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Faits Divers

Affaire de l'étudiant Mamadou Diop: Un verdict sans mandat de dépôt ou d'arrêt

Les deux policiers écopent de 2ans et ...3 mois ferme


Vendredi 15 Janvier 2016

Le verdict tant attendu dans l’affaire Mamadou Diop, du nom de l’étudiant tué à la Place de l’Obélisque le 31 janvier 2012, lors d’une manifestation politique organisée par le M 23, est tombé hier, jeudi 14 janvier. Les policiers mis en cause dans le meurtre en question, Tamsir Ousmane Thiam et Wagane Souaré, ont été respectivement condamnés à deux ans et trois mois ferme de prison pour coups mortels pour le premier et non-assistance à personne en danger pour le second. L’Etat, reconnu civilement responsable, est condamné à payer à la famille de la victime rien moins que 20 millions de Fcfa. Pis, la peine des deux policiers n’est suivie ni de mandat de dépôt ni de mandat d’arrêt et a tôt fait de créer la réprobation des organisations de la société civile.


Affaire de l'étudiant Mamadou Diop: Un verdict sans mandat de dépôt ou d'arrêt

Le verdict est enfin tombé dans l’affaire Mamadou Diop qui tenait en haleine les Sénégalais, plus de quatre années après la mort de l’étudiant natif de Mbour, le 31 janvier 2012, à la Place de l’Obélisque lors d’une manifestation politique organisée par le M 23 (Mouvement des forces du 23 juin). Un mouvement regroupant presque toute la société civile et les partis politiques engagés contre la candidature d’Abdoulaye Wade à un troisième mandat à la tête du Sénégal. 

Le tribunal correctionnel de Dakar a en effet condamné le policier Tamsir Ousmane Thiam à deux ans de prison ferme pour coups mortels. Ce dernier était au volant du « Dragon » qui a heurté l’étudiant, lors des violences pré-électorales de 2012. Le sort de son assistant, à savoir Wagane Souaré est aussi ficelé. Le policier qui était, à l’intérieur du véhicule, chargé de surveiller les caméras de surveillance écope, lui, de trois (3) mois ferme pour non-assistance à personne en danger. Quant à la famille de la victime, elle percevra 20 millions de F Cfa de l’État du Sénégal reconnu comme civilement responsable de la mort de l’étudiant .Il faut souligner que les juges du Tribunal correctionnel ont suivi le réquisitoire du Procureur dans le délibéré. 

Rappelons qu’à la veille de l’élection présidentielle de 2012, l’étudiant Mamadou Diop avait perdu la vie, au cours des manifestations contre la candidature de Me Abdoulaye Wade. Il avait été écrasé par un véhicule de la police dénommé « Dragon ». Depuis lors, sa famille réclamait justice, attendant impatiemment le verdict du tribunal. Las d’attendre d’ailleurs, le père de la victime avait fait, la semaine dernière, une sortie virulente contre l’ancien ministre de l’intérieur Me Ousmane Ngom qu’il estimait être le véritable instigateur de l’assassinat de son fils.

Seul hic au verdict rendu hier par le tribunal dans cette affaire, sans mandat de dépôt ni mandat d’arrêt : il ne satisfait nullement les membres de la société civile (M23 et Raddho) comme en témoignent les commentaires de leurs leaders (voir par ailleurs).                 

REACTIONS…

MAMADOU MBODJ, COORDONNATEUR DE MOUVEMENT DU M 23, SUR LE VERDICT : «Cela veut dire que l’État protège de manière exagérée ses bras armés»
Nous tenons tout d’abord à saluer la mémoire de Mamadou Diop. Il est un martyre qui s’est battu pour la démocratie et pour son pays. Nous pensons que le peuple devrait éviter que sa mort soit vaine en se mobilisant pour des réformes institutionnelles profondes dans ce pays.  Maintenant, pour le verdict rendu par le tribunal, nous disons que c’est une décision regrettable. Nous estimons que les policiers incriminés dans cette affaire ne sont que des exécutants. C’est vraiment dommage que les donneurs d’ordre qui sont les principaux responsables ne soient pas identifiés. Nous regrettons aussi le fait que le juge n’a pas délivré un mandat d’arrêt contre les condamnés. Pour nous, les choses sont claires, cela veut dire que l’État protège de manière exagérée ses bras armés.   
Car en dépit de sa longueur, le procès n’a pas permis l’identification des commanditaires ou des donneurs d’ordre parce que si le policier a foncé sur une foule, c’est parce qu’il a reçu un ordre et cet ordre-là vient de qui ? Cela pose un problème que des policiers qui ont tué soient surprotégés. Nous pensons également qu’il y a eu des dérapages de la part de Monsieur Ousmane Ngom-ancien ministre de l’Intérieur-ndlr) quand il a voulu aller chercher dans les poubelles le passé du père de feu Mamadou Diop.      

SEYDI GASSAMA, PRESIDENT DE LA SECTION SENEGAL D’AMNESTY INTERNATIONAL : «Nous sommes vraiment très déçus...»
Nous sommes vraiment très déçus par le traitement que la justice réserve aux membres des forces de sécurité chaque fois qu’ils sont mis en cause dans des décès de citoyens. Pour des cas qui portent sur des morts d’homme, qu’on les envoie au tribunal correctionnel plutôt que de les envoyer devant la chambre criminelle. Cela pose un problème d’autant plus qu’à chaque fois qu’un civil commet un meurtre, on l’envoie immédiatement en chambre criminelle. Mais quand c’est un membre des forces de sécurité, la plupart du temps, on l’envoie devant le tribunal correctionnel où il s’en sort avec des peines extrêmement faibles, comme c’est le cas pour ce dossier de Mamadou Diop. C’est un meurtre qui a choqué tous les Sénégalais et les flics, en tout et pour tout, ont écopé de deux ans de prison pour l’un et trois mois pour l’autre. Il semble qu’ils ne vont même pas aller en prison parce qu’il n’y a pas un mandat d’arrêt contre eux.
Nous sommes donc déçus car cela laisse penser qu’il y a deux poids deux mesures. Et c’est inacceptable pour la justice. Nous sommes également déçus que, dans cette affaire, ceux qui ont exercé le commandement et l’autorité politique qui a dirigé cette répression-là sont aujourd’hui, passés totalement à travers les mailles de la justice. La répression qui a emporté Mamadou Diop a emporté quand même au Sénégal au moins sept personnes et fait beaucoup de blessés qu’Amnesty a comptabilisés. Mais, aujourd’hui, la justice est en train de nous dire que l’ancien ministre de l’intérieur Ousmane Ngom n’a aucune responsabilité, cela n’est pas acceptable.   

SUD QUOTIDIEN




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