viens du Sénégal, on te donne trois mois automatiquement." Rokhaya baisse la tête, esquisse une moue résignée. "C’est pour prolonger le séjour, après, que ça se complique», narre la jeune diplômée et aide-infirmière de 23 ans.

Une qualification qui ne lui sera pas d’un grand apport, car elle devra, pour survivre, se contenter d’un travail loin de correspondre à son statut: «J’ai essayé de travailler dans des pharmacies mais à chaque fois, on me disait que le budget était serré, qu’on ne pouvait pas me payer."Elle décide alors de rejoindre des "frères" sénégalais à Tanger. L’un d’eux, Arona Samb, l’accompagne aujourd’hui. "Tanger, c’est presque l’Europe, il y pleut des jobs par milliers, ironise le jeune homme. C’est ce que tout le monde entend avant de débarquer ici».

La voilà engagée comme nounou dans une famille aisée, moyennant une rémunération de 2500 dirhams mensuels.  

«Au regard des tarifs pratiqués à Tanger, la rémunération, 2500 dirhams par mois, semble décente. Mais la jeune Sénégalaise réalise bien vite l’envers du décor : ici, nounou veut surtout dire employée de maison corvéable à merci. Sur les réseaux sociaux, beaucoup de mères utilisent de manière décomplexée le mot "noubonne", néologisme signifiant nounou et "bonne" à tout faire. "Il fallait arriver suffisamment tôt pour préparer le petit déjeuner, habiller les enfants, les emmener à l’école puis aller les chercher, se souvient Rokhaya. L’après-midi, il fallait faire le ménage, beaucoup de ménage. En principe, je devais quitter à 17 h. Mais très souvent, je partais une ou deux heures plus tard», détaille le journal au sujet de l’activité exercée par la jeune Sénégalaise, «un travail de qualité, bon marché, discret et exercé par des francophones» comme le décrit l’universitaire Nazarena Lanza, co-auteur de l’ouvrage collectif D’une Afrique à l’autre.

«Ça hurlait en permanence dans cette maison. J’étais la "Azzia" ("négresse" en darija marocaine) de service. Même les enfants m’appelaient Azzia plutôt que par mon prénom. Le pire, c’est que je ne pouvais même pas riposter." Difficile de se défendre quand on est seule et, la plupart du temps, en situation illégale. "Les filles vivent sous la menace de se faire dénoncer, expulser, déplore Arona Samb. Elles connaissent rarement leurs droits, ne savent pas que la police peut prendre leur défense et accuser la famille dénonciatrice d’exploiter une sans papiers».  

En attendant une régularisation, Rokhaya monnaie des forces dans un restaurant sénégalais. Pour elle, l’idée d’un retour au pays, à Thiès, n’est pas envisageable.

«J’y ai travaillé avec trois médecins. Un seul me payait de temps en temps, et ça ne dépassait jamais les 70 000 francs CFA, sauf pendant les campagnes de vaccination où j’étais payée environ 3 000 francs par jour. Je ne peux pas aider ma famille avec si peu d’argent», regrette Rokhaya.
seneweb




Nouveau commentaire :
Facebook

Senxibar | SenArchive | Sen Tv | Flash actualité - Dernière minute | Politique | Société | Economie | Culture | Sport | Chronique | Faits Divers | Opinion | International | Sciences et Santé | Médias | Ils l'avaient dit | Emploi | Ramadan | Perdu de vue | Echos du tribunal | A la une | Achaud | resultats2012 | JOB | Theatre