Analyse: L'ambassadeur diagnostique la croissance démographique du Sénégal

SENXIBAR- Le Sénégal est confronté à "une explosion démographique". Ces propos ont été tenus par Jean Félix Paganon. Dans les colonnes de l'APS, l'ambassadeur de la France établi au Sénégal a indiqué que "l’un des principaux défis auquel le Sénégal est confronté, est sa croissance démographique qualifiée d’ ‘’explosion démographique’’, avec tous les efforts qu’elle appelle de la part de l’Etat en termes de prise en charge des besoins sociaux comme l’éducation, la santé, etc. A l'en croire, ‘’L’un des défis principaux pour ce pays, semble-t-il, c’est l’importance de la croissance démographique’’, a-t-il dit lors d’une conférence de presse qu’il donnait au terme d’une tournée dans la zone du Boundou.
L’ambassadeur qui s’apprête à quitter le Sénégal, sa mission tirant à sa fin, a été interrogé sur son appréciation de son séjour en terre sénégalaise en a profité pour faire sa perception de ce qu’il considère comme étant les défis se posent au pays.
‘’A chaque fois que je pose la question dans les centres de santé, la réponse est à peu près la même’’, a dit M. Paganon. ‘’Vous avez un taux de natalité de 5%. Ça veut dire un taux de croissance démographique de 3%, ça veut dire que la population double tous les 20 ans, ça veut dire qu’il y a 100.000 naissances par an à Dakar, ça veut dire qu’il y a 400.000 naissances par an au Sénégal’’.
‘’Cela veut dire, qu’il y aura 25 millions de Sénégalais demain, qu’il y a 300.000 enfants à scolariser par an’’, a-t-il poursuivi, estimant que ce sont des ‘’chiffres impressionnants’’.
‘’Très franchement, je ne connais pas une seule ville en Europe qui est capable d’absorber le fait qu’il y a 300.000 naissance par an’’, a encore souligné, à titre de comparaison, le diplomate, pour qui la croissance démographique, même si ‘’on n’en parle pas beaucoup’’, est un ‘’gigantesque défi pour ce pays’’.
‘’On est tous conscient que culturellement l’idée de réduire le nombre d’enfants qu’on a dans une famille, s’oppose à des traditions, à des pratiques’’, a ajouté l’ambassadeur, pour qui, ce choix qui, ‘’à titre individuel, est très positif et très respectable’’, est au niveau de l’ensemble de la société, un ‘’défi immense’’.
Citant une comparaison faite par Jean-Louis Borloo entre le Sénégal et la France, il a noté que le Sénégal est passé de 2 millions d’habitants au moment de son indépendance, en 1960 à près de 14 millions de francs CFA aujourd’hui. Ce qui signifie qu’il a multiplié par sept sa population.
Cela veut dire que si la France avait la même croissance, il y avait 50 millions de français en 1960, il y aurait aujourd’hui 350 millions de français, soit plus que la population américaine.
‘’ C’est une explosion, je sais que personne n’écoute, tout le monde pense que je suis en train de vaticiner, mais c’est un gigantesque problème’’, a-t-il insisté. ‘’Cent mille naissances de plus par an à Dakar, c’est une ville, une grande’’, a souligné par ailleurs, le diplomate.
Cela veut dire que quand le Sénégal a fait une croissance somme toute honorable de 3% par an, lors des 20 derrières années, cette croissance est absorbée par la croissance démographe et le niveau de vie reste à peu près au même niveau.
Il a laissé entendre que ‘’quels que soient les efforts du gouvernement, quelle que soit la qualité des politiques publiques’’, cela ne peut avoir de réel impact sur la croissance, compte tenu du fait que les ressources naturelles, le PIB par tête sont absorbés par la croissance démographique.
‘’Heureusement, le Sénégal a de la chance, la croissance n‘a pas reculé’’, a-t-il relevé, non sans indiquer qu’il y a des pays qui sont dans cette situation et qui ont vu leur croissance reculer.
Le représentant diplomatique s’est toutefois défendu de faire un jugement de valeur sur la progression démographique du pays. ‘’Je ne dis pas que c’est bien ou mal, je constate’’ un fait, a-t-il précisé, tout en ajoutant : ‘’la société sénégalaise fait ce qu’elle veut, le gouvernement du Sénégal fait ce qu’elle veut’’.