Assemblée nationale: Chronique d'une mort annoncée de l'opposition parlementaire

Va-t-on vers l’enterrement de l’opposition parlementaire à l’Assemblée nationale ? En tout cas, tout porte à le croire. Après l’adoption de la loi n° 13/2015 portant modification du règlement intérieur de l'Assemblée nationale qui interdit à tout député de quitter son groupe parlementaire pour un autre, mais aussi qui fait passer le nombre de députés pour la constitution d’un groupe parlementaire de 10 à 15, l’on risque de voir l’opposition parlementaire disparaître au sein de l’hémicycle surtout avec la montée de la tension qui sévit au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds) à la veille de l’ouverture de l’année parlementaire 2015. Au final, l’Assemblée nationale risque de faire face à une situation inédite, jamais vue depuis 1988.

En effet, seul parti disposant d’un groupe parlementaire outre que celui de la majorité, le Parti démocratique sénégalais, secoué depuis juin dernier par un vent de fronde alimenté par un mouvement à la tête duquel on trouve l’actuel président du groupe parlementaire des démocrates et libéraux, Modou Diagne Fada, est dans la tourmente. Après le mandat donné par le comité directeur de cette formation politique à son secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade, pour apporter des changements à la tête du groupe parlementaire des libéraux à l’Assemblée nationale, lors d’une réunion tenue mercredi passé, des informations font de plus en plus état d’un possible remplacement de Modou Diagne Fada par la présidente du Conseil départemental de Bambey, Aïda Mbodj.

Cette situation laisse planer un nuage d’incertitude sur la cohésion même de la famille libérale au sein de l’Hémicycle et, au-delà, sur l’avenir du débat contradictoire au sein de cette institution. Pour cause, Modou Diagne Fada, en cas de confirmation de ce limogeage à son poste, pourrait décider lui et ses partisans de quitterla famille libérale. Cela, après même que les nouvelles dispositions du nouveau règlement intérieur de l’Assemblée interdisent à tout député de quitter son groupe parlementaire pour un autre et devenir ainsi des députés non inscrits.

L’autre conséquence directe à présager reste la disparition immédiate du seul groupe parlementaire de l’opposition de cette douzième législature : le groupe des libéraux-démocrates du fait que le nouveau règlement intérieur de l’Assemblée nationale a fait passer le nombre de députés pour la constitution d’un groupe parlementaire de 10 à 15. Après le Rewmi et le Ps, cité par certains comme les principaux partis visés par cette loi, décriée à l’époque aussi bien par l’opposition que par une partie de la majorité, le Pds est donc sur le point de faire les frais du nouveau règlement de l’Assemblée nationale. Cela, après même les efforts consentis par son leader, Me Wade quand il était encore aux affaires pour permettre la création de trois groupes parlementaires.

Sud quotidien