AVENIR POLITIQUE DE L’EX-PREMIER MINISTRE: LE DILEMME DE MIMI TOURÉ

Partagée entre sa fidélité à Macky Sall et la nécessité de se tracer un avenir politique, l’ex-Premier ministre Aminata Touré ne sait pas encore comment sortir de ce dilemme.

Discrète depuis son limogeage le 4 juillet dernier, l’exPremier ministre Aminata Touré entretient le mystère autour de son avenir politique.

Sanctionnée pour avoir perdu les élections locales dans son fief à Grand Yoff, Mimi Touré devra se déterminer par rapport à ses relations avec l’Alliance pour la République (APR).

Même si officiellement les militants de l’APR de Grand Yoff lui demandent de “rester dans le parti et de se battre” contre ses détracteurs, en coulisses, certains responsables pensent que Mimi Touré n’a aucune chance à l’APR.

En d’autres termes, ils pensent qu’elle doit se séparer de ses actuels camarades et “construire son propre destin”. Va-t-elle franchir le Rubicon ? Une source proche de l’ancien chef du gouvernement confie :

“Elle va se prononcer sur son avenir sous peu. Nous attendons qu’elle se détermine et nous allons la suivre”. Pour l’heure, Aminata Touré continue ses “consultations” avec ses militants et d’autres personnalités politiques du pouvoir sans pour autant les édifier clairement sur son avenir politique.

“Je reste une militante des grandes causes”, s’était-elle contentée de répondre à la délégation de la coalition Macky 2012, qui s’était rendue chez elle lundi dernier, pour lui apporter son “soutien”.

Selon des sources ayant pris part à cette rencontre, le Pr. Malick Ndiaye et Cie ont fait savoir à Mimi Touré qu’ils “partageaient le même combat” et l’invitent à “rectifier ensemble un certain nombre de “dérives” notées “dans la deuxième alternance”.

Ces “dérives”, selon Macky 2012, ont pour nom : “l’intrusion de la famille Faye-Sall dans les affaires étatiques, la volonté de revenir sur la réduction du mandat présidentiel, l’usurpation de Benno Bokk Yaakaar, la restauration du Parti socialiste, la réhabilitation du PDS”.

Mais face à autant de chantiers, l’ex-Premier ministre aura forcément besoin d’un appareil politique solide. Ce qui pour l’instant lui fait défaut, même si elle a réussi à massifier le parti présidentiel à Grand Yoff, longtemps miné par une guerre fratricide.

En recevant avant-hier, chez elle, les 180 “volontaires du développement”des jeunes qui, durant la campagne électorale, se sont investis pour expliquer aux électeurs le programme de BBY à Grand Yoff-, Mimi Touré semble vouloir constituer un noyau dur pour une éventuelle nouvelle.... aventure politique.

Le cas échéant, l’APR pourrait se retrouver en mauvaise posture puisqu’Aminata Touré, dans ses habits de victime, gagnerait la sympathie de bon nombre d’électeurs frustrés par le régime de Macky Sall.

“Le Président n’a pas été élégant avec Mimi Touré. Il s’est servi de la Dame avec la traque des biens mal acquis. Il s’est séparé de tous ses amis d’hier, et cela peut se retourner contre lui”, explique une proche du chef de l’Etat.

“Si Mimi se trouve un nouveau destin qui croise celui de Macky Sall, les chances de ce dernier de gagner en 2017 seront compromises”, analyse un membre de la mouvance présidentielle. D’ailleurs, ce risque est pris très au sérieux par certains responsables de l’APR comme Mbaye Ndiaye, directeur des structures de l’APR.

Selon des sources dignes de foi, le candidat malheureux à la maire des Parcelles Assainies a appelé au téléphone le député Abdoulaye Ndiaye, pour se plaindre de sa sortie médiatique dans laquelle ce dernier s’en était pris aux “lobbies tapis au Palais” qui ont combattu le prédécesseur de Mahammed Dionne.

“Tu as été excessif”, lui aurait dit l’ancien ministre d’Etat. Par contre, d’autres autorités de la République ont préféré travailler au corps des proches de Mimi Touré afin de “mieux l’isoler”.

Une pratique qui rappelle fort bien l’ère de la “démackysation” ; un néologisme utilisé alors par la presse pour décrire le chantage dont faisaient l’objet des proches de Macky Sall, après qu’il a été débarqué de son perchoir de l’Assemblée nationale.

En tout cas, le départ de celle que l’on surnomme “la Dame de fer” de l’APR ne manquera pas de secouer le jeune parti présidentiel confronté déjà à une crise de croissance

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