ANALYSE: L’Afrique peut espérer de François Hollande une ‘’voie différente’’ (Ousmane Tanor Dieng)

L’Afrique peut attendre du socialiste François Hollande, vainqueur de la dernière présidentielle française ‘’une voie différente’’ consistant à mettre les préoccupations du continent dans l’agenda international, a soutenu le Sénégalais Ousmane Tanor Dieng, président du comité Afrique de l’Internationale socialiste.

‘’Non seulement l’Afrique, mais le monde attend beaucoup de’’ François Hollande, vainqueur dimanche dernier du second tour de la présidentielle avec 51,62% des suffrages contre 48,38% pour Nicolas Sarkozy, président sortant, a-t-il déclaré, dans un entretien publié dans l’édition de vendredi du quotidien privé sénégalais Walfadjri.

‘’Nous avons des préoccupations spécifiques. Ensuite, il faut savoir que l’Afrique est l’avenir du monde. Les perspectives de croissance, c’est à partir de l’Afrique qu’on peut les identifier et les utiliser’’, a dit M. Dieng, secrétaire général du Parti socialiste (PS) sénégalais et vice-président de l’Internationale socialiste.

‘’Malgré le pillage, il y a beaucoup de possibilités, du point de vue minier, hydraulique, des infrastructures, de la foresterie. Dans tous les domaines, il y a des possibilités de développement. C’est cela qu’il faut mettre dans l’agenda international. C’est cela qu’on attend de François Hollande’’, a-t-il ajouté.

‘’Il est vrai que les problèmes de l’Afrique, ce sont les Africains qui doivent les résoudre. Cela est évident. Les dirigeants doivent travailler à l’intégration, avoir une vision, définir ensemble un cap et lutter ensemble pour que ça soit pris en compte dans l’agenda mondial. De ce point de vue, François Hollande a un rôle à jouer’’, a insisté le responsable des socialistes sénégalais.

‘’Quelque chose est attendu de lui, a-t-il encore dit. Non pas qu’il vienne régler nos problèmes. Cela est exclu. Mais qu’il soit un partenaire fiable, un partenaire adossé à un engagement d’un parti comme le nôtre, c’est-à-dire la social-démocratie’’.

‘’Son tempérament, sa personnalité doit aider à ça. Lui, ce n’est pas un homme de confrontation, mais un homme de consensus, de synthèse, qui a une grande capacité d’écoute. Cela est important’’, a-t-il fait valoir.

Selon lui, Hollande a déjà ‘’commencé à prendre des postures gaulliennes, c’est-à-dire que ce n’est pas parce que les Etats-Unis le veulent, le monde anglo-saxon le veut, qu’il faut le faire’’. ‘’Au niveau des pays du Sud, a-t-il poursuivi, je crois qu’il est important que leurs préoccupations, notamment celles des pays africains, figurent au cœur de l’agenda international’’.

‘’François Hollande a montré nos valeurs qui fondent notre engagement pour le socialisme et la démocratie, sur l’égalité, sur la liberté, sur la justice surtout. C’est essentiel qu’une voie comme celle-là puisse venir casser cette triste symphonie qui existe entre les partis conservateurs européens’’.

Le président du comité Afrique de l’Internationale socialiste a rappelé que, ‘’dans quasiment toute l’Europe, ce sont des partis conservateurs qui sont au pouvoir et qui ont une vision et une gestion du néolibéralisme sauvage’’.
APS