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Politique

ASSEMBLEE NATIONALE: Du monolithisme…à la parité


Mercredi 13 Juin 2012

La parité sera la véritable nouveauté de la législature à venir. Ce fut long à se dessiner car, cette configuration a été précédée par un régime de parti unique senghorien. Sous la contrainte des évènements politiques, la pluralité va s’inviter à l’hémicycle. Wade sous son magistère, ouvre à l’équilibre de genre, les portes d’une Institution jusqu’ici dominée par l’approche restée machiste.

Objet de toutes les convoitises, le siège l’Assemblée nationale a toujours été le théâtre d’échanges épiques entre représentants de différentes factions politiques. Son histoire se confond avec celle du Sénégal indépendant qui entame les consultations pour la XIIème législature. Une nouvelle législature qui va s’ouvrir sous les traits de la parité intégrale aux fonctions électives et semi électives, dont la loi a été adoptée en 2010.

Inauguré le 22 novembre 1956 par Albert Sarraut, Président de l’Assemblée de l’Union Française, en présence de Gaston Cusin, Haut Commissaire de la République en Afrique Occidentale Française et de Boissier Palun, le Palais de l’Assemblée a abrité successivement le Grand Conseil de l’Afrique Occidentale Française (AOF), de 1956 à 1959 ; L’Assemblée législative de la Fédération du Mali, du 04 avril 1959 au 20 août 1960 ; et, depuis le 20 août 1960 (Loi n° 60-44 du 20 août 1960), l’Assemblée nationale de la République du Sénégal. A l’indépendance, le nombre de députés était de 80. L’effectif est passé à 100 en 1978, à 120 en 1983 et à 140 en 1998.

En 1963, le 1er décembre, les élections législatives sénégalaises ont eu lieu, le même jour que l’élection présidentielle et elles ont été remportées par l’Union progressiste sénégalaise (Ups), avec 94 % des suffrages contre 5,80% pour l’Union démocratique sénégalaise (Uds), pour un taux de participation d’environ 90%.

Deux listes s'opposaient alors. L'Union progressiste sénégalaise emmenée par Senghor et la liste d'opposition « Démocratie et unité sénégalaise », où le Parti du Rassemblement Africain-Sénégal (Pra -Sénégal) avait un rôle prépondérant. Dans une campagne particulièrement mouvementée, une intervention des forces de l'ordre fit 11 morts et de nombreux blessés.

Prélude aux années de braise

Les résultats proclamés par la suite renvoient à un score stalinien pour l’UPS alors au sommet de sa toute puissance. Tous les 80 sièges du parlement sont allés au parti du Président-poète.

1968, année de braise, ne dérogea pas à la règle. Le parti unique de Senghor trône encore sur l’hémicycle. Jusqu’en 1973, il en est ainsi, le Président-poète et sa formation imposent la toute puissance d’un parti-Etat dont les méthodes et pratiques sont de plus en plus contestées par les groupes clandestins de gauche, dont le PAI et des autres formations issues de ses flancs. Mais déjà, après 1968, on sent que l’étau va inéluctablement se desserrer.

1968, année particulièrement agitée à travers le monde, n’a épargné aucune capitale. Les secousses se ressentent jusqu’à Dakar avec les agitations des mouvements étudiants qui mettent à rude épreuve le régime monolithique senghorien. Pris dans la tourmente de l’onde de choc du printemps de Prague, Senghor plie mais ne rompt pas. Le vent de l’ouverture démocratique est repoussé ; les étudiants responsables (ou considérés comme tels) sont « emprisonnés » dans des casernes de l’armée, avant d’être libérés au bout de quelques semaines. Les étrangers renvoyés chez eux.

En 1971, la situation se tend de nouveau avec l’Université. Ceux qui sont pris sont enrôlés de force dans l’armée. Ce sont Mamadou Diop Decroix, Mbaye Diack, Tidiane Ly (époux de Marième Wane Ly), Mouhamadou Sanokho (Sénélec), Mamadou Sall (frère de l’ancien ministre Seydou Sy Sall) et Al Housseynou Cissé, étudiant en Fac de Droit, mort décapité à Santhiaba Manjack le vendredi 26 mai 1972, du fait de mercenaires bissau-guinéens à la solde du colon portugais.

A partir de 1974, c’est l’irruption sur la scène politique du parti de « Maitre », à la suite de l’ouverture encadrée offerte par Senghor. Ce sont les fameux 04 courants. D’abord de contribution, le Parti démocratique sénégalais (Pds) de Me Abdoulaye Wade se présente de plus en plus, comme une opposition sérieuse au régime senghorien.
Pds et Pai diluent la couleur socialiste

Et des les législatives de 1978, trois formations sont en lice, le Parti Socialiste qui, entre-temps, avait pris le relais de l’Ups, fait face au Pds et au Parti africain de l’indépendance (Pai) sorti de la clandestinité. L’issue du scrutin législatif installe la dualité (le duel) politique entre le Ps et le Pds. Les deux formations se sont partagé le nombre de Sièges qui désormais, est porté à 100 depuis 1973. Le Ps prend les 83 sièges pour laisser les 17 sièges à la formation dirigée par Abdoulaye Wade. Le Pai de Majmouth Diop est laissé sur le carreau. C’est une pluralité, même si c’est limité.
En 1981, l’avènement d’Abdou Diouf inaugure l’ère du multipartisme intégral avec son fameux slogan « Diaka dia ngook kou meune na nodd ». En 1983, Abdou Diouf est élu après avoir terminé le mandat de Senghor, à la faveur de l’article 35 de la Constitution taillée sur mesure, des années plus tôt et qui lui permit, en tant que premier ministre, de succéder au président de la République du Sénégal.

Les législatives organisées en même temps que la Présidentielle voient la participation de 08 formations politiques dont la plupart sont des excroissances du Pai. Seuls trois se retrouveront à l’hémicycle pour se partager les 120 sièges, le PS rafle 111 sièges, le Pds obtient 08 députés et le Rnd du professeur Cheikh Anta Diop prend un siège que le Professeur va d’ailleurs bouder en réaction aux fraudes massives.

En 1988, s’ouvre au Sénégal une nouvelle ère de tensions politiques marquée par la suspicion entre le pouvoir Ps et l’opposition incarnée par le PDS et les partis de la gauche comme le PIT, la Ld-mpt et le Plp de Me Babacar Niang. Les sièges sont partagés entre le Ps (103) et le Pds (17). Les résultats de la Présidentielle contestés, le pays s’installe dans un chaos politique qui conduit Abdou Diouf et son régime à installer l’état d’urgence.

En 1993, la Présidentielle et les législatives sont découplées. L’élection des députés se tient en mai. Beaucoup de partis font leur entrée à l’Hémicycle en plus du PS et du Pds. Il s’agit de la Ligue démocratique mouvement pour le travail (Ld/mpt , du parti de l’indépendance et du travail (Pit), du rassemblement national démocratique (Rnd), de l’Union Démocratique sénégalaise-Rénovation (Uds-R). Cette pluralité quoique faible, sera confirmée en 1998 avec les élections organisées par le Ministre de l’intérieur, le Général Lamine Cissé, sous la surveillance de l’ONEL (Observatoire national des élections) conduit par un autre Général Mamadou Niang. Ce scrutin qui voit le score du parti socialiste chuter et le Pds percer dans les grandes villes comme Dakar, Pikine et surtout à Linguère après la dissidence de Djibo Kâ, annonce le virage de 2000.

Alternance et rapports de forces nouveaux

La survenue de l’alternance en mars 2000 s’accompagne d’une nouvelle majorité bleue à l’assemblée nationale et pour la première fois, le parlement se retrouve avec pas moins de 3 groupes parlementaires. Cette séquence de pluralité sera mise entre parenthèses à la suite du boycott des législatives par l’opposition, en 2007.

L’Assemblée s’était retrouvée colorée en bleu ciel avec de rares députés opposants, de toute évidence sans aucun pouvoir contre la déferlante bleue. Au cours de cette législature et, dans une opération de charme à l’endroit de l’électorat féminin le Président Abdoulaye Wade fait adopter par le parlement (Assemblée et Sénat) la loi instituant la parité absolue à tous les postes électifs. Une entorse à la démocratie et une restriction de la liberté de choix, disent certains. Les experts en jugeront.

En tout état de cause, cette loi va constituer un véritable écueil pour les formations politiques en lice. Aujourd’hui, la phase des listes est derrière, mais les interrogations demeurent. Qu’est ce que cette présence massive des femmes peut apporter à la richesse des débats. Seront-elles à la hauteur des missions assignées à leur mandat, malgré les sessions et autres séminaires de formations. Toujours est-il que cette loi sur la parité est une première au monde, le Sénégal est le seul pays à l’avoir adoptée. Quel bénéfice peut-on en attendre ? Rendez- vous à l’heure du bilan.
SUDONLINE.SN





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